A VOIR : LA POSSONNIERE- ÉPIRÉ - LA ROCHE-AUX-MOINES - BÉHUARD -LOMBARDIERESDIAPORAMA
Maurille (Maurilius en latin), né vers 363 à Milan et mort en 453 à Angers, est le quatrième évêque d'Angers, considéré saint par les Églises catholique et orthodoxe. Maurille est fêté le 13 septembre.
Il est le saint patron des pêcheurs et des jardiniers. Dans l'iconographie catholique romane, il est représenté comme un évêque avec un poisson et tenant une clef ou une bêche.
Les églises de Chalonnes-sur-Loire, Chérancé, Saint-Morillon, Souvigné-sur-Sarthe et Saint-Moreil honorent son nom.
Les trois sources hagiographiques pour les premiers saints sont des ouvrages monumentaux de Jean Croiset (1656-1738), en français et d'Alban Butler (1710-1773), en anglais, mais traduit en français par Jean-François Godescard (1728-1800) et l’œuvre de la Société des Bollandistes.
Le « Butler » a été continuellement augmenté et mis à jour avec des découvertes historiques. La comparaison du texte originel, pages 164-165, avec le texte publié en 2015 est édifiante. La seule authentique Vie de Saint Maurille a été écrite par Mainbeuf d'Angers, l'un de ses successeurs, vers 620.
D'autres récits, plus tardifs, sont très sujets à caution. L'un d'eux, écrit vers 905 par un certain Archanaldus (qui prétendait que le livre avait été écrit par Venance Fortunat et corrigé par Grégoire de Tours) est la source de l'invention du saint légendaire Saint René d'Angers et de l'iconographie utilisée pour représenter saint Maurille.
La supercherie a été découverte seulement en 1649.
Maurille naquit au sein de la famille d'un patricien milanais, riche et croyant. Ses parents le mirent tôt sous la houlette du futur Saint Martin qui, venant de Pannonie (Hongrie), avait décidé de se retirer dans un ermitage avant de l'ouvrir à des jeunes gens.
Mais Martin subit l'hostilité de certains Ariens et se vit contraint de quitter la ville, abandonnant-là sa première tentative de vie monastique. Saint Ambroise prit alors Maurille comme lecteur et l'exerça au chant. Vers l'âge de vingt ans, après la mort de son père, il quitta sa famille et son pays pour rejoindre la ville de Tours où Martin était devenu évêque et se remit sous sa direction.
Suivant les compétences qu'il apprit auprès d'Ambroise, Martin le plaça comme chantre. Puis il accéda à la prêtrise avant d'être envoyé à Angers pour y travailler au salut des âmes. Après une école druidique assez importante, il y avait à Chalonnes-sur-Loire (à l'époque Calonna) un temple romain où était célébré le culte païen. Maurille s'y rendit et pria Dieu de l'aider à le défaire.
Le feu vint alors du ciel et réduisit le temple en cendre. À la place, Maurille décida la construction d'une chapelle (aujourd'hui l'église Notre-Dame) autour de laquelle vinrent se regrouper les quelques chrétiens. Maurille resta là une vingtaine d’années pour consolider la communion des fidèles et pour venir en aide aux divers besoins de la population.
C'est ainsi qu'il se mit à faire des miracles :
En voici un dont les détails rappellent de bien près celui de la résurrection du fils de la veuve de Naim dans l'Évangile.
C'est au bourg de Savennières, dans son diocèse, que le puissant Thaumaturge accomplit le plus étonnant de tous ses miracles :
Un noble étranger, de passage au bourg de Savennières dans le diocèse de Saint Maurille, venait d'y succomber, victime de la peste.
Étendu dans son cercueil, le corps allait être transporté au lieu de son repos. Des pleureurs à gages (trait qui semble emprunté aux moeurs d'Orient) avaient entonné leurs cris plaintifs, lorsque Maurille, se sentant inspiré de prier pour cet homme, s'approche du cercueil et entre en oraison. Bientôt, le cadavre reprend doucement vie et vigueur ; il se soulève et est rendu à sa famille.
Longtemps, le souvenir de ce prodige resta gravé dans la mémoire des générations angevines. Le 13 septembre, vers l'an 426, le grand apôtre, âgé de quatre-vingt-dix ans, rendit son âme à son Créateur.
Sa dépouille mortelle fut déposée dans une crypte qu'il s'était préparée de son vivant, à l'ombre des murs de Saint-Pierre d'Angers.
Source : Le sanctuaire du 4 juillet 1926 no 221
Après avoir passé une nuit en prière, il guérit un habitant de la Possonnière qui était perclus des deux mains. On lui amena aussi une femme aveugle qui était enchaînée et garrottée parce qu’elle était possédée par un démon responsable de son infirmité. Il la regarda d’un œil et son regard était si fort que le démon fut contraint de sortir de la femme. Il fit le signe de la croix sur ses yeux et lui rendit la vue. Par ses prières, il obtint un enfant pour une femme d’Angers, qui était stérile et déjà d’un grand âge. Il y avait encore, près de Chalonnes, un temple nommé Prisciacus, dans lequel on rendait des cultes abominables. Il s’y rendit pour le détruire.
Les démons lui dirent : « Pourquoi, Maurille, nous persécutez-vous avec tant de rigueur ?» Nous ne saurons plus nous cacher dans ce pays. Vous nous cherchez partout et vous nous forcez à nous enfuir. Maurille les chassa et, après avoir fait un monceau de toutes les idoles, il y mit le feu. Sur les ruines, il bâtit le monastère de Saint-Pierre de Chalonnes. Un jour, il rencontra une troupe d’esclaves guidés par des marchands qui les emmenaient en Espagne où ils pourraient facilement les vendre. Un esclave se sauva du groupe et vint se jeter au pied de Maurille, le suppliant de le délivrer. Maurille négocia avec le marchand qui resta inflexible. Maurille fit alors une prière et le marchand fut saisi de fièvre et mourut dans l’instant. Tous les autres captifs, croyant qu’ils subiraient un châtiment pour ce qui s’était passé, supplièrent Maurille d’obtenir la grâce pour le marchand. Maurille se prosterna alors et ne se releva qu’au moment où le marchand ressuscita. Celui-ci libéra alors les esclaves et fit de grands dons à Maurille. L’évêque d’Angers était mort en 423. On alla chercher Maurille pour le remplacer. En entrant dans l’Église, une colombe arriva et se posa sur sa tête. Saint Martin lui imposa alors les mains et le consacra évêque d'Angers.
Maurille reste évêque pendant trente ans . Il est enterré dans l'église Notre-Dame d'Angers qu'il a fondée, qui devint plus tard la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Sous la prélature de l'évêque Neffingue (966-973), lors de la translation des reliques de Saint Maurille dans une nouvelle châsse, de nouveaux miracles sont rapportés.
On trouve quelques précisions sur ces miracles dans les archives de la Société des Bollandistes. La concomitance de ces miracles tardifs et la publication de la légende de saint René est à noter.
L’enfant, que Maurille avait réussi à obtenir à une femme, tomba malade gravement. Comme sa mère craignait qu’il ne mourût avant d’avoir obtenu le sacrement de confirmation, elle l’apporta d'urgence à l’église de Maurille. Mais comme celui-ci disait la messe, il ne put être interrompu et l’enfant mourut pendant ce temps-là. Quand il apprit cela, Maurille résolut d’expier cette faute le temps nécessaire.
Comme il ne lui était pas facile de le faire sur place, il décida de partir pour l’Angleterre afin d’y pratiquer les austérités nécessaires. Il sortit en cachette d’Angers et se rendit à un port de pêche pour y prendre un bateau. Pendant qu’il attendait, il marqua son nom, sa qualité et la date de son passage sur une pierre. Arrivé en pleine mer, il s’aperçut qu’il avait emmené avec lui les clefs des reliques de son église. Comme il les tenait dans ses mains en se demandant pourquoi il les avait emportées, le démon le troubla et les clefs tombèrent dans l’eau. Il fondit alors en larmes et se jura de ne jamais rentrer à Angers sans avoir retrouvé les clefs. En Angleterre, il s’habilla pauvrement et se loua comme jardinier à un seigneur.
Au même moment, les Angevins étaient attristés de ne plus voir leur évêque et surtout de ne pas savoir où il était passé. Plusieurs dirent que s’ils ne le retrouvaient pas, Angers serait affligée de grands malheurs. Ils choisirent donc quatre d’entre eux pour partir à sa recherche. Ils parcourent l’Europe occidentale pendant sept ans sans rien trouver. Il ne restait plus que l’Angleterre à fouiller. Comme ils attendaient un bateau, ils s’étaient assis sur la pierre marquée et virent l’inscription laissée par Maurille.
Ils s’embarquèrent donc avec joie. Arrivés en pleine mer, un gros poisson s’élança et vint tomber dans leur navire. Cela les étonna, mais ils furent encore plus surpris lorsqu’ils eurent ouvert le ventre du poisson, d’y trouver les clefs des reliques d’Angers. Ils pensèrent alors que Maurille avait aussi été englouti par un poisson. Mais la nuit suivante ils eurent un songe qui leur ordonnait de poursuivre leur route. L'ensemble des fidèles, dont la douleur était inconsolable, le firent si bien rechercher, qu'on découvrit sa retraite ; mais il refusa de revenir au milieu de son troupeau, disant : « Je ne puis ; car ayant perdu sur mer les clefs des reliques de ma cathédrale, que j'avais emportées par mégarde, j'ai fait serment de ne plus paraître à Angers avant de les avoir retrouvées ». « Les voici, lui dirent les envoyés ; pendant notre traversée, un poisson fut jeté sur le pont du navire par la vague, et dans son ventre on a trouvé ces clefs ». Maurille obéit à la Volonté du ciel.
À son retour, il se fit conduire au tombeau de l'enfant, et, les yeux baignés de larmes, il demanda à Dieu de lui rendre la vie. Le petit ressuscité reçut, à cause de cette seconde naissance, le nom de René, et fut le successeur légendaire de Maurille sur le siège d'Angers devenant Saint René d'Angers
Le successeur réel de Maurille a été Thalasse (453-462) dont le nom évoque la mer (du grec thalassa), et les clefs et le poisson sont devenus les signes iconographiques de saint Maurille.
Source :Wikipédia
Dans les fouilles archéologiques préventives de la place du Ralliement à Angers, les sarcophages découverts se trouvaient sans doute celui de saint Maurille. Décidément, le Saint aura toujours suscité le merveilleux et les légendes, même à la télévision en 2008 .
On est généralement surpris de découvrir Savennières, car on aborde le village sans l'avoir aperçu. Le bourg est blotti entre deux "coulées" de verdure qui l'enserrent dans les hautes masses des parcs de Varennes, de Vaux, de la Guerche et du Fresne.
Village, église, clocher sont en effet les trois éléments d'un même ensemble, indissociables les uns des autres. Ils forment un tout bien équilibré, bien conservé, représentatif du modèle de beaucoup d'autres villages d'Anjou. L'église, c'est le monument, le temple, l'endroit consacré où l'on est présenté à la société villageoise tout entière en même temps qu'à Dieu lors des grands moments de la vie ; à la naissance pour le baptême, plus tard pour la profession de foi, au mariage, à la mort pour un dernier adieu.
C'est le lieu de rassemblement dominical pour écouter la bonne parole et partager le pain et le vin. On y vient pour s'isoler dans le recueillement et la prière, on y vient pour participer aux joies et aux peines collectives. Le clocher c'est, dans l'espace comme dans le temps, le point de repère grâce auquel on peut s'orienter. C'est lui qui protège le village non seulement de la foudre grâce à son paratonnerre, mais aussi, symboliquement, par sa puissance sécurisante qui rassure tous ceux qui vivent à son ombre.
C'est aussi le signal de ses cloches qui rythmait l'emploi du temps journalier. C'est lui enfin qui élève nos regards et nos pensées pour nous faire prendre conscience, à chaque instant, du sens de notre vie terrestre et de la vie éternelle, c'est le doigt de Dieu qui montre le Ciel.
La vie quotidienne du village plonge ainsi dans l'histoire ; elle prend un sens différent, une dimension cosmique. Le passé est présent partout, aujourd'hui comme hier. La vie renaît sans fin avec les jours et les saisons. Tout évolue sereinement vers l'éternité qui baigne l'art roman et en est la mesure.
Tous, aujourd'hui, croyants ou non, ressentent ici une grande paix grâce à l'architecture qui s'exprime en symboles plus parlants que bien des discours. Une question demeure pourtant : qui a construit ici, près d'un bras de notre belle Loire, ce beau témoignage d'équilibre et de foi ?
En 51 avant l'ère chrétienne, les Romains envahirent le pays sans rencontrer de grande résistance. Ils développèrent l'agriculture à partir de "villae" où vivaient des colons.
Grâce à leur technique, la vigne, plus régulièrement cultivée, devint un élément de richesse qui permit une vie paisible durant quatre siècles. Cette prospérité fit des envieux et les envahisseurs, Bretons et Normands, vinrent maintes fois ravager le pays. La nouvelle religion du Christ, prêchée par les disciples de Saint Martin, Saint Maur, Saint Maurille et Saint Florent, connut un vif succès.
C'est Saint Maurille qui, à partir de son ermitage de Chalonnes, vint évangéliser le village et créer la première communauté chrétienne.
Le Haut Moyen Àge L'empire romain s'effondra vers 350 après J.-C. ; une longue période de troubles et de rivalités s'ensuivit.
Charlemagne vint plusieurs fois en Anjou et passa devant Savennières, pour se rendre à Saint-Florent et au Marillais.
Son neveu Roland devint comte d'Anjou, en 778, mais n'exerça guère ses fonctions.
Savennières resta, entre 840 et 912, partie du comté de Nantes.
Lambert, comte de Nantes et d'Anjou pour le côté ouest de la Mayenne, voulut chasser les Bretons ; il trouva la mort, en 852, tué par le comte du Maine, Gaubert, dans un combat terrible. Il fut enterré, sur place, dans un "édifice religieux ravagé", servant vraisemblablement de première église au village.
L'empire romain s'effondra vers 350 après J.-C. ; une longue période de troubles et de rivalités s'ensuivit.
Charlemagne vint plusieurs fois en Anjou et passa devant Savennières, pour se rendre à Saint-Florent et au Marillais. Son neveu Roland devint comte d'Anjou, en 778, mais n'exerça guère ses fonctions. Savennières resta, entre 840 et 912, partie du comté de Nantes. Lambert, comte de Nantes et d'Anjou pour le côté ouest de la Mayenne, voulut chasser les Bretons ; il trouva la mort, en 852, tué par le comte du Maine, Gaubert, dans un combat terrible. Il fut enterré, sur place, dans un "édifice religieux ravagé", servant vraisemblablement de première église au village.
Les invasions terminées, le pays fertilisé par la Loire, l'économie est dynamisée par un port et encouragée, non seulement par les puissantes abbayes angevines, mais aussi par les comtes ingelgériens et même les rois francs qui manifestent une sollicitude particulière pour l'Anjou, face à la Bretagne.
On entreprend donc la construction de l'église de Savennières, selon des techniques nouvelles. Elle est datée des environs de l'an Mil par Jacques Mallet et Daniel Prigent. Mais cela ne concerne que les murs sud et ouest avec leur appareillage en brique et blocage.
Cette datation constitue un terminus ante quem, mais non pas une date définitive. On peut conclure : de l'existence d'un édifice relativement considérable, également que la communauté chrétienne de Savennières était importante. La taille de son territoire plaide dans le sens d'une création carolingienne.
Les limites ne sont pas alors définies et c'est l'attraction naturelle ainsi que l'absence d'autres églises dans le voisinage qui déterminent la taille de ce qui devient une paroisse.
Le patronyme de l'église, qui en principe ne change pas, était représentatif des mentalités d'une époque. Celui de "Pierre" est souvent carolingien, en relation avec l'affirmation de la primauté du siège de Rome. Elle sera dédiée à Saint Pierre.
L'Eglise a été la propriété de laïcs :
Roger Bardoul de Champtocé et Durand Brunel de Montjean, jusque vers 1056-1082 .
À cette date, elle est acquise (don ?) par l'abbaye Saint-Serge d'Angers. Le texte ajoute qu'ils acquièrent aussi le droit de sépulture, donc le cimetière, et une autre église (saint Jean-le-Baptiste et saint Romain, probable ancien baptistère séparé).
L'ensemble "église, cimetière" forme une enceinte sacrée, déplacée vers l'est, dont le cadastre ancien montre une forme presque quadrangulaire au niveau de l'église et du square de l'actuelle entrée du village. À la Possonnière, il est bien spécifié que l'église est une chapelle, donc ne jouit pas du rôle paroissial, et est un simple supplément de proximité.
Selon sa disposition, il faut penser que c'est l'ancienne chapelle castrale, proche de la motte seigneuriale, qui a été ainsi transformée. Le village était alors bâti en bois et torchis. Il était probablement protégé par une enceinte et une "motte", un château, auquel était attaché un fief relevant directement d'Angers.
Les seigneurs se disaient fondateurs de la paroisse et Macé de Savennières porta, au XIIe siècle, "de gueule à croix pattée d'or" en honneur de sa vaillance au cours d'une croisade. Un mariage, avec l'héritière de la baronnie de Chemillé, permit de réunir les deux Guerches, de Savennières et de Saint-Aubin-de-Luigné, qui restèrent, de chaque côté de la Loire, dans la même famille jusqu'au XIVe siècle (les guerches étaient des places fortes disposées tout au long des Marches de Bretagne). Les moines de Saint-Nicolas d'Angers s'installent, vers 1130, à La Roche-aux-Moines.
En 1159, la grande abbaye bénédictine d'Angers, Saint-Serge, reçut une concession territoriale à Savennières et y établit deux prieurés : l'un à Savennières même, vers l'église et le château, qu'elle dédia à Saint Romain, disciple de Saint Maur, l'autre dédié à Saint Jacques, dans le village de La Possonnière qui dépendra, jusqu'après la Révolution, de la paroisse de Savennières.
Les moines desservirent l'église paroissiale, à laquelle ils ajoutèrent le nom de leur Saint Patron.
Elle fut donc, dès lors, dédiée à Saint Pierre et Saint Romain.
L'arrivée des moines à Savennières coïncide avec celle des Plantagenêt à la tête de l'Anjou. En 1151, Henri II, successeur de Geoffroy le Bel, dit "Plantagenêt" parce qu'il avait coutume de mettre une fleur de genêt à son chapeau, épouse Eléonore d'Aquitaine, ce qui permet à l'empire anglo-angevin de s'étendre de l'Écosse à l'Espagne.
Avec les Plantagenêt, l'Anjou connaît alors une grande période de gloire et de richesses.
La population augmente à Savennières.
On agrandit l'église d'un transept, d'une abside et d'un clocher.
Au XVIIe siècle, la vigne prend une place dominante dans l'économie locale, le pays connaît la tranquillité.
On ajoute un auvent en charpente, dit "ballet", à la façade sud de l'église, pour protéger le portail.
Il sera reconstruit en 1746, en même temps qu'un second, devant le portail occidental.
Ce dernier servira d'abri pour les foires et marchés qui se tiendront désormais devant l'église, à la place du cimetière transféré hors les murs, place du Mail.
À la veille de la Révolution, l'extension importante du vignoble fragilise l'économie locale. Les cours, fixés par les négociants hollandais, s'effondrent, les vins d'Anjou étant trop concurrencés désormais par ceux de Bordeaux, du Portugal ou d'Andalousie.
La population augmente, mais aussi le nombre des pauvres. Les idées nouvelles freinent les pratiques religieuses.
Le prieuré Saint-Romain est fermé, faute de moines. L'évêque accepte la démolition du monastère, à condition de marquer l'emplacement par une petite chapelle, remplacée elle-même par le petit oratoire de Saint-Romain que nous voyons encore aujourd'hui.
Le curé de Savennières, comme beaucoup de desservants des villages voisins, épouse les idées révolutionnaires et devient syndic de la Commune nouvelle.
L'église, fermée dès les premières journées révolutionnaires, est réouverte en 1799, mais ne sera rendue au culte qu'après le Concordat de 1802
Si les monuments carolingiens sont en très petit nombre en France, les monuments mérovingiens sont tellement rares qu'on n'en a encore signalé que cinq ou six d'une authenticité certaine. Aussi en est-on réduit, lorsqu'on veut esquisser l'histoire de la période architecturale à laquelle ils appartiennent, à s'aider surtout des descriptions nombreuses, mais peu instructives, des chroniqueurs et des renseignements que fournissent les basiliques d'Italie,dont l'âge, presque toujours problématique, et le style étranger ne donnent en résultat qu'une somme assez mince de notions exactes.
Pour les esprits sincèrement désireux de faire avancer la science, cette absence presque complète de monuments est sans doute faite pour affliger, mais elle ne doit pas être un motif de découragement. Nous le croyons au moins, parce que nous sommes convaincus que lorsque les principes archéologiques seront plus généralement répandus, de nouvelles découvertes viendront combler la plupart des lacunes devant lesquelles on est forcé de s'arrêter aujourd'hui.
L'église de Savennières passe pour avoir été construite sous la Première race ; c'est un type qui dessine très nettement une des faces de l'art à cette époque. Elle constitue en effet un spécimen très curieux de l'architecture polychrome, qui parait avoir été commune alors, et s'être déployée avec magnificence dans les basiliques au moyen des marbres et des mosaïques de verre.
L'église de Savennières est de plus un type, malheureusement fort incomplet, d'église de campagne, de ces temps où le christianisme commençait à peine à être général. Elle répond d'ailleurs parfaitement à cette idée. C'est un édifice très simple, rustique plutôt que somptueux, et tel qu'on peut s'imaginer qu'il a été élevé par des ouvriers d'une capacité médiocre , inférieure certainement à celle des constructeurs du baptistère de Poitiers et des cryptes de Jouarre ; car il est évidemment plus aisé de monter un mur en maçonnerie irrégulière que d'appareiller avec quelque symétrie une façade, et il est plus facile de disposer des chaines de briques, que de sculpter des chapiteaux ou des moulures.
Or tout porte à croire que dans l'église de Savennières, il n'y a jamais eu d'ornementation sculptée. La pénurie de documents que nous signalions, à propos de l'église de Saint-Martin d'Angers, est encore plus grande pour l'église de Savennières, car on ignore absolument la date de sa fondation, et aucun des détails de son histoire primitive ne nous est parvenu.
On sait seulement que le bourg de Savennières est fort ancien ; on y a trouvé de nombreux et antiques cercueils de pierre, qui ont fait penser qu'il avait existé jadis un grand cimetière sur son territoire. On ne peut donc se prononcer sur l'âge du monument que par induction.
Nous croyons, suivant l'opinion générale, qu'on peut en reporter la construction du VIe au VIIeI siècle.
Mais la façade et une portion du mur latéral de droite appartiennent à cette époque ; la porte latérale est romane et contemporaine du chœur, sinon un peu antérieure ; le choeur est certainement du XIIe siècle; le collatéral gauche est du XVe, et la porte principale seulement du XVIe.
La façade, dégagée de ses additions modernes, a environ 10 m 50 de hauteur sur 9 m 5 de largeur. Le pignon, obtus comme ceux de toutes les constructions élevées sous l'influence des traditions romaines, formait un angle d'environ 112 degrés ; la nécessité d'offrir aux eaux pluviales des plans inclinés qui leur permettent de s'écouler aisément, l'a fait considérablement exhausser dans la suite, ce qui a eu lieu par un travail que l'œil le moins exercé distingue sur-le-champ. L'appareil ancien est fort remarquable : il se compose de petites pierres de formes irrégulières et de dimensions différentes, réunies par des couches plus ou moins épaisses de mortier. Ces pierres sont des morceaux de silex, de marbre noir et d'une sorte de granit des environs, qui donnent un aspect très-sombre au monument et font ressortir les chaines de briques d'un rouge assez vif, qui, disposées en épi ou à plat, divisent la façade en zones de diverses hauteurs. Vers le sommet de l'ancien galbe, on remarque un triangle, emblème de la trinité, fait aussi avec des briques, et qui indique sans doute la destination chrétienne de l'édifice.
Deux fenêtres sont placées à peu près à la moitié de la hauteur totale de l'élévation ; elles sont ornées d'une archivolte formée de briques et de claveaux en tuffeau blanc ingénieusement combinés. Sur le mur latéral, deux fenêtres exactement semblables à celles de la façade, et dont l'une est beaucoup mieux conservée, existent encore ; il est probable qu'elles sont le reste d'une rangée qui se prolongeait jusqu'à l'apside et se trouvait reproduite sur l'autre mur latéral. Les dimensions de ces trois fenêtres sont les mêmes : elles ont 1m10 de hauteur et 0 m 59 de largeur à l'extérieur ; à l'intérieur, elles sont fortement ébrasées, et leur arc est en fer à cheval. Cette forme ne peut être que le résultat d'un remaniement ; Mais il n'est pas aisé de constater ce qui l'a motivé. La porte ancienne, nous n'en doutons pas, devait offrir une grande ressemblance avec celle de Saint-Martin d'Angers. La porte actuelle est bizarre et rappelle involontairement l'architecture mauresque.
Elle forme avant-corps, et offre une baie dont les pieds-droits sont garnis de colonnettes élevées sur un soubassement, et dont l'arc, en forme de segment de cercle, est décoré d'une archivolte qui continue les moulures formant le fût des colonnettes. Au-dessus est un arc en talon, dont les moulures, en se prolongeant, deviennent l'encadrement de deux niches latérales.
Au sommet de l'avant corps est un larmier.
Toute cette construction, élevée sur des fondations en ardoises, est bâtie en tuffeau, pierre dont la friabilité ne permet pas qu'on la taille avec finesse : aussi les profils de la porte sont-ils singulièrement lourds. On observe au-dessous des fenêtres les traces d'une litre recouverte maintenant d'un grossier crépissage.
Les armoiries de la famille de Serran, à qui la tradition attribue la fondation du collatéral gauche, étaient peut-être représentées.
L'église est sous l'invocation de saint Pierre et de saint Paul ; l'orientation en est à peu près régulière, et conséquemment l’édifice n'est pas tourné du midi au nord , comme on l'a dit.
Source :Monuments anciens et modernes par Gaihabaud
On a beaucoup discuté sur la date de construction de cette très vieille église, classée Monument historique en 1840. Elle est considérée comme l'édifice chrétien, encore debout, le plus ancien de l'Anjou, mais aucun texte ne la mentionne avant le Cartulaire du Ronceray (1040-1050).
Sa datation a fait l'objet d'études très nombreuses et très poussées, depuis plus d'un siècle, notamment de la part de Messieurs J.F. Bodin, Godard-Fautrier, de Cougny, Célestin Port, le chanoine Urseau, Jean Martin-Demézil, Marcel Deyres et du professeur Jacques Mallet.
On lui consacra même une partie du Congrès archéologique de 1964, car elle est une des plus intéressantes de France.
Les maçonneries, de type gallo-romain, restent parmi les plus anciennes du département.
Ainsi, s'accorde-t-on à faire remonter cette partie de l'actuel bâtiment au milieu du Xe siècle, peut-être même au IXe siècle, c'est-à-dire peu après les derniers raids des Normands.
On peut penser qu'il y avait, là, un sanctuaire plus ancien, bien que rien ne le confirme.
Toute l'histoire de l'église de Savennières se lit aisément sur la façade, qui est celle de l'entrée principale actuelle. Cette façade est caractérisée par un opus romain, dit spicatum, c'est-à-dire selon une disposition particulière des briques, rangées en "arêtes de poisson.
Le pignon, comme la façade sud, est remarquable avec ses larges bandes de briques appareillées et la maçonnerie de moellons irréguliers, cubiques en général. L'appareillage assure un chaînage parfait et permet une épaisseur relativement faible des murs (0,70 m environ), sans contrefort.
L'espacement en hauteur, des rangs de briques, correspond aux nécessités de chaînage de l'ensemble du bâtiment : en pied, au droit des portes d'entrée, sous les fenêtres, en haut du mur latéral et sous les pannes de charpente en pignon.
La nef se reconnaît à l’appareillage particulier de sa maçonnerie faite de petits moellons presque noirs et de briques rouges, hourdées au mortier de chaux blond. La pierre de la "Dressière", dite "pierre carrée" à cause de sa cassure naturelle, se trouve dans les carrières voisines, entre Chalonnes et Ardenay, et se transportait facilement par bateau, sur le Louet, un bras de la Loire.
Les matériaux, noirs et rouges, la font éclater de vives couleurs, comme une mosaïque, par tous les temps. Mais, c'est sous la pluie et au soleil couchant que les couleurs prennent leur plus vif éclat. Ces maçonneries se distinguent nettement des extensions ultérieures du XVe siècle, tant en hauteur que sur le bas-côté gauche et qui sont moins soignées.
Aussi, la surélévation du mur de la nef, au XIIe siècle, se lit-elle aisément sur le pignon, grâce au changement de mise en oeuvre et de couleur des matériaux. La nef était à l'image de la "basilique romaine", avec un toit plat, certainement couvert de tuiles, l'utilisation courante de l'ardoise ne remontant qu'au XIe siècle.
La décoration était très sommaire, jouant, à l'extérieur seulement, de la variété des matériaux. La façade ouest comporte deux fenêtres, la façade sud en comporte également deux légèrement plus petites et un peu plus basses. Les jambages et arcatures de ces deux paires de fenêtres sont constitués de tuffeaux, en alternance avec deux briques superposées.
À l'ouest, la clef de voûte est réalisée par une seule brique sur champ. En façade sud, par contre, on trouve une clef en tuffeau, épaulée de chaque côté d'une brique sur champ, détail que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans les constructions préromanes. Les encadrements de ces fenêtres, comparés à ceux d'autres monuments de même époque, ont permis la datation approximative de la nef antique.
On remarque un motif curieux, tout en haut du pignon. C'est un triangle de briques encadrant de petits losanges à pointes de diamant, ou rhombes. Le motif triangulaire semble d'époque et peut être interprété de plusieurs façons : symbole de la Trinité, fantaisie du restaurateur et surtout clé du tracé régulateur de l'église, basé sur les rapports du triangle équilatéral.
Le portail joue un rôle important dans les églises romanes et gothiques, parce qu'il accueille, abrite et invite les fidèles et les pèlerins. Dans la construction primitive, la seule entrée était vraisemblablement du côté sud, car le cimetière occupait le côté ouest ; il sera transporté, plus tard, au Mail actuel, probablement lors de la construction du ballet du portail ouest.
Ce dernier, en tuffeau, est un élément rajouté au XVe siècle et, donc, de style gothique. Il ne nuit guère à l'ancienne façade, car on sent que l'architecte a cherché à composer avec l'existant ; le respect des proportions s'accorde bien avec l'arc des fenêtres d'origine.
Deux statues polychromes devaient encadrer ce porche et lui donner de la couleur.
Vers le milieu du XVIIIe siècle, on ajouta des abris en charpente aux deux entrées de l'église. Elle prit alors une allure nouvelle, qu'elle conserva jusqu'en 1870 environ. Les portails rapportés avaient été bien conçus pour mettre les portes en retrait, mais pas assez pour les protéger des vents fréquents et de la pluie fouettant de l'ouest et du sud-ouest. De plus, le passage de la place publique, tapageuse et bruyante, à l'intérieur consacré au monde du silence et de la prière, était brutal. Un abri s'imposait donc pour "s'écluser", disait-on, de la pluie et de la neige que les fidèles avaient reçues tout au long des chemins, depuis leurs fermes parfois fort éloignées. En été, les ballets procuraient de l'ombre.
On pouvait y deviser après la messe, assis sur des bancs de pierre qui jalonnaient l'entrée. Ils servaient également d'abri les jours de marché, puisque celui-ci se tenait sur la place de l'église, tout comme les grandes foires du 19 mai et du troisième lundi de septembre. Ces ballets, qui masquaient les portails, avaient de belles charpentes, malgré leur nom de "ballets", terme angevin qui signifie : abri ou auvent couvert de chaume, de brande ou de genêt.
Celui du sud, qui tombait de vétusté en 1746, était probablement couvert de chaume. Deux gravures, relativement récentes, et un texte nous les décrivent : « Dans le mois de juin, ont été posés et couverts deux ballets, à savoir le grand devant la porte du cimetière où il n'y en avait jamais eu, et le petit devant la porte de la grand-rue, où il y en avait un en mauvais état et très vieux qui tomba de vétusté au début de l'année » (ADML, 66, Savennières).
Dans le mois de juin de la présente année 1746 ont été posés, et couverts deux ballets ; savoir le grand, devant la porte du petit cimetière, où il n'y en avait jamais eu, et le petit, devant la porte de la grande rue, où il y en avait un mauvais et très vieux qui tomba de vétusté au commencement de l'année.
Monsieur Germain François POULAIN, de LA GUERCHE, ancien Maire de la ville d'Angers, conseiller au présidial, a demandé à Monsieur l'abbé de VAUBRUN comte de Serrant, le bois nécessaire pour la construction des dits balets. Messire de LA TULLAYE , les paroissiens et moy, avons signé un placet pour demander le dit bois à Mon dit Seigneur abbé de VAUBRUN, lequel remply de charité pour le bien de notre paroisse, et d'ailleurs prevenu d'une estime et consience très marquée pour Mes dits Sieurs De LA GUERCHE et De LA TULLAYE , à gracieusement accordé à leur requête tout le bois qu'il a fallu, non seulement pour la construction et la couverture des deux dits balets, mais encore pour le salaire et le temps des ouvriers qui les ont travaillé. Ils coûtent tous deux 395 tt, comme il est aisé de le voir par les devis et marchés consentis et signés par les trois ouvriers y denommés, lesquels devis et marchés nous avons mis avec les papiers de la fabrique de notre église.
signé :Joseph Halnault, curé de Savennières
Le ballet sud était seulement une charpente couverte, tandis que le ballet ouest, plus tardif, avait une charpente plus importante, voûtée en forme de carène renversée reposant sur les piliers de pierre, couverts d'ardoise. Il y avait, à l'entrée ouest, un puits communal couvert, en cul-de-four, du type très angevin des puits chapelles.
En effet, la toiture du ballet formait un appentis supporté par une console en charpente et surmontée d'une petite lucarne à capucine, rappelant la pointe des fermes-pignons à demi bardées d'ardoises.
Ce puits a été remplacé par une pompe que l'on voit encore.
En période troublée, les églises servaient souvent de refuge et on ne manquait pas de les situer auprès d'un point d'eau. A Cunault, le puits est à l'intérieur de l'église.
Les maçonneries de la façade ouest se continuent ici et comportent les mêmes rangs de briques disposées en arêtes de poisson. Une partie disparaîtra cependant lors des travaux du XIIe siècle et la façade sera alors renforcée par un contrefort extérieur, pour permettre l'agrandissement d'un transept et d'une abside. Le clocher prend place à la droite du transept. Sa base massive est égale, en hauteur, à celle de sa flèche d'ardoise.
Le portail date du milieu du XIIe siècle et constitue un très bel exemple de l'art roman, avec ses deux arcs en plein cintre superposés, ourlés de tores reposant sur des chapiteaux, supportés eux-mêmes par des colonnettes.
Ce sont vraisemblablement les moines du prieuré Saint-Romain qui l'on fait ajouter à la façade préromane.
Il est axé sur la rue descendant au port, aujourd'hui route de Rochefort et ancienne porte de ville.
L'arc roman de ce portail découle directement de l'arc romain en plein cintre. Il ne possède pas d'ornementation chargée, comme on en verra plus tard, à l'époque gothique. La disposition des piliers, en retrait l'un par rapport à l'autre, donne de la profondeur et servait quelque peu de protection contre les intempéries. Les chapiteaux surmontant les colonnettes se retrouvent dans les sculptures de l'ancien palais des Comtes d'Anjou, à Angers.
Elle est soulignée d'une frise richement décorée de motifs géométriques, à croisillons enchâssant des billettes. Cette frise est elle-même supportée par dix modillons sculptés dont la signification a fait l'objet de maintes discussions. Certains y ont vu des signes du Zodiaque, mais cette explication n'est pas convaincante.
D'autres ont vu Noé et les animaux de l'arche. On peut y voir aussi des symboles plus hermétiques : à chaque extrémité la lionne, la gueule ouverte comme recrachant sa langue et ses viscères, matière hermaphrodite et androgyne, en même temps positive et négative, fondement de l'alchimie et le lion, la tête couronnée, la gueule fermée.
Au milieu, un sage, père des métaux qui lui doivent leur origine à partir des minerais rocheux. Sa barbe, divisée en deux mèches, exprime les deux courants contraires se réunissant en lui. À gauche se tient une grenouille dressée, animal lunaire, symbole de la création spontanée dans les eaux primitives et de la résurrection (on peut tout aussi bien y voir le crapaud, animal royal, qui figurait sur l'étendard de Clovis).
À droite du sage, deux personnages dans des attitudes opposées : l'un sur les mains, avec les pieds renversés sur la tête dans une attitude précaire et inconfortable, l'autre se redressant verticalement, la main sur la bouche comme pour garder un secret. Un autre, le visage rond, semble rongé par un feu intérieur.
Plus loin, un dragon ailé à queue enroulée symbolise la matière primitive dans laquelle les quatre éléments sont enfermés. C'est le Dragon noir de l'alchimie. Le suivant représente deux ours affrontés dressés sur leurs postérieurs, le premier renverse la tête en arrière comme pour ne pas voir, tandis que le second lève la sienne en l'air.
À gauche de la grenouille, un personnage représenté en entier et peu facile à déchiffrer parce qu'il est assez abîmé et ressemblant à un tireur d'épines et ensuite une salamandre, animal des eaux primitives profondes et symbole du feu qui change la matière.
A droite du porche, le mur antique a été percé d'une baie géminée inondant la nef de lumière. Elle est surmontée d'une tête grimaçante d'où s'échappent de chaque côté deux moulures, étendant son rayonnement. Les rides lui donnent une forme triangulaire et son rictus exprime le feu interne qui la ronge.
Ne serait-ce pas là un Baphomet, emblème total des traditions secrètes ? Baphomet est le nom donné par certains occultistes du XIXe siècle à l'idole mystérieuse que les chevaliers de l'ordre du Temple furent accusés de vénérer.
Le plus souvent représentée par la tête d'un homme barbu, l'idole était vénérée, mais également crainte pour sa laideur.
Puissante tour carrée de 6 x 6 m et de 16 m de hauteur, le clocher est surmonté d'une flèche d'ardoise particulièrement fine et élancée, portant au faîtage une croix et un coq à plus de 33 m au-dessus du sol. Il occupe, en plan, le bras droit du transept.
En démolissant, dans sa partie orientale, le mur sud de la nef préromane, on monta un gros contrefort et l’on reprit le mur en liaison avec le clocher carré qui vient s’insérer au sud de l’édifice.
La maçonnerie consiste en un moellonage de schistes plats irréguliers, mêlés de briques et de moellons de moyen appareil constituant des chaînages irréguliers.
L’angle de pénétration dans la partie sud-est de la nef présente un retrait qui monte jusqu’au sommet de la face ouest du clocher. L’appareil des angles, muni de contreforts dans les parties extérieures à l’église, est analogue aux chaînages : moyen appareil en pierre dure, assez régulier, à joints épais. Le rez-de-chaussée devait être éclairé d’une fenêtre à l’ouest et d’une autre au sud. Cette dernière subsiste, habillée vers l’extérieur d’un fenestrage tréfié beaucoup plus récent, c’est en fait une grande fenêtre en plein cintre, appareillée de claveaux étroits à gros joints, dont l’arc est fourré.
Les fenêtres hautes du clocher sont jumelées sur chaque face. Chaque arc est constitué seulement de deux pièces et légèrement chanfreiné vers l’intérieur. Les deux arcs retombent sur un même jambage central, de cinq assises, l’assise supérieure plate, pouvant être un remploi de sarcophage. Les jambages extérieurs comportent un élément faisant les deux tiers de la hauteur entre deux autres plus courts. Les appuis sont constitués par une seule pierre d’appareil, se retournant vers le haut à ses deux extrémités pour soutenir les jambages.
Enfin, le rez-de-chaussée de la tour se prolonge vers l’est par un avant-corps rectangulaire de même largeur, de même appareil, actuellement couvert d’un toit en bâtière et contenant une absidiole en cul-de-four.
Cette absidiole est éclairée au Sud par une petite fenêtre tardive.
À l’angle intérieur du clocher en direction de l’abside part, en biais, une amorce de couloir muré dont on a pensé, peut-être sans motif suffisant, qu’il pouvait conduire une crypte.
Il serait intéressant de mieux dégager la peinture murale, actuellement peu lisible, qui occupe la partie voisine du mur. S’agirait-il, selon une tradition locale et fantaisiste, mais ancienne, de saint Maurille ressuscitant saint René, fils du seigneur de la Possonnière ?
L’angle Nord-Ouest du clocher contient un escalier en bois.
L’ouverture du clocher sur le chœur ayant été modifiée ultérieurement, il est assez difficile de discerner les dispositions d’origine. Du moins, semble-t-il très vraisemblable que, vers la fin du XIe siècle, l’église de Savennières ait été agrandie d’un transept, dont le bras sud aurait porté le clocher qui subsiste.Les fenêtres hautes du clocher sont jumelées. Elles possèdent un simple et large chanfrein extérieur, qui diffuse largement le son des cloches.
Le clocher est en effet une sorte d'instrument de musique, composé d'une chambre sonore montée sur un robuste piédestal ; c'est pourquoi, celui-ci est renforcé de contreforts.
Source : Société Française d’archéologique, 1964, Anjou
Elles ne peuvent être posées directement sur les maçonneries, car elles leur transmettraient des vibrations dangereuses.
Elles sont donc montées sur un ouvrage en charpente, appelé beffroi, qui forme une cage carrée fortement entretoisée.
Le 7 août 1650, bénédiction de la grosse cloche par le curé René Ledoux en présence du vicaire Vitour. (Archives paroissiales).
Un beffroi est une tour à usage séculier, en Europe, le plus souvent communale, hébergeant originellement des cloches, mais ensuite aussi des carillons, des horloges ou même un phare aéronautique. Les beffrois peuvent être indépendants ou adjoints à un bâtiment public, tel un hôtel de ville. Au Moyen Âge, les beffrois symbolisent les libertés communales concédées par un suzerain qui peut les faire détruire en cas de punition. Rythmant la vie civile, ou servant à alerter la population, les beffrois ont ensuite continué à contribuer au rayonnement politique ou commercial des villes.
La partie haute du beffroi est largement ouverte, pour que le son puisse s'échapper sans que les intempéries endommagent les bois du beffroi. Il faut des poutres maîtresses pour suspendre les cloches.
La flèche forme caisse de résonance et abat-son : plus les cloches sont haut placées, plus le son porte loin. Les cloches sont les voix de l'église, les voix de nos joies et de nos peines. À Savennières, elles sont quatre : la plus grosse, Sophie-Gustave, pèse 673 kilogrammes ; la seconde, Louise, ne pèse que 323 kilogrammes.
Elles ont été baptisées, respectivement, en 1846 et 1877. Leurs parrains et marraines furent Gustave de Jourdan et Sophie Fourmont, veuve de l'ancien maire Leglou, pour la première, et Charles de La Guesnerie et Juliette Mauzé, épouse de Gaston Duboys d'Angers, pour la seconde. Les deux petites cloches sont Marie, parrainée par le baron Brincard et Madeleine de la Guesnerie, en 1846, et Madeleine-Emile, parrainée par Ernest Duboys et Louise Fourmont, en 1877.
Elles remplacèrent, à cette date, les anciennes, fondues pendant la Révolution, qui dataient de 1734 et 1743, époque des grands travaux d'embellissement, évoquée précédemment.
Elles furent électrifiées en 1969.
L'horloge, construite par un moine de la Rossignolerie (aujourd'hui Lycée David d'Angers), a été électrifiée en 1936. Son balancier en bois, de 9 mètres, à oscillations de trois secondes, a été conservé.
Le chevet partie externe de l'abside date du XIIe siècle et demeure l'une des plus belles parties de l'édifice. Il faut le voir, le matin au soleil levant, émergeant des brumes de la nuit, ou même le soir, sous les feux des projecteurs. Il est orné de deux colonnes engagées, à chapiteaux sculptés, l'un de grosses palmettes tombantes et l'autre de feuilles rondes dressées. Ces chapiteaux, refaits au siècle dernier, sont surmontés d'une pyramide renversée, support de pilastre, le tout formant contrefort arrêté sous la corniche, comme il était coutumier de le faire en Anjou, à cette époque.
La corniche à feuillage filiforme et palmettes, successivement ramassées puis dressées en éventail comme au chevet de l'église de Saint-Rémy-la-Varenne, est supportée par vingt petits modillons sculptés à têtes humaines ou grotesques, tout à fait dans l'esprit du second tiers du XIIe siècle. Les visages de ces modillons expriment le repentir de leurs péchés et deux d'entre eux montrent même par où ils ont péché. Comme en pénitence, ils supportent la toiture qui représente à la fois le ciel auquel ils tentent d'accéder et la charité qui recouvre tous les fidèles.
Au pied du mur, les pierres brutes deviennent alors l'image des âmes faibles qui restent dans l'ombre. Au-dessus, les pierres taillées sont les âmes fortes, bien rangées en assises par l'enseignement de la vérité qui les a formées. Les deux colonnes contreforts, qui partent du bas du mur et curieusement ne rejoignent pas les modillons, soulignent les verticales dans un ensemble où toutes les horizontales, par un effet de perspective, sont vues en courbes et conduisent l'œil vers le ciel.
Un dessin de Hawke, daté de 1840, prouve l'authenticité de l'ensemble, malgré d'importantes restaurations. Les baies, encadrées de fleurs à 8, 10 ou 12 pétales (du même type qu'à Aulnay-de-Saintonge) et les archivoltes à palmettes prenantes, révèlent une influence charentaise indéniable. Le tout est à la fois simple de matière et riche d'expression, abstrait dans son décor et pourtant plus significatif qu'une grande composition allégorique.
La toiture, en croupe conique, est allégée en pied d'un coyau typiquement angevin, qui apporte encore des courbes supplémentaires à l'ensemble.
La partie basse, sous les fenêtres, est constituée d'une maçonnerie de pierres plates apparentes, en schiste, contrastant avec les tuffeaux taillés.
La composition des couleurs, entre ces parties, accuse l'effet d'ombre au soleil levant et le contraste des formes de matériaux accuse le graphisme de l'architecture.
L'église fut dotée, en 1728, d'une sacristie ouvrant sur la rue. Ceci permit de condamner la petite porte du transept, du XVe siècle.
Le bras gauche du transept est largement éclairé par une très grande baie de style gothique flamboyant.
En face, se trouve le presbytère, qui porte en pignon la date de 1718. Il fut transformé en 1751 par le curé Haisnost.
La grande salle du rez-de-chaussée fut décorée, par la suite, de très belles peintures sur tenture.
Le symbolisme de la nef découle de ce mot :
c'est le navire, l'arche qui nous sauve du déluge et nous conduit au port du salut, la voûte représentant assez bien une carène de bateau renversé et le clocher son mât.
La nef donne une grande impression d'espace sans démesure, grâce à une excellente échelle humaine.
Elle est harmonieuse dans ses proportions, grâce aussi aux rapports simples, fondés sur ceux du triangle équilatéral, qui régissent ses dimensions. Le rapport sacré donné par le maître de l'ouvrage, sans doute l'évêque, au premier maître d'oeuvre et dont les architectes successifs ont continué de l'inspirer, c'est le nombre 3 et ses dérivés.
Le triangle, c'est le polygone le plus simple à trois côtés seulement. Il devient parfait quand il est équilatéral ; il est alors symbole de la Trinité, donc de la divinité. C'est ce thème trinitaire éternel de la mystique phythagoricienne qui marque de son sceau le fronton de la nef .
Et c'est sur les propriétés du triangle équilatéral que s'est basé le maître d'œuvre.
Elle garde ses dimensions primitives : 8,90 mètres de large par 14,90 mètres de long intérieurement et a de la sorte, en plan, la forme d'un rectangle dont les diagonales dessinent deux triangles équilatéraux opposés par le sommet.
Ces proportions donnent une impression d'ampleur que ne possèdent pas d'autres nefs plus grandes et sensiblement de la même époque.
Le côté ouest comporte deux fenêtres, comme les façades de Suèvres et du Lion-d'Angers, sensiblement de la même période. Ces fenêtres, mesurant 0,50 m de large et 1,10 m de haut, sont très ébrasées à l'intérieur et diffusent ainsi largement la lumière dans la nef, malgré leurs très faibles dimensions extérieures.
Un dessin de Berty, antérieur aux restaurations importantes faites au siècle dernier, montre l'authenticité de ces ébrasements : 1,20 m d'ouverture intérieure pour 0,50 m seulement à l'extérieur.
La nef primitive s'ouvre sur le bas-côté nord par trois arcs en ogive, reposant sur des piliers par l'intermédiaire de chapiteaux à décoration florale d'acanthe avec mascarons. La voûte est légèrement brisée en ogive et laisse apparaître les tirants et poinçons de charpente qui évitent toute poussée latérale sur les murs. Dans le bas-côté et le bras nord du transept, les pièces de charpente sont apparentes et ornées de nombreux motifs profanes ou "engoulants", au droit des assemblages.
La nef est séparée du transept par un arc triomphal qui marque l'entrée du sanctuaire.
Il est percé, du côté nord, d'un oculus traversant le mur symbolisant une ouverture vers l'au-delà.
Le bras droit est occupé par la salle basse du clocher, qui formait à l'origine une chapelle largement ouverte par un arc roman, sur le choeur de l'église.
Cette absidiole permettait la manœuvre des cloches. De l'intérieur, part en biais une amorce de couloir voûté qui laisse croire à l'accès muré d'une crypte hypothétique située sous le choeur ou tout simplement à un passage souterrain.
Le bras gauche en prolongement de l'actuel bas-côté nord a été rajouté au XVe siècle.
Dans l'allée centrale, on remarque trois dalles en ardoise, aux inscriptions effacées
Sur la gauche, une autre dalle, en marbre noir, porte l'inscription : Ici repose le corps de Dame Aime Poulain de la Forestrie décédée le 5 octobre 1721 ».
L'exhaussement de la nef au XVe siècle entraîna celui du transept et obligea l’agrandissement des arcs qui reposent désormais sur des colonnes tronquées en console.
L’une d’elles a conservé un très beau chapiteau de type angevin-saumurois.
L'Abside est la plus belle partie de l'édifice, tant à cause de la justesse de ses proportions que de la lumière subtile filtrée au niveau des yeux, plongeant la voûte en cul-de-four dans une semi-obscurité favorable au recueillement.
Elle est précédée d'une travée droite de choeur, voûtée en berceau, reposant sur quatre colonnes engagées, dont les chapiteaux à larges feuillages stylisés supportent une corniche courant tout autour du choeur. L'abside proprement dite est fermée par une arcature à cinq travées, supportée par des colonnes engagées.
Chaque arcade est percée d'une fenêtre étroite dont l'ébrasement est souligné par une arcature concentrique reposant sur des colonnettes reposant sur un mur bahut. Il s'ensuit un effet de démultiplication et de relief qui, en trompe-l’œil, évoque un déambulatoire inexistant.
Les colonnes et colonnettes transforment l'espace, en donnant l'impression de supprimer les murs. Leurs bases, leurs troncs et leurs chapiteaux où éclosent des feuillages, sont comme les arbres d'une forêt s'élevant jusqu'à la voûte des cieux. Il n'est pas plus pure expression architecturale d'un sanctuaire que celle qu'a su créer ici l'art roman.
C'est peut-être un ancien tombeau, en marbre blanc, à six colonnes néo-corinthiennes de face et trois sur chaque côté avec, à l'arrière, au centre un visage en médaillon.
Il a remplacé en 1849 le précédent élevé en 1726.
C'est un bel ensemble sculpté en bois doré, acheté en 1729 à Paris et couronné d'un dais à quatre volutes renversées (malheureusement exhaussées).
Il est orné de pampres et de grappes et surmonté d'un pélican s'ouvrant le poitrail pour donner à manger à ses petits.
C'est un symbole de l'eucharistie, souvent utilisé au XVIIIe siècle.
L'aile Nord du transept comporte un retable de style gothique en pierre, relativement récent, servant de fond à l'autel de la Vierge. Cette dernière porte l'enfant Jésus ; à gauche, on reconnaît Saint Pierre tenant la clé de l'Église et Saint François d'Assise ; à droite, Saint Paul avec l'épée de son supplice et Saint Maurille, l'apôtre des bords de Loire.
Catégorie technique : taille de pierre, sculpture
Description matérielle : Retable constitué de cinq registres superposés dont les deux registres inférieurs sont rythmés par des lancettes aveugles. Les cinq niches qui les scandent abritent des statues.
L'ensemble est de style gothique avec gâbles, crochets, mouchettes ajourées et feuillages stylisés.
En entrant par le portail ouest, on trouve, à droite, un curieux tableau romantique d'adolescent (ou Jésus adolescent ?), en méditation devant les instruments de la Passion.
Un grand tableau récemment restauré vient de reprendre place dans l'église Saint-Pierre et Saint-Romain de Savennières, en partie nord du mur occidental de la nef.
Caractéristiques Il est au format 100, soit 130 x 162 cm (rapport 4 / 5) sur châssis neuf, peinture à l'huile de technique traditionnelle sur toile de lin et coton, avec d'importants écaillages, retouches et repeints (50 % environ) avant la dernière restauration.
On l'a attribué peut-être imprudemment à Decherche, un peintre manceau dont subsiste un tableau dans l'église Sainte-Anne de la Guerche représentant une Vierge du Rosaire peinte en 1757 et une autre toile datée de 1736 dans l'église Saint-Nicolas de Mamers. Mais les restaurateurs, Catherine Ruel et Kiriaki Tsesmeloglou, n'ont trouvé ni date ni signature et n'excluent pas une datation possible du XVIIe.
Nous ne connaissons pas l'histoire de ce tableau, d'où provient-il, qui l'a acheté et donné ? Le sujet La vie de Saint René est très obscure et relève plus de la légende dorée que de l'hagiographie. Pour Godard-Faultrier, Bononia, l'épouse de Khéotédrus, un sénateur gallo-romain habitant la villa posaciensis qu'il situe à la Possonnière et que saint Maimboeuf situe à Pocé près de Saumur, ne pouvant avoir d'enfant, fit le voeu que si le ciel lui en accordait un, elle le vouerait au service des autels. Malheureusement, le fils qu'elle attendait tomba gravement malade en 403 à Angers, où la famille avait transféré sa résidence. Il décéda dans les bras de sa mère durant l'office avant que Maurille, alors troisième évêque d'Angers, n'ait eu le temps de le baptiser.
Bononia dépérit alors d'un chagrin inconsolable et Maurille, se reprochant de n'avoir pu baptiser l'enfant de son vivant, s'exila en Angleterre et s'y cacha dans un château sous l'habit d'un simple jardinier. Pour Agnès Fauvel, les Angevins, convaincus qu'Angers serait détruite si leur évêque ne revenait pas, envoyèrent quatre des leurs à sa recherche dans toute l'Europe. Ils cherchèrent durant sept ans et finirent par trouver gravés sur un rocher breton, ces mots : Ici a passé Maurille, évêque d'Angers.
Ils s'embarquèrent aussitôt et, durant leur périple, un gros poisson sauta dans leur bateau. Ils le dépecèrent pour le manger et quelle ne fut pas leur joie de trouver, dans ses viscères, les clefs des saintes reliques de l'église que Maurille avait abandonnée avant de prendre la mer. Convaincus alors qu'ils étaient sur la bonne voie, il leur fut facile de retrouver un jardinier qui faisait fructifier un potager par ses miracles et de reconnaître en lui leur évêque qu'ils ramenèrent en Anjou. Aussitôt arrivés, ils lui présentèrent le cercueil où reposait l'enfant de Bononia et, après de longues prières, cet enfant retrouva la vie et fut baptisé du nom de René (re natus ou né à nouveau). Maurille fit son éducation religieuse pour en faire son successeur sur le siège épiscopal. Mais ici s'arrête la légende, car saint Maimboeuf (qui a écrit deux siècles plus tard, en 619, une vie apocryphe de saint Maurille) parle de la résurrection d'un enfant sans citer de nom.
C'est Archanaldus qui, à la demande de l'évêque Rainon (881-906), écrivit une nouvelle vie de saint Maurille très enjolivée et cite René comme son successeur.
Les comtes d'Anjou devenus rois de Naples au XIIIe le confondront avec saint René de Sorrente dont ils rapporteront du reste les reliques à Angers.
René ne figure dans aucune liste des évêques angevins, aucune église ou chapelle, sauf celle du château de la Possonnière, ne porte son nom ; aussi est-on aujourd'hui très dubitatif sur son existence.
Disposition : La toile est divisée en 4 parties égales par les 2 médianes, verticale et horizontale :
Cette disposition induit le rapport 1/2 doublant le tracé régulateur de base de 4/5 et fixe alors les rapports entre les différents sujets.
Ainsi, le monde céleste égale le monde terrestre, mais Saint Maurille prend une importance double de celle de Bononia et de son fils.
Les diagonales donnent une orientation aux éléments et par suite le mouvement dans la toile, à savoir : de bas en haut et de gauche à droite pour la supplique de Bononia implorant l'évêque du regard. De même pour les feuillages et branchages qui suivent une direction parallèle.
Ce mouvement est équilibré par le geste des bras de Bononia et surtout de Saint Maurille qui remplit les 2 quartiers opposés vides de personnages, l'inférieur droit et le supérieur gauche.
Le dessin est malhabile dans l'ensemble : manque d'aplomb des visages sur les corps, disproportions des mains tantôt trop grandes (Bononia) tantôt trop petites (main gauche de Saint Maurille). Mais les visages sont très expressifs, l'enfant endormi, sa mère implorante, Saint Maurille bénissant.
Le paysage est des plus conventionnels, mais délicat, avec fleuve, pont, coteaux, église et ramures voulant rappeler sans doute ceux de nos bords de Loire.
Elles sont fines et délicates dans une harmonie de gris bleutés pour le cadavre, brun rosé et ocre pour Bononia, verdâtre pour le paysage et gris cendré rehaussé de rouge pour saint Maurille mis ainsi en valeur.
Elle est douce et semble émaner de Saint Maurille, comme si le ciel nous éclairait à travers lui.
Ce tableau n'est pas l'oeuvre d'un grand maître, mais d'un peintre de métier ayant réalisé une toile classique, honnête, mais manquant d'habileté. Le sujet est plus folklorique que religieux, la composition plus une addition de motifs qu'un mélange d'éléments se combinant bien entre eux. L'expression enfin est quelque peu naïve.
Mais il n'en est pas moins digne d'intérêt pour cette vieille église de Savennières qui remonte aux temps les plus reculés du christianisme en Anjou et où il ranime la légende dorée de nos saints patrons locaux
Sources En plus des sources citées dans les notes, il faut ajouter :
le dossier de restauration, en mairie de Savennières.
Notes :
1- L'Anjou monuments " par Godard Faulrier, p. 236 : La Possonnière, près de Savennières...Grégoire de Tour l'appelle Possiacum. Si l'on en croit Eveillon, ce lieu est célèbre par la naissance de Saint René, évêque d'Angers, dont Ménage ne conteste aucunement l'existence (Sablé, p. 135).
2. Pour Jean Savant, dans " La taverne du prieuré et les trésors de la Possonnière ", c'est dans un ermitage des bois d'Armorique que Saint Maurille se serait caché.
3. Dans " Notre-Dame de Béhuard " Imprimerie Notre-Dame, Béhuard 1935.
4. Cité par Rangeard (Revue de l'Anjou, 1854, p. 12 et 13)
Source :Jean Marcot
Tableau et son cadre : Saint Jérôme
Référence Mérimée de l'édifice :PA00109346
Lieu de déplacement de l'objet :Oeuvre restituée : Informations relatives aux vols :Oeuvre volée entre le 30/01/2010 et le 31/01/2010. Dépôt de plainte le 02/02/2010 par un représentant de la Mairie auprès de la brigade de gendarmerie de Saint-Georges-sur-Loire (PV n°00195/2010). Cette oeuvre a été proposée en vente publique en Italie en 2021, elle a été restituée en mai 2022 (le 16 mai 2022, les services de police italiens ont restitué l'oeuvre à Venise au maire de la commune et l'oeuvre est arrivée dans la commune le jour d'après).
Peinture ; menuiserie Matériaux et techniques d'interventions
Toile (support) : peinture à l'huile
Bois : taillé, doré
Indexation iconographique normalisée :Saint Jérôme
Dimensions normalisées : H = 70 ; La = 66
Siècle de création :18e siècle.
Dans l'absidiole du clocher, des traces de peintures murales du XVe siècle ou du début du XVIe laissent supposer une décoration plus abondante, aujourd'hui recouverte par des badigeons de chaux successifs.
Une tradition locale ancienne y voit les éléments d'une scène de la vie de Saint Maurille ressuscitant Saint René. D'après la tradition, Saint René serait né à La Possonnière, mais sa naissance est située plus fréquemment, de nos jours, à Pocé, près de Saumur. De même, avant la dernière restauration intérieure, existe une litre seigneuriale, ancien bandeau noir peint, portant jadis des écussons seigneuriaux.
Siècle de l’oeuvre : 17e siècle
St Blaise : Qui est-il ? Saint Blaise, évêque et martyr (316), fut l’un des saints autrefois les plus populaires et les plus célèbres par l’efficacité de leur intercession. D’abord très habile médecin, et en même temps très vertueux chrétien, il devint évêque de Sébaste, en Arménie, par le choix du peuple, qui l’entourait d’une grande estime.
Mais Blaise, inspiré de Dieu, quitta bientôt son siège épiscopal pour s’enfuir sur une montagne solitaire ; il y avait pour compagnie les bêtes fauves qui venaient chaque jour visiter et caresser l’homme de Dieu, et recevoir, avec sa bénédiction, la guérison de leurs maux.
Il fut rencontré en son désert par des Païens qui, surpris de trouver un homme familièrement entouré de lions, de tigres, de loups et d’ours, allèrent raconter cette nouvelle au gouverneur. Arrivé devant le gouverneur : « Insensé, lui dit-il, penses-tu me séparer de Dieu par tes tourments» ? « Non, non, le Seigneur est avec moi, c’est Lui qui me fortifie! » Les bourreaux le frappèrent à coups de verges et le jetèrent en prison.
Quelques jours après, le martyr est rappelé au tribunal : après de nouveaux interrogatoires inutiles, Blaise fut jeté dans le lac voisin pour y être noyé ; mais il fit le signe de la Croix et marcha sur les eaux comme sur un terrain solide, à la grande admiration de tous les spectateurs de ce prodige.
Le glorieux Martyr eut enfin la tête tranchée.
Tandis qu’il était en prison, on lui avait amené un enfant sur le point d'être étouffé par une arête de poisson. Blaise le guérit.
C’est sans doute pour ce fait qu’on l’invoque spécialement pour les maux de gorge
Siècle de l’oeuvre : 17e siècle
Photographe ou dessinateur : Enguehard
Fernando Martins de Bulhões, en religion Frère Antoine, né en 1195 à Lisbonne (Portugal) et mort le 13 juin 1231 près de Padoue (Italie), est un prêtre franciscain portugais, maître de doctrine spirituelle, prédicateur de renom et thaumaturge, qui fut canonisé en 1232, moins d’un an après sa mort, et déclaré docteur de l'Église en 1946.
Liturgiquement, il est commémoré le 13 juin et vénéré sous le nom de Saint Antoine de Padoue.
Littérairement, il fait notamment l’objet des chapitres 39 et 40 des récits légendaires Les Fioretti de Saint François d'Assise d’Ugolino da Brunforte pour son fameux prêche aux poissons à Rimini.
Représenté sous les traits d'un homme jeune et mince tenant dans ses bras l'Enfant Jésus assis sur une bible, il est l'un des saints les plus populaires.
Il est traditionnellement invoqué pour retrouver des objets perdus ou des choses oubliées
Les verrières sont garnies de "grisailles". Les fenêtres de l'abside comportent des vitraux du XIXe siècle avec, du côté droit de l'abside, le réemploi d'un beau médaillon du XVIIe siècle représentant l'assomption de la Vierge.
Les fonts baptismaux remontent à 1734 ; un bénitier en marbre noir est du XVIIe ou du XVIIIe siècle.
Celui de la porte sud, très ancien, est en granit et curieusement encastré dans le mur.
Auteurs de l’œuvre : Dubois, Antoine Henri (orfèvre), Martin (orfèvre), Dejean (orfèvre)
Date : 17e siècle, 19e siècle
Auteur de l’œuvre : Buchet, Pierre Julien (orfèvre)
Date : 2e moitié 18e siècle
Date de l’œuvre : 1774
1780 Photographe : Cliché Bardelot P.
Auteur de l'oeuvre représentée : Lanier, A.J. (orfèvre)
Siècle de l'oeuvre : 2e moitié du 18e siècle
Photographe ou dessinateur : Cliché Bardelot P.
On a mis en évidence un vieux cimetière : « Une grande partie de la place a subi, au cours des siècles, des perturbations importantes, ayant détruit des vestiges .» Néanmoins, une partie du cimetière est restée intacte, et l'on a pu observer quelques ossements humains, sans pour autant distinguer les limites des fosses.
Les vestiges apparaissent à une trentaine de centimètres sous la surface actuelle et sont conservés jusqu'à I mètre maximum » (Rapport de diagnostic).
(Extrait du rapport de Mickaël Montaudon)
« Bien qu'ayant été en partie décaissée par la mise en place de la couche d'enrobé actuelle, la place de l'église de Savennières a conservé, en sous-sol, un certain nombre de témoignages de son passé .»
Les vestiges apparus à une trentaine de centimètres sous la surface actuelle sont conservés jusqu'à 1 mètre maximum.
Lieu privilégié d'inhumations au Moyen Âge, le parvis a ici été, très tôt, élu comme lieu de sépulture, comme en attestent le sarcophage et les coffrages en schiste ardoisier mis au jour.
La date de leur mise en place n'est d'ailleurs pas sans poser de question sur la date de construction de l'édifice aujourd'hui visible.
La nef est traditionnellement attribuée au Xe siècle (Mallet 1984), tandis que le sarcophage est usité en Anjou, surtout aux VIIe et VIIIe siècles, les coffrages en schiste ardoisier pouvant être rencontrés dans des contextes similaires, mais pouvant s'étendre jusqu'au IXe siècle (Lorans 1996 ; 262-263).
L'hypothèse d'une église antérieure, déjà émise par les historiens d'art (Mallet 1984 ; Deyres 1987), se retrouve donc ainsi renforcée. Rappelons par ailleurs la fouille par Daniel Prigent, en 1980, d'un éventail de 4 sarcophages à 160 mètres à l'ouest de l'Église lors de travaux dans la rue Duboys d'Angers. L'orientation des trois tombes mises au jour lors du diagnostic de 2010 impose, de plus, l'hypothèse d'un élément de maçonnerie en avant de l'Église actuelle, lequel aurait contraint la mise en place des sépultures qui sont d'ordinaire exposées tête à l'ouest (Alexandre Bidon 1993 ; Lorans 2000).
Aucune trace sur le terrain, aucun plan ancien, ne vient à ce jour apporter de réponse.
Des fouilles préventives se sont déroulées pendant trois jours dans le choeur de l'église romane.
Elles ont été exécutées par Arnaud Rémy et Èlodie Lefèvre du pôle archéologie du département de Maine-et-Loire. Sur 3 m2, en enlevant plusieurs couches, les archéologues sont descendus à 60 cm sous le sol du choeur et ont atteint le sol qui doit dater du XIIe siècle. Ils ont découvert plusieurs niveaux, correspondant aux différentes rénovations de l'édifice religieux.
La DRAC demande, en plus des fouilles préventives, un diagnostic de l'ensemble du bâti extérieur. Ce diagnostic est le préalable incontournable au lancement des travaux de restauration de l'église.
La première phase concernera des travaux destinés à ventiler les murs. Ses fondations souffrent. L'église de Savennières a été restaurée à de multiples reprises depuis sa construction. La dernière grande restauration date du XIXe siècle. « Les travaux de réfection ont plutôt été bien menés ».
Cependant, une partie des murs de l'église a été enduite par de la maçonnerie, empêchant l'humidité de remonter. Conséquence : les pierres de tuffeau des fondations commencent à pourrir. Pour éviter que ce phénomène ne s'accentue et participe à faire pourrir les boiseries et poutres de l'église, un aménagement est ainsi prévu.
Ces travaux consistent à creuser une tranchée à l'extérieur et aussi à l'intérieur de l'édifice, le long des murs. Le but : faire respirer les fondations en tuffeau. Le projet de restauration de l'église (extérieur et intérieur) a été estimé à plus de deux millions d'euros de travaux, dont la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) prendra en charge 60 % du montant
L'église de Savennières est-elle une des plus anciennes églises de la région ?
C'est ce que cherchent à déterminer les archéologues du département. L'église Saint-Pierre-et-Saint-Romain, à Savennières, a fait l'objet de prélèvements de quartz contenu dans les mortiers des murs de la nef.
La construction des deux façades préromanes de la nef est estimée autour de l'an 1000, mais sa datation pourrait se situer entre le Ve et le Xe siècle, ce qui ferait de cette église une des premières constructions chrétiennes de la région. Une étude archéologique de cette maçonnerie particulière est donc en cours.
Elle utilise une technologie nouvelle de datation basée sur la radioactivité naturelle des grains de quartz contenus dans les briques et le mortier à la chaux. Elle va permettre de dater, à 50 ans près, l'origine de ce bâtiment exceptionnel. « On observe des endroits qui sont restés préservés et qui n'ont pas été transformés », montre Arnaud Remy, archéologue spécialiste du Moyen Âge du Maine-et-Loire. « Une rangée de briques qu'on retrouve indique qu'il pourrait s'agir du Haut Moyen Âge : VII, IX, X siècle ? », s'interroge l'archéologue. « On ne sait pas. »
Grâce à une carotteuse, les archéologues percent dans le mortier et prélèvent un cylindre de la taille d'une dizaine de centimètres. Il faut ensuite boucher les extrémités et sortir la « carotte » dans le noir, car ces grains de quartz n'ont jamais été exposés à la lumière, et une haute température peut compromettre la mesure. Le nom de cette technique d'analyse est « La luminescence optiquement stimulée » (OSL). Cette méthode de datation est basée sur la capacité des minéraux à stocker l'énergie provenant des particules émises par la radioactivité naturelle. « Certains minéraux, comme le quartz, un grain de silicate cristallisé, se comportent comme des dosimètres », explique Petra Urbanova, chercheuse en physique des archéo-matériaux au laboratoire de l'université de Bordeaux (Gironde), enregistrant la dose d'irradiation provenant de la radioactivité naturelle de l'objet lui-même et de son environnement. On mesure ainsi par luminescence (restitution sous forme de lumière) la quantité d'énergie accumulée depuis l'instant zéro à dater : la dose archéologique. Cela permet de déterminer la durée d'exposition à l'irradiation naturelle : on va deviner la dose reçue par le quartz depuis la fabrication de la brique.
Cela va nous permettre de dater la dernière exposition à la lumière de ces grains de quartz. »
Cette méthode, récemment mise au point, demande de la patience et de la rigueur, puisque l'analyse est réalisée grain par grain. Il faudra patienter pour avoir les résultats des analyses des prélèvements de quartz confiées au laboratoire de physique des archéo-matériaux de l'université de Bordeaux .
Le projet d'aménagement et de rénovation de la place de l'Eglise et de ses abords immédiats a pour objectif principal de recréer un véritable centre bourg, lieu d'attraction naturelle, tant pour les habitants du village qui pourront se rapproprier ce lieu de vie communal, que pour les visiteurs et touristes de passage.
Pour cela, il est indispensable de concevoir la place de l'Église, non plus comme un lieu de transit, voire de stationnement pour les automobiles, mais comme un espace de tranquillité où les piétons seront en toute sécurité pour flâner, se reposer, profiter des commerces voisins et admirer sans contrainte la superbe façade de l'église.
La création d'une déviation par le Sud du village pour les automobiles ne souhaitant pas s'arrêter dans le bourg a été un premier pas indispensable à la réalisation du projet. Elle est maintenant opérationnelle et la circulation en centre bourg s'en trouve ainsi largement apaisée, sans pour autant être interdite. Une fois le projet terminé, les voitures pourront toujours emprunter l'axe principal de traversée du village, mais, ne contourneront plus l'église.
La place sera ainsi rendue aux piétons ainsi que la rue de la Cure qui mène au presbytère, autre joyau du patrimoine villageois. Les travaux qui vont être entrepris respecteront au maximum l'environnement existant, en particulier dans le choix des matériaux de dallage et de pavage, ainsi que pour les espaces paysagers et floraux. Ils seront financés en particulier avec l'aide du Conseil régional. Au terme de cet important projet qui devrait voir sa réalisation aboutir en 2013, la commune pourra se prévaloir définitivement du label de " Petite Cité de Caractère ", en signe de reconnaissance de son riche patrimoine historique et architectural.
Sources:Monique Clavreul avec le concours du service départemental d'archéologie de Maine-et-Loire et de la mairie de Savennières.
Sources : Notes de Jean Marcot, ancien président d'HCLM,
Rapport archéologique de Mickaël Montaudon,
Écrit de Michel Marcot, conseiller de Savennières.
Sous la monarchie de Juillet, le ministre de l'Intérieur François Guizot propose au roi Louis-Philippe de créer un poste d'inspecteur des Monuments historiques.
Le premier inspecteur général des Monuments historiques, Ludovic Vitet, définit ainsi en 1831 les missions qui lui sont confiées : « Constater l'existence et faire la description critique de tous les édifices du royaume qui, soit par leur date, soit par le caractère de leur architecture, soit par les événements dont ils furent les témoins, méritent l'attention de l'archéologue, de l'historien, tel est le premier but des fonctions qui me sont confiées. » En second lieu, je dois veiller à la conservation de ces édifices en indiquant au Gouvernement et aux autorités locales les moyens soit de prévenir, soit d'arrêter leur dégradation. » M. Vitet, appelé à d'autres fonctions, cède son poste le 27 mai 1834 à Prosper Mérimée.
Prosper Mérimée effectue dès lors de nombreux voyages d'inspection à travers la France. Dans son parcours dans l'Ouest de la France en 1835, il passe par Savennières dont il décrit l'église dans ses notes d'un voyage dans l'Ouest de la France , publiées en 1836. Avant de me rendre à Saumur, je voulus examiner l'église de Savennières, à quelques lieues d'Angers.
On la dit bâtie dans le sixième ou le septième siècle. Aujourd'hui, la façade seulement et une partie du mur méridional de la nef présentent un appareil très remarquable qu'on peut rapporter à cette époque. À différents intervalles, dans une maçonnerie composée de fragments de schiste noir, grossièrement taillés, se dessinent de longues bandes de briques, dont la couleur rouge tranche fortement avec celle du schiste. Entre deux lignes formées chacune par deux lits de briques posées à plat, on voit un cordon d'autres briques rangées obliquement en arête de poisson, et placées de manière que les angles saillants d'une bande soient opposés à ceux de la bande inférieure et de la bande supérieure. Aux angles du mur, on s'est servi de tuffeau ainsi que pour les archivoltes des fenêtres.
Ces dernières sont en outre encadrées par des briques qui en dessinent le cintre et en séparent les claveaux. De l'opposition des couleurs, rouge pour la brique, noir pour le schiste, blanc pour le tuffeau, résulte un effet assez agréable, quoique bizarre. Les briques sont très longues et larges, presque semblables aux tuiles romaines. » La commission des Monuments historiques, en 1840, publie sa première liste qui compte 1 082 monuments historiques dont 934 édifices, liste composée uniquement de monuments préhistoriques et de bâtiments antiques et médiévaux (Ve au XVIe siècle), pour beaucoup des édifices religieux, mais aussi des objets (telle la tapisserie de Bayeux).
Tous sont des propriétés de l'État, d'un département ou d'une commune, dont la conservation nécessite des travaux (et donc des crédits).
L'église de Savennières figure dans cette toute première liste. Immédiatement, des démarches sont entreprises pour demander l'aide du gouvernement par l'intermédiaire du préfet, courroie de transmission obligatoire, auprès du ministère de l'Intérieur, direction des Beaux-Arts, Monuments historiques.
Dans sa lettre au préfet du 15 septembre 1840, le maire de Savennières, Victor Leglou, écrit : « Des réparations urgentes sont à faire à l'église de Savennières.» Plusieurs parties de cet édifice menacent ruine, à sa base d'abord, puis à son lambris formant voûte dont quelques parties sont sur le point de se détacher, pouvant occasionner de graves accidents. » Il joint un projet de réparations avec un devis estimatif de 2 061 francs, dressé par l'architecte Moll le 27 août 1840.
Début février 1841, la direction des Beaux-Arts, réclame une notice historique et le plan du monument pour instruire l'affaire.
Le 7 avril, la mairie de Savennières fait parvenir au préfet deux notices historiques : l'une de M. Bodin, l'autre de M. Godard-Faultrier avec les plans de M. Moll d'après les dessins de F. Hawke .
Le 23 avril 1841, sont réclamés, en plus, des détails des travaux de restauration projetés et un devis très exact de ces réparations. Les services des Beaux-Arts, le 8 mai, en accusent réception et conformité des documents, mais le 10 septembre, la direction des Beaux-Arts renouvelle sa demande du 23 avril.
Dans son 3e envoi de documents daté du 4 novembre, le maire de Savennières insiste auprès du préfet sur l'urgence : « Nous avons tout lieu de craindre que le mauvais état de la toiture, n'ait porté un grand préjudice à la charpente sur laquelle l'eau tombe de toute part. »
Les Monuments historiques en accusent réception le 26 novembre 1841 et précisent que leur examen aura lieu lors de la prochaine session de la Commission des Monuments historiques en 1842.
Mais en mars 1842, le projet de restauration de M. Moll, ne sera pas validé par Prosper Mérimée.
Veuillez confier à M. Jolly, architecte, correspondant du ministère de l'Intérieur, de préparer un devis des travaux qu'il est urgent d'exécuter à l'église de Savennières.
Un nouveau devis de 4500 francs est réalisé par l'architecte du gouvernement, Joly-Leterme, le 19 août 1842, et approuvé par les Beaux-Arts.
Ce devis comprend des travaux de maçonnerie, carrelage, menuiserie, peinture et couverture.
De ce devis, seuls les travaux de couverture et de la voûte sont proposés au financement sur l'exercice 1842 des Monuments historiques pour une somme de 1500 francs.
Les autres articles du projet de M. Joly, dont la réparation de l'escalier du clocher et la construction d'un autel sont ajournés pour le moment. En informant de ces décisions le maire de Savennières, le préfet, le 15 septembre 1842, ajoute : « Il convient, M. le maire, que votre commune s'impose aussi des sacrifices et qu'elle pourvoie, sinon en totalité, du moins en partie, à l'exécution des travaux qui font l'objet des autres articles. » Il ajoute néanmoins : « Je proposerai volontiers au Conseil général, lors de sa session de 1843, de faire participer le département à cette utile dépense, et je solliciterai également une allocation du Trésor tant auprès de M. le ministre de l'Intérieur qu'auprès de son collègue, le ministre des Cultes. » Je vais écrire à M. Joly pour lui donner connaissance de la décision du ministre et l'inviter à faire mettre le plus tôt possible à exécution la partie de son projet pour laquelle a été accordée 1500 francs.
Le 8 mai 1844, le maire de Savennières sollicite le Préfet à présenter une demande de nouveau secours auprès de M. le ministre de l'Intérieur qui fait répondre : « La répartition du crédit des Monuments historiques exercice courant est entièrement épuisée.» Cette demande de secours en faveur de l'église de Savennières sera représentée lors de la répartition de l'exercice prochain.
Cependant, sur ce secours, le 14 juin, dans une nouvelle lettre, le ministre de l'Intérieur s'engage : « Je viens de réserver pour concourir à l'achèvement de la restauration de l'église de Savennières une somme de 1000 francs sur le crédit des Monuments historiques de l'exercice prochain à la condition expresse que la commune et la fabrique prennent à leur charge le restant de la dépense ».
Le maire est donc prié de provoquer les votes des conseils de la commune et de la Fabrique avant le commencement de l'exercice prochain . Le maire, M. Leglou, décède le 29 juillet 1844. Il est remplacé par M. Fourmont-Desmazières.
Pour compléter le financement des travaux, de réparation de l'église, le Conseil municipal du 13 mai 1845, autorise M. le Maire à prélever sur les fonds disponibles une somme de 500 francs et à vendre par la commune une partie de la superficie de l'ancien cimetière de Savennières jusqu'à concurrence d'une somme de 1 000 francs.
M. Fourmont-Desmazières reçoit de M. Joly l'autorisation d'exécuter les travaux, le 12 mai 1845, avec les consignes suivantes : M. le maire, est prié d'acheter les matériaux. Il est important de faire enlever au plutôt les deux auvents qui sont l'un au sud et l'autre à l'ouest. La vente des matériaux ou leur emploi retournerait au bénéfice de la restauration de l'église.
Les ballets de charpente, abritant les deux entrées de l'église avaient été fabriqués en juin 1746 : le grand, devant la porte du cimetière et le petit, devant la porte de la grande rue, en remplacement du précédent vétuste. Le bois avait été donné par l'abbé de Vaubrun, comte de Serrant.
« Elle avait fière allure, l'église de Savennières avec ses deux ballets ou porches bien charpentés, abritant les portes d'entrée. » Au dire des plus anciens qui le tiennent de leurs ancêtres, c'est là que se traitaient les affaires aux jours de foire et de marché.
Ces portiques, on les utilisait encore pour toutes les réunions publiques. On imagine facilement aussi la scène. On y écoutait attentivement, chaque dimanche, au sortir de la grand-messe, les avis du préposé municipal, précédés de l'habituel roulement de tambour. » Abbé Charon, « L'église de Savennières.»
Les travaux de maçonnerie sont en cours en décembre 1845. Ils sont, sous la surveillance du maire, réalisés par le maçon Etienne Martin, qui facture : « 83 et 80 journées à réparer le pignon, les croisées et le portail et 70 journées à réparer le mur, les croisées et le portail, pour un total de 1000 francs ».
Dans un rapport au ministre, M. Godard-Faultrier de la commission archéologique de la Société impériale d'agriculture d'Angers écrit : « L'église de Savennières est présentement en bon état de réparation , le travail a été fait aux frais de la commune avec intelligence ».
Le secours de 1 000 francs est versé par les Beaux-Arts pour les réparations de l'église en mai 1846.
En 1778 fut dressé un procès-verbal de réparation à faire au clocher par l'architecte Étienne-François Chaintrier. (ADML 1 B 842)
« Le 14 juin 1846, la procession du Saint Sacrement eut lieu à Savennières sur les 4 heures de l'après-midi et fut terminée vers 5 heures du soir. » Ensuite, il s'est formé un orage si terrible qu'au 3e coup de tonnerre, l'explosion a tombé sur le clocher de Savennières et l'a découvert totalement du haut en bas et a fait plusieurs circuits dans l'église et a causé quelques dommages. La flèche a été recouverte le 2 juillet 1846. Ils étaient 4 ouvriers, père et fils Roguet et 2 compagnons pendant 12 jours. »
Le 16 juillet 1858 : la foudre tombe sur le clocher. La réparation coûte 919 francs à la commune, le remboursement de l'assurance 400 Fr.
1967 - janvier : Réparation complète de la flèche du clocher par l'entreprise Gautier Yvon d'Angers.
Courrier de l'Ouest du 9 2-1967).
La procession du Saint Sacrement eut lieu à Savennières sur les 4 heures de l'après-midi et fut terminée vers 5 heures du soir. Ensuite, il s'est formé un orage si terrible qu'au 3e coup de tonnerre, l'explosion a tombé sur le clocher de Savennières et l'a découvert totalement du haut en bas et a fait plusieurs circuits dans l'église (Doc. F. Roussier).
Au moment du sinistre, la commune s'occupait d'une restauration générale de l'église, déjà très avancée et interrompue par l'événement. Cette campagne de travaux de restauration a été envisagée par le Conseil municipal dès le classement de l'église de Savennières comme monument historique en 1840. Une demande de secours est sollicitée en 1841. Avec le contrôle des travaux confié à M. Joly, architecte des Monuments historiques du Maine-et-Loire, un secours de 1500 francs est accordé sur l'exercice de 1842 des Monuments historiques.
Un nouveau secours est demandé pour l'achèvement des travaux en 1844 ; il est ajourné dans un premier temps puis accordé le 22 juillet 1845, d'un montant de 1000 francs sur l'exercice de 1845. Il ne sera crédité que le 15 mai 1846 suite à des problèmes de documents incomplets. Le reste du montant des travaux d'achèvement de la restauration d'un montant de 4000 francs étant assuré à parité par la Fabrique et la Commune. M. Joly recommande, le 26 décembre 1845, l'enlèvement des auvents des portes de l'église.
Dès le lendemain, M. Fourmont Desmazières, maire de Savennières, prévient Monsieur le Préfet : «Je m'empresse de vous faire part d'un grand sinistre qui est arrivé dans notre commune hier sur les six heures du soir : un orage très violent a éclaté sur le bourg de Savennières. Le tonnerre est tombé sur le clocher de notre église et y a fait beaucoup de dégâts. Le choc électrique a été tellement violent qu'il a brisé plusieurs chevrons de la flèche, deux fenêtres transversales, enlevé beaucoup d'ardoises et fait disparaître le fil de fer et le marteau de l'horloge.
Le mur a été percé en plusieurs endroits, des tuffeaux ont été enlevés et les vitres de l'église ont volé en éclats. Heureusement, personne n'a été atteint. Je ferai constater par un architecte quelles sont les réparations nécessaires et urgentes que ce dégât a laissé après lui et je ne doute pas que le gouvernement va s'empresser de venir à notre secours, notre église étant classée parmi les monuments historiques les plus remarquables .
« Les effets de la foudre se sont principalement fait sentir sur la flèche du clocher ; la couverture ainsi qu'un arêtier en charpente, la poutrelle d'un des planchers a éclaté, la boite de l'horloge a été brisée ; plusieurs pierres des ouvertures ont été arrachées. » Le corps principal de l'église a eu aussi à souffrir de l'explosion ; des vitraux ont été brisés, des dégradations ont été faites au mur à des telles distances entre elles que l'on s'explique difficilement la direction qu'a dû prendre le fluide électrique. Diverses parties réparées à neuf ont été disloquées et devront être refaites. En résumé, la foudre a causé des dommages assez grands à l'église de Savennières, mais l'on doit se trouver heureux que ce monument ait été préservé de l'incendie, et conservé à la science.
On notera dans le devis qu'il faut réaliser 110 m2 de couverture neuve sur la flèche du clocher et 80 m2 sur l'église.
M. Delletre ajoute que : « Les travaux de réparation dont il s'agit devant être exécutés avec la plus grande célérité pour ne pas interrompre le service du culte devraient être faits par économie sur attachements tenus à cet effet par la commune . »
Le 18 juin, le Maire au Préfet, : « Je vous demande de faire faire les travaux de suite par économie et sous ma surveillance et de payer les ouvriers soit avec les fonds que la commune peut avoir à sa disposition, soit avec mes propres deniers. » Je vous envoie le procès-verbal de Mr l'architecte, ainsi qu'une lettre que j'adresse à M. le ministre de l'Intérieur pour lui demander du secours ; j'ose croire M. le préfet que vous lui ferez passer notre réclamation et que vous voudrez bien l'appuyer.
Monsieur le Préfet transmet la demande au ministère de l'Intérieur le 24 juin. La flèche est recouverte le 2 juillet 1846 par 4 ouvriers : père et fils Roguet et 2 compagnons, qui y travaillèrent pendant 12 jours.
La réponse du ministère de l'Intérieur est datée du 14 juillet 1846 et porte l'annotation : Analyse de l'affaire : Ajournement. Invitation à recourir au Ministre des Cultes. Le Ministre au Préfet : « Je soumettrai cette affaire à la commission des Monuments historiques, lorsqu'elle aura repris ses séances, vers le commencement de l'année prochaine. » Mais je dois avant tout vous faire observer, Monsieur le Préfet, que l'église de Savennières a déjà reçu plusieurs subventions de mon administration, tandis que celle des Cultes n'a encore accordé aucun secours pour le même objet.
Veuillez donc vous pourvoir auprès de mon collègue, Monsieur le Ministre des Cultes, à l'effet d'en obtenir une allocation jusqu'à ce que j'ai pu prendre une décision relativement à votre demande .
«Le Conseil municipal considérant que la commune de Savennières n'a aucun revenu et qu'elle est obligée pour couvrir ses dépenses à faire son budget, de s'imposer tous les ans extraordinairement, que cette année encore une nouvelle charge va peser sur elle puisqu'elle est obligée de faire pour la somme de six mille francs l'acquisition d'une maison d'école pour la section de la Possonnière, dit qu'il est impossible à la commune de faire cette dépense pour les réparations du clocher de l'église de Savennières et espère que le Gouvernement voudra bien prendre à sa charge la somme sus indiquée...»
« Le Conseil reconnaît à l'unanimité que la Fabrique (Conseil paroissial) ne peut contribuer en rien pour cette réparation, vu qu'elle se trouve sous la nécessité de faire faire deux autels et de décorer l'intérieur de l'église que le Gouvernement et la Commune ont fait restaurer, et que, pour faire face aux dépenses, elle n'a même pas d'avance. »
Aussi, le Conseil de fabrique se joint à M. le Maire pour solliciter auprès du Gouvernement la subvention nécessaire à ladite réparation. Dans sa lettre d'accompagnement des délibérations du Conseil municipal, à M. le Préfet, le 17 août, le Maire joint copie du budget de la Fabrique et ajoute : «La commune de Savennières ne possède aucun immeuble capable d'être aliéné ; il est donc impossible que nous puissions nous charger de cette dépense .»
De plus, dans cette séance du 10 août 1846 du conseil municipal de Savennières, M. le Maire avait été autorisé à assurer contre l'incendie les propriétés communales aux meilleures conditions possibles et aux compagnies qui offriront les plus grandes garanties : la Compagnie d'Assurances Mutuelles, de préférence, à toutes autres s'il est possible, le tout avec l'autorisation de l'Administration supérieure.
À cette occasion, M. le Maire est autorisé à l'entente avec les compagnies d'assurances pour obtenir une pompe à incendie. En même temps, de petits ennuis de trésorerie contrarient les travaux de réparations de l'église. Le 4 octobre 1846, le percepteur de Savennières ne peut émettre un mandat de remboursement sur le Trésor de la somme de 1900 francs, signé du Préfet, le crédit de la commune de Savennières au Trésor n'étant que de 1889,97 francs !
Le 12 février 1847 arrive la réponse, définitive des Monuments historiques : « La commission n'a pas cru devoir se proposer de prendre part aux travaux que réclame l'église de Savennières : la nature des travaux ne rentrant pas dans la catégorie de ceux auxquels doit être appliqué le crédit des Monuments historiques. » Le 19 avril 1847, le ministère de la Justice et des Cultes renvoie le devis reçu et justifie son refus le 10 juin .
Demande de subventions
La municipalité de Savennières avait fait état dans son budget d'une possibilité de financement des réparations du clocher à la hauteur de 500 francs, ce qui n'est pas «les deux tiers au moins» de la dépense.
Solution trouvée : Le 3 août 1847, le Conseil municipal s'empresse de réagir : « D'après la lettre de M. le Préfet en date du 18 juin dernier, qui statue que M. le ministre de la Justice et des Cultes demande pour accorder à la commune un secours de 300 francs destiné à faire réparer le clocher de l'église endommagé par l'incendie, que la commune crée de nouvelles ressources pour porter à 800 francs les fonds municipaux applicables à cette dépense, le Conseil, sur la proposition de son président vote huit cents francs à prendre sur la vente des terres de l'ancien cimetière.»
La vente des terres de l'ancien cimetière, situé à l'emplacement de la place du Mail actuelle, est souvent un argument pour clore les projets de budgets municipaux de cette période. Par ordonnance du 4 février 1834, la Commune fut autorisée à acquérir quatre pièces de terre pour servir à l'établissement d'un nouveau cimetière, agrandi par adjudication du 17 juillet 1887 (le cimetière actuel).
Ainsi, en 1845, le 23 mai, le Conseil autorise M. le Maire à prélever sur les fonds disponibles une somme de 500 francs destinée exclusivement aux réparations de l'église de Savennières et à vendre jusqu'à concurrence d'une somme de mille francs, destinée également aux réparations de l'église, la superficie de l'ancien cimetière.
En mai 1846, suite à une pétition d'une grande partie des habitants du bourg de Savennières, relative à la cloche fêlée de l'église servant de timbre à l'horloge, le Conseil vote une somme de 500 francs pour concourir à la refonte de cette cloche et dit que cette somme de cinq cents francs sera prise sur le produit de la vente de terres de l'ancien cimetière.
En janvier 1847, c'est une somme de quinze cents francs qu'il est envisagé de prendre sur la vente des terres du cimetière, de même les dépenses, envisagées le 30 mars 1847, sont financées complémentairement par la vente continue des terres de l'ancien cimetière.
Plus d'un an de négociations : En transmettant la décision du Conseil le 4 août 1847, M. le Maire précise : « Mais comme les réparations urgentes ont été faites de suite et qu'elles se montent à la somme de 600 francs , je vous demande à être autorisé de payer aux ouvriers cette somme avec les 300 francs de Monsieur le Ministre des Cultes et les 300 francs provenant de la vente des terres et qui sont disponibles chez M. le percepteur.» Les réparations ont été faites d'après un avis de M. Delettre, architecte, par économie et vaut adjudication préalable. Le Préfet envoie l'accord du Conseil municipal le 10 août, et le 28 août 1847, le ministre de la Justice et des Cultes répond : « Statuant définitivement sur la subvention promise, je vous expédierai prochainement au profit de la commune de Savennières une ordonnance de délégation de la somme de 300 francs sur le fonds du chapitre XI du budget des Cultes de l'exercice courant»
Le 16 juillet 1858 : la foudre tombe de nouveau sur le clocher. La réparation coûte 919 francs à la commune, le remboursement de l'assurance est de 400 francs.
Au printemps 1966, la flèche du clocher est très abîmée par la foudre. Elle est restaurée en même temps que les travaux d'électrification des cloches en 1967.
Printemps 1969, la foudre tombe de nouveau sur le clocher. Un paratonnerre est mis en place en octobre 1969.
L'ancien cimetière de Savennières est devenu la Place du Mail, propriété communale.
Source : : Louis Barrault
En 1848, le choeur de l'église de Savennières est restauré en enlevant des maçonneries qui bouchaient et muraient les fenêtres et arceaux du choeur. Un vitrail représentant saint Pierre, et dont les draperies sont traitées avec soin, destiné au choeur de Savennières, est réalisé par le verrier Charles Thierry dont l'atelier de Saint Georges-sur-Loire a été transféré à Angers en 1846.
En 1849, on installe un nouveau maitre-autel en marbre blanc, remplaçant le précédent de 1726, en conservant le retable-tabernacle, acheté à Paris en 1729. Cet autel a été offert à la paroisse par Anne Rogier de Crécy, veuve de Louis de La Tullaye. Le retable en bois doré est actuellement placé derrière l'autel.
Deux nouvelles cloches seront installées dans le clocher en 1877 après des travaux de consolidation préalables. Toutes les restaurations et travaux qui ont suivi dans l'église de Savennières ont été effectués sous la direction de l'architecte des Monuments historiques.
Louis Barrault
Sources : Délibérations des conseils municipaux de Savennières.
Archives départementales : 0 1070 pièces 06 à 70
Archives paroissiales de Savennières du diocèse.
« L'Anjou et ses monuments » Godard-Faultrier (1839).
Abbé Charon ,« Eglise de Savennières » (1974). HCLM,
« Savennières et son église » (1992); HCLM bulletin 38.
Le 7 avril, la commune de Savennières a signé une convention de souscription avec la Fondation du patrimoine, dans le cadre d'une campagne qui vise à encourager le mécénat populaire ou d'entreprise en faveur de la sauvegarde du patrimoine de proximité pour le financement de la phase 2 de la restauration de l'église.
Le chantier de restauration actuel, de grande ampleur, intervient 175 ans après la grande restauration de 1845 qui a suivi le classement de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Romain monument historique en 1840. Les estimations des travaux pour la rénovation complète du bâtiment (extérieur et intérieur) non compris la rénovation complète des décors peints) s'élèvent à 2 437 571 TTC. Ces travaux de restauration sont organisés en deux étapes, ceci afin de limiter l'endettement de la commune, mais sans laisser les désordres aggraver l'état du bâtiment.
Cette seconde phase (jusqu'à août 2021) va permettre aussi de restaurer totalement la charpente, la couverture, les vitraux et la maçonnerie des portails et des façades, occidentale et méridionale, qui font l'attrait, le charme et l'originalité de cet ensemble pré-roman qui ne se rencontre nulle part ailleurs dans de telles proportions.
Sur les façades, occidentale et méridionale, de la nef, les opérations de restauration sont de différents ordres :
Sur le collatéral nord, les travaux sont du même type pour la maçonnerie, sans le travail sur les arêtes de poisson. Reprise avec : voligeage complet, couverture ardoise pose au clou cuivré, remplacement des chéneaux, pose de gouttières en cuivre. Le montant du projet à financer pour la deuxième phase de travaux correspond à 439 670,44 €.
L'église est affectée à la paroisse de Saint-Pierre en Val-de-Loire. Elle est ouverte tous les jours de l'année par des bénévoles pour permettre une visite par les habitants et les touristes. Des visites guidées sont spécialement organisées pour les journées du patrimoine et sur rendez-vous pour des groupes (se renseigner auprès de la mairie).
Dans cet édifice, de nombreuses activités culturelles s'y déroulent : les Journées européennes du patrimoine en collaboration avec la commune, des concerts de musique de très grande tenue avec des artistes de renommée internationale organisés annuellement par : l'association "Musique dans les vignes"(mois de juin) - l'association 'Musique baroque" (fin août) des concerts avec les chanteurs de la ville jumelée de Villadiego , de nombreux autres concerts organisés par les chorales locales et angevines ou par des associations (l'association "Terre à Vins, Terre à Livres", l'association " Vivre à Djinadio ", etc.)
La commune pilote cette opération mais a souhaité y associer de nombreux partenaires :
Louis Barrault
Vous avez vu durant cet été 2023 les échafaudages entourant le clocher de Savennières pour permettre sa restauration. Cette restauration a été décidée début 2002, pour la tour en maçonnerie du clocher. Les travaux portent sur les 4 façades de la tour. Le diagnostic fut établi en février 2002 par Madame Valérie Legrand (architecte du Patrimoine).
Diagnostic sans appel : blocs de tuffeau éclatés et desquamés, les pierres de schistes sans joints, ragréage en ciment, etc. Habitué à voir l'Église tous les jours, on s'habitue aux détériorations. Les travaux ne pouvaient plus attendre, des pierres tombaient sur la chaussée et des chaînages menaçaient la sécurité des personnes.
Avec ces interventions, il a été prévu de restaurer les vitraux, installer des protections, remplacer le paratonnerre et réaliser quelques travaux de couverture. Tout cela avec un échafaudage de pied, sapine et tunnel, sans oublier une déviation poids lourds !
(Pour l'anecdote, le portique de pré-signalisation fut emporté à maintes reprises). L'État intervient comme maître d'œuvre.
Monsieur Dominique LATRON et Monsieur Hugues POULAIN, assistés par un économiste,Monsieur AUBRON.
L'entreprise HORY-CHAUVELIN a remplacé les tuffeaux et les a patinés pour éviter des surfaces lisses, des arêtes rectilignes et a appliqué une teinte pour obtenir une couleur « vieillie ».
L'entreprise BARTHE-BORDERAU dirigée par M. Philippe ROLLO a restauré les vitraux.
(M. Philippe Rollo restaure actuellement le plus vieux vitrail du monde, celui de la cathédrale de Poitiers, daté de 1160.)
Les cloches ne peuvent être posées directement sur les maçonneries, car elles leur transmettraient des vibrations dangereuses. Elles sont donc montées sur un ouvrage en charpente, appelé beffroi, qui forme une cage carrée fortement entretoisée.
La partie haute est largement ouverte, pour que le son puisse s'échapper sans que les intempéries endommagent les bois du beffroi. Il faut des poutres maîtresses pour suspendre les cloches. La flèche forme caisse de résonance et abat-son : plus les cloches sont haut placées, plus le son porte loin.
Marie :
« Le 14 mai 1734 , les frères Pierre et Charles Labry, maîtres fondeurs de la ville d'Angers, ont fondu dans le grand cimetière de cette paroisse la grosse cloche de notre église et ils n'ont mis que 10 jours à faire cette cloche.» Elle pèse 1630 livres ; elle a été nommée Marie. (Signé Joseph Halnault, curé)
Anne : Le 26 novembre 1743, bénédiction par François Halnault, curé de Saint-Maurice d'Angers (et neveu de Joseph Halnault), de la moyenne cloche nommée « Anne » ; son parrain est Charles-Jean Poulain de la Guerche et sa marraine Marie-Anne de la Tullaye. Elle pèse 1381 livres pour façon, 160 livres pour déchets à la fonte de l'ancienne qui pesait 1308 livres à 5%, 65 livres et pour augmentation de métal 73 livres, le tout se montant à la somme de 369 livres 8 sols payés à Pierre Taunay, dit Laby, fondeur qui l'a forgée en sa maison près de Saint Aubin d'Angers (archives paroissiales).
Une nouvelle cloche au moins a remplacé les deux précédentes , car le 3 novembre 1844, il est noté « fêlure d'une cloche de l’église » (archives paroissiales). Le 27 juillet 1846, on a descendu la cloche pour l'envoyer à Angers pour la fondre parce qu'elle était cassée et qu'elle ne sonnait plus depuis un an. Elle a été fondue le 11 septembre et remontée le 20 du même mois 1846 avec une seconde cloche, donnée par les habitants de Savennières.
La grosse cloche pèse 1344 livres et la seconde 642 livres. » (D’après le manuscrit rédigé par Jacques Thibault, tonnelier à Savennières décédé le 9 août 1857.) La plus grosse « Sophie-Gustave » a été bénite le 20 septembre 1846 par l'abbé Bernier, vicaire de la cathédrale d'Angers et avait pour parrain Gustave de Jourdan et pour marraine Sophie Fourmond, veuve de M. Leglou.
Pour la plus petite « Louise », son parrain était Ernest-Jacques Duboys d'Angers et sa marraine. Marie, Louise Fourmond Desmazières. » (Archives évêché P 135).
Juliette-Charles et Madeleine-Émile : « En septembre 1877 ,deux nouvelles cloches :
« Juliette-Charles », 482 kg, du nom de sa marraine Juliette Mauzé, épouse de Gaston Duboys-d‘Angers et de son parrain Charles de la Guesnerie .
L'autre « Madeleine-Émile » 200kg , avait pour parrain le baron Brincard et pour marraine Madeleine de la Guesnerie. (Archives évêché 0P3152)
Ces quatre cloches ont été électrifiées en 1969. « À Savennières, le sonneur de cloches s'en va : une page vient d'être tournée sur le passé, nous ne verrons plus le sonneur de cloches prendre le chemin de l'Église.» Les difficultés de recrutement ont décidé la municipalité à faire électrifier les cloches, c'est maintenant chose faite. Ce n'est pas sans une certaine nostalgie que l'on évoquera désormais le souvenir de ce passé encore récent où le sonneur était présent à chaque évènement important de la vie.
Parallèlement aux travaux d'électrification, la flèche du clocher très abîmée par la foudre, au printemps dernier, a été restaurée et s'est enfin débarrassée de sa ceinture d'échafaudages pour reprendre son aspect normal. (O-F oct. 69).
Le service des cloches était assuré par Mme Dubreil et son fils René avec l'aide de Louis Gautier et Joseph Ménard.
Le balancier long de 9 mètres (oscillation simple 3 secondes) ainsi que les rouages de l'horloge auraient été construits en 1780 par le Frère Désiré Chalgrin, moine de l'abbaye de la Rossignolerie (actuellement le lycée David-d'Angers).
Il comportait 2 mouvements à poids, d'une durée 24 heures sonnant les heures et les demies-heures, l'échappement étant à chevilles. Elle est unique dans le département . (Georges Esnault)
L'horloge a été électrifiée en 1936, son balancier en bois a été conservé.
Surmontant le clocher, le coq a aussi son histoire. Son usage comme girouette remonte à la Grèce. Virant à tous les souffles du vent, il fait le guet, inspecte l'horizon et met en fuite les démons. (C.O. du 9 2-1967).
Le 25 Juillet 1730, Pierre Royné descend le coq qui est sur la croix du clocher, le répare et le remonte.
Le 31 octobre 1737, Pierre Royné, le jeune, met sur le clocher un nouveau coq en cuivre qui coûte 18 livres.
En 1911, un coq plus jeune est placé par M. Yvon et en 1933, il fut descendu et réparé, graissé par M. Veaux de Savennières
En 1967 ce dernier coq a été descendu à son tour.
Un paratonnerre a été mis en place en octobre 1969. « Espérons que le paratonnerre qui maintenant surplombe le coq préserve désormais notre vieux clocher des méfaits de l'orage.» Seul à ne pas apprécier cette mesure de sécurité, le coq refuse obstinément depuis les travaux de remplir son office de girouette. Après être resté figé pendant de nombreux jours en direction du sud, la récente tempête l'a tout de même contraint à s'orienter vers l'ouest, où il semble s'établir définitivement. Dommage qu'il ne daigne plus indiquer la direction des vents, son service étant très apprécié dans nos villages où le temps est déterminant dans le travail des cultures » (O. F. octobre 1969).
L. Barrault.
Source :Histoire des Coteaux de Loire et de Maine no 38
L'Oratoire est situé au carrefour Leglou, en direction de la route de La Possonnière.
Il a été construit au XVIIIe siècle, les religieux de St-Serge ayant été gratifiés de la paroisse, y établirent un prieuré régulier, avec chapelle sous le vocable de St Romain, à distance de l'église paroissiale reconstruite et sur l'emplacement peut-être de la primitive église.
On y a trouvé, en détruisant le choeur, les restes d'une mosaïque en petits cubes de pierre dans une baie de mortier, de nombreux cercueils de pierre coquillière et quelques chapiteaux du XIIIe siècle, qui restent recueillis dans un jardin.
L'enclos dans le bourg attenait vers l'Est et vers le Sud aux préaux de la maison seigneuriale de la Guerche, et avait pour dépendance la métairie de la Moinerie. Au XVIIIe siècle, c'est le déclin, et il n'y a plus de moines.
Un décret épiscopal du 14 octobre 1773 autorisa le dernier prieur, à détruire la chapelle, à charge de la reconstruire dans le délai de dix-huit mois, obligation supprimée par décret nouveau du 18 avril 1774, à la condition d'élever sur la place un reposoir avec table et croix de pierre pour l'exposition du Saint-Sacrement le jour de la Fête-Dieu et de donner tous les ornements à l'église paroissiale.
L’Oratoire sera dédié à Saint Romain, protecteur de la paroisse.
L'oratoire Saint-Romain est aussi un lieu de mémoire et d'histoire, qui rappelle le rôle de Savennières dans la résistance à l'occupation anglaise pendant la guerre de Cent Ans. En effet, selon la tradition, c'est à l'oratoire que se serait réfugié le connétable Bertrand Du Guesclin, après la bataille de Pontvallain, en 1370, où il avait infligé une défaite aux Anglais.
L'oratoire aurait été le lieu d'une entrevue entre Du Guesclin et le roi Charles V, qui lui aurait confié le commandement des armées françaises .
Source : Cette tradition est rapportée par la Chronique de Bertrand du Guesclin, un poème épique composé par le trouvère Cuvelier au XIVe siècle, qui célèbre les exploits du héros.
Romain est probablement né dans les années 3902, sans doute originaire de Séquanie, en Bourgogne, au hameau de Cessiat de la commune d'Izernore dans le Haut-Bugey, non loin de Nantua, actuel département de l'Ain.
Trois étapes constitutives de sa vie :
Pour leur sœur Iole (ou Yole), ils bâtissent également près de Lauconne le monastère de la Balme sur une caverne, d'où son nom (cf. baume, balma ou barma : cavité ou grotte dans un rocher).
Paysage du Haut-Bugey, la vallée de l'Ain vue du village de Bolozon.
Vers 425, à la mort de leur père, Romain décide de se retirer comme ermite dans les montagnes du Jura. Il prend son chemin vers l'est, traverse de grandes forêts, finissant par atteindre La Bienne. Il vient de trouver ce qui lui convient : de la terre labourable, des arbres et du silence.
À Condat (Condadiscone), il trouve refuge sous un grand sapin solitaire dont les branches épaisses forment une sorte de voûte impénétrable à la pluie. En dehors de l’abri jaillit une fontaine fraîche où il peut se désaltérer. Sa nourriture est constituée de baies sauvages.
Le reste : deux livres, La Vie des Pères du Désert et les Institutions de Jean Cassien, qu'il lit et médite au quotidien, plus une bêche et des graines qu'il a apporté avec lui. Ainsi, il va ensemencer l'espace désertique pour bientôt vivre de ses récoltes. Il vit là quelques années comme s'il était dans le désert égyptien de la Thébaïde. Son frère Lupicin vient le rejoindre quelques années plus tard avec deux adeptes venus de Nyon. Ils prient tous les jours en se prosternant contre terre et en vivant du fruit de leur labeur. Petit à petit, ils font des disciples, qui deviennent toujours plus nombreux.
Aussi, pour les recevoir, ils établissent vers 445 l'ermitage de Condat. Romain reproduit alors le modèle des cellules (kellia) initié par saint Amoun et saint Antoine le Grand au désert de Nitrie. Puis une église est construite sous le patronage de Pierre, Paul et André. Assez vite, il devient une référence dans la région et fournit bon nombre de nouveaux religieux se répartissant dans toute la province de Séquanie et sans doute au-delà. Si Condat doit beaucoup à Ainay, d'autres monastères doivent à Condat.
Quand les rois francs règnent sur la Bourgogne, ils attribuent des aides à l'ermitage devenu monastère. Au début du VIe siècle, le quatrième abbé, Saint Oyend (Eugendus), transforme le site à la suite d'un incendie et supprime les cellules pour regrouper les frères.
Après sa mort vers 514, le monastère de Condat va prendre son nom : Saint-Oyend de Joux. À la fin du VIIe siècle, la renommée des miracles de saint Claude commence à éclipser celle de saint Oyend, mais ce n'est que vers le XIIe siècle que le monastère fondé par saint Romain et son frère, ainsi que la ville qui grandit autour, prennent définitivement le nom de Saint-Claude.
Le deuxième monastère qu'ils organisent ensemble est celui de Lauconne, alors à la limite du diocèse de Besançon. Lupicin, qui s'en occupe davantage, y créer un oratoire et dirige 150 moines avec la même règle, mi-cénobitique, mi-anachorétique, qu'à Condat. Saint Romain établit le fonctionnement monastique en se basant sur ses lectures, les observances de Lérins, la règle de Saint Basile et celle de Pacôme. Elle est dite règle de Tarnate (regula tarnatensis) fin VV début VI (initialement pratiquée à l'abbaye d'Agaune). Au VII, les moines finissent par adopter la règle de Saint Benoît. Et au XII, le monastère est classé comme prieuré.
L'abbaye de Romainmôtier en 2019.
À la suite d’un pèlerinage à Agaune, saint Romain et son frère fondent très probablement vers 450 sur le versant oriental du Jura le premier monastère de l'actuelle Suisse, qui prit plus tard le nom de Romainmôtier (entre Orbe et Vallorbe, dans le canton de Vaud) et qui va durer jusqu'à l'introduction de la Réforme protestante, en 1536.
Probablement dégradé vers 610 par les Alamans, il est repris et transformé à l’instigation du duc bourguignon Chramnelène dit Félix, vassal de Clovis.
L’abbé Gudinus s'entoure de disciples de saint Colomban, et saint Wandrille y passe dix ans, de 636 à 646. Romain et Lupicin sont deux frères dont les cheminements spirituels et le caractère sont fort différents, mais bien complémentaires. Plutôt que de s'opposer, ils unissent leurs différences, pour se rejoindre dans un même service de Dieu. Romain garde la direction de Condat et confie Lauconne à Lupicin. Romain est indulgent, doux et patient, Lupicin, déterminé, voire intransigeant. Quand le relâchement s'introduit à Condat, Lupicin reprend les choses en main et rétablit la discipline. Quand les moines de Lauconne commencent à se décourager de trop de rigueur, Romain devient leur supérieur, les faisant dormir et manger davantage, leur rendant bonne humeur et santé. La Gloire de Dieu, dans les deux cas, y trouve son compte.
Chapelle de Saint-Romain de Condat à Pratz.
Saint Romain et saint Lupicin installent leur sœur Iole comme abbesse de leur fondation pour moniales au monastère de la Balme, sur un rocher surplombant une combe pittoresque et s'ouvrant sur la rive droite de la Bienne, appelé ensuite Saint-Romain-de-Roche, (aujourd'hui à Pratz, commune de Lavans-lès-Saint-Claude). Jusqu’à 500 religieuses occupent le monastère.
Âgé d'environ 70 ans et sentant sa mort venir, Saint Romain vient rendre visite une dernière fois à sa sœur, puis il fait venir ses religieux auprès de lui pour les saluer et les réconforter avant de céder à son frère la supervision des monastères. C'est ainsi qu'il meurt vers 460, et que son corps est déposé dans l'église surplombant la Balme.
Ce monastère devient au VII un simple prieuré d'hommes dépendant de l'abbaye de Saint-Claude. Celle-ci enlève les reliques pour en enrichir sa propre église. Pendant tout le Moyen Âge, il y a des moines à Saint-Romain.
En 1630, les religieux de Saint-Claude fuyant la peste se retirent dans la paroisse de Saint-Lupicin et tiennent le chapitre à Saint-Romain .
Un pouillé est un inventaire de tous les lieux de culte d'un diocèse. Il consigne avec précision, selon les divisions de l'organisation ecclésiale (archiprêtrés, doyennés, paroisses) diverses informations. Pour chaque établissement (abbaye, cure, chapelle), il indique le « présentateur», c’est-à-dire le « propriétaire ». Celui-ci avait pour obligation de garantir le service religieux, mais il gardait le privilège de percevoir les revenus (les dîmes, attachés à ce service, et il avait le droit de choisir le prêtre assurant le culte, le rôle de l'évêque se réduisant à valider cette nomination sauf si la cure était propriété de l'évêché, ce qui représentait 1/3 des édifices culturels dans le diocèse d'Angers.
Ajoutons que ce pouvoir de nomination attribué aux évêques était encore limité par la faculté accordée aux curés de « résigner », c'est-à-dire de désigner leur successeur (ou de permuter avec un confrère) : c'est ainsi que, pour la paroisse du Petit-Paris -attachée à celle de Saint-Martin-du-Fouilloux à la Révolution), le curé Mathurin Rompion cède sa charge à son neveu, Jean-Baptiste, de sorte que la cure restera dans la famille durant plus de 50 ans.
Ces anciennes institutions peuvent sembler bien lointaines et bien archaïque le vocabulaire qui leur est inhérent. Pourtant, si l'on franchit ces préventions, la consultation des pouillés est riche d'informations qui peuvent éclairer notre présent et, surtout, nous faire prendre la mesure des contrastes entre la société d'Ancien Régime et la nôtre
Nous avons la chance de disposer du Pouillé du diocèse d'Angers, établi en 1783 et publié en 1905 par l'abbé François Uzureau (1866-1948), remarquable érudit et auteur fécond de publications sur l'histoire de l'Anjou.
Il s'agit d'un ouvrage vénérable, consultable aux Archives départementales et sur Google, Imprimé par ordre de Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Michel-François Couet du Viviers de Lorry.
Ces chapelles, très modestes pour beaucoup, s'affirmaient-elles dans les paysages de nos campagnes ?
Rien n'est moins sûr. D'ailleurs, même les églises, pourtant au coeur de la vie sociale d'alors, étaient, pour beaucoup, moins éminentes et moins imposantes que leurs filles d'allure prétentieuse reconstruites au XIXe siècle. Mais passons à la revue de détail !
À Béhuard, la cure n'a pas encore été « érigée » (c'est-à-dire reconnue comme autonome) : le curé est nommé par son confrère de Denée.
La cure d'Épiré appartient au Chapitre de Saint-Maurille d'Angers qui nomme donc le curé. Mais la chapelle Notre-Dame est propriété de la cure !
À Savennières, la cure est sous la dépendance de l'abbaye Saint-Serge. De même, la chapelle Saint-Jacques de la Possonnière. Mais celle de l'Alleu relève du curé de Savennières, qui doit nommer le chapelain : étrange imbrication de dépendance et de souveraineté ! Quant à la « chapelle simple et régulière » Saint-Romain, elle est propriété « de plein droit » de l'abbé de Saint-Georges (et non pas de l'Abbaye : est-ce différent ?) ; l'oratoire Saint-Romain, récemment restauré, maintient le souvenir de cette chapelle. La paroisse comprend plusieurs autres chapelles ; celles des châteaux de « Varannes » (Varennes), de la Foresterie et de la Rousselière, dont les chapelains sont nommés par les seigneurs du lieu. D'autres encore appartiennent à leurs fondateurs, qui transmettent par héritage, la propriété de l'édifice mais aussi du service cultuel, fût-il intermittent ou virtuel : la « chapelle de la Passion » est propriété de « l'aîné des Filions ». La « chapelle des Gaudins » reste à « l'aîné de la famille ».
Aux Archives départementales, de volumineuses liasses (cote C 2725) apportent une infinité d'informations sur cette « fondation » : de nombreux parchemins du XVe siècle, parfois en latin, sont quasiment illisibles pour un paléographe amateur.
Qui sont ces « Gaudin », fondateurs et propriétaires de cette chapelle sise à proximité immédiate de l'église de Savennières (en témoignent des documents mentionnant des échanges ou ventes de minuscules parcelles de terrain) ? Les registres paroissiaux font état de familles Gaudin (vignerons pour la plupart) depuis le XVIIe siècle jusqu'à aujourd'hui. Sont-ce leurs aïeux qui sont les fondateurs au XVe siècle ? Probablement. D'autres laïcs fondateurs ont généreusement cédé à l'Église leur chapelle et les bénéfices (revenus de terres, prés ou vigne,-souvent de très petite superficie, qui y sont attachés) : ainsi la chapelle Notre-Dame, offerte à l'évêque par Guillaume Lecomte ; les chapelles de l'Assomption et Sainte-Catherine (liée à l'école), données par la famille Boistulé « au curé et au procureur de la Fabrique ». Quelle était la condition sociale de ces familles fondatrices de chapelles ?
Les actes des registres paroissiaux nous montrent, fixée sur Savennières et Épiré, une grande famille Boistule constituée de vignerons et courant sur plusieurs siècles : propriétaires ou simples journaliers ? Il fallait bien quelques ressources pour bâtir ces chapelles ! Savennières en était alors parsemée (avec sans doute autant de chapelains, résidents ou non) : qu'en reste-t-il aujourd'hui ?
Source : Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 6 N°1,1904
L’église est avec celle du Lion d’Angers la seule du doyenné a posséder des éléments du Xe-et du XIe siècles. De plus, la découverte de sarcophages coquilliers à côté de l’actuelle église montre que l’occupation du sol est très ancienne. Le comte Lambert de Nantes y aurait été enseveli en 852, comme le rapporte la Chronique de Nantes. Le terme de vicus apparaît dans la uita de Saint Maurille. Cette affirmation est confirmée par le choix de ce lieu de sépulture par le Comte Lambert.
La paroisse initiale, comme celle de Bouchemaine, regroupe plusieurs lieux de peuplement comme la Possonnière ou l’Alleud. Le site Repos, au Nord Est probablement celui d’une dépendance de la villa du fisc Iohannis Villa. Cette exploitation, de nouveau mentionnée vers 1050 dans le cartulaire du Ronceray, est citée dans un diplôme du 23 juillet 848. Cette localisation est cependant contestée. Aucune trace archéologique du peuplement n’a été mise en évidence sur ce site, et aujourd’hui, il n’existe pas de peuplement significatif. Mais l’étude du paysage rural et des toponymes de ce terroir montre l’existence d’une vaste zone dépourvue de toponymes avec une couronne de toponymes en ière et erie et plus loin en ais.
La forêt du Fouilloux venant se terminer vers la Forestrie. C’est sur ce lieu-dit que furent trouvées des briques romaines et, tout à côté, à Gonnord, 2 pierres gravées, possibles bornes milliaires trouvées au XIXe siècle. La paroisse s’étendait sur environ 4000 hectares avant la création de La Possonnière au XIXe siècle. C’est une taille considérable allant de la Loge au sud-ouest à Chantourteau au nord-est, avant que cette dernière partie n’en fut détachée au XIIe siècle, soit environ 9 km.
La profondeur de la paroisse est plus grande qu’à Bouchemaine, la lisière de la forêt s’éloignant de la vallée de la Loire pour être à environ 4 km au niveau de l’actuel village de la Possonnière. Cet écart étant destiné à devenir au XIIe siècle un prieuré de l’abbaye Saint-Serge. Les sources mentionnent de nombreuses activités sur la Loire dont le lit est proche de la rive élevée du Nord. La Pierre-Bécherelle semble avoir été un lieu de passage et de reconnaissance important limitant les territoires des uns et des autres. De même, le site au nom évocateur des Forges est cité dès 1028. Outre la protection contre les crues, cette disposition, à cause de la profondeur nécessaire du chenal et de la direction des vents dominants, fait que la navigation longeait cette rive. À l’extrémité de la paroisse vers l’Alleud, la vallée s’élargit et il existe quelques prairies inondables entre le lit mineur et la rive nord.
Les limites de la paroisse sont évidemment le fleuve au sud, la forêt au nord-ouest, la limite généralement naturelle avec Bouchemaine au nord-est et au sud-ouest le petit ruisseau du Grouteau, trop-plein naturel des étangs de Chevigné.
La limite nord-ouest avec la forêt, puis plus tard avec la paroisse de Saint-Martin-du-Fouilloux suit un chemin qui ressemble à un front de défrichement intermédiaire.
La titulature de la paroisse à Saint Pierre corrobore l’idée de l’ancienneté de la paroisse.
Ce sont les sources les plus nombreuses. Elles proviennent essentiellement des grandes abbayes locales. Ce sont les cartulaires, pièces maîtresses de nombreux chartriers.Ils contiennent des copies d’actes, compilées sous forme de volumes ou parfois de rouleaux, à l’initiative du détenteur. Pour Olivier Guyotjeannin, c’est une transcription organisée, sélective ou exhaustive, de documents diplomatiques, réalisés par le détenteur de ceux-ci ou pour son compte, afin d’en assurer la conservation et l’antériorité des droits. Il s’agit de copies reconstituées ou recopiées plus ou moins tardivement.
Ce sont ces méthodes et ces buts qui vont entraîner la création de nombreux faux, par la date de l’écriture et/ou par le contenu, destinés à prouver et à conforter les prétentions des abbayes. Ces cartulaires deviennent très riches aux XIe et XIIe siècles et sont les héritiers directs des libri traditionum des abbayes qui enregistraient au fur et à mesure les donations reçues, souvent in eleemosynam, pour le salut de l’âme des donateurs ou de leur famille. Les actes contenus, les chartes, sont souvent univoques, une seule partie les rédige et ils ne constituent pas des contrats synallagmatiques au sens moderne du terme.
C’est dire l’importance du ou des témoins à l’acte : ils sont censés lui donner toute l’authenticité souhaitable. La signature autographe en croix des personnages les plus importants comme les comtes d’Anjou, a un caractère symbolique, une preuve d’un engagement fort, proche du serment. Ce sont les cartae avec le souci strict du respect de la forme, de la diplomatique.
Comme l’a fort justement étudié Dominique Barthélémy, vers 1060 cette forme devient plus rare, elle est remplacée par des formules comportant la liste des témoins puis, pour les actes moins importants, une simple liste d’assistants, classés suivant leur catégorie (moines, clercs, Comte, familiers de ceux-ci ou simples personnages de l’entourage des donateurs.).
Source= Doyenné de Candé par Michel PECHA
CXX I- Entre 1121-1127, Bernold des Courraies de Savennières donne divers biens sur Pruniers à Saint-Aubin.
CCCCLII I- Entre 1149-1151, Saint-Aubin vend une terre à la Roche Joulain et reçoit en échange partiel un vignoble aux Forges.
CCCCLXXXVI - Entre 1157-1189, chirographe constatant le don de la terre des Forges par Aremburge militaria, et son fils Robert Gascher.
B 148-fin du XIe siècle
Oger Bardoul, soucieux de son salut et de son âme, après qu’il eut donné avec d’autres au monastère des saints martyrs Serge et Bach, l’église de Savennières en acceptant l’argent des moines, voulant offrir en aumône (elemosinam) quelque chose de ses propres biens, sans contrepartie, vint de nouveau au Chapitre des moines avec son épouse, Griscia, et donne en ce lieu toute la part des sépultures qu’il a jusqu’alors sur l’église de Savennières ; il donne aussi à Saint-Serge, après sa mort, la maison qu’il avait à Savennières et trois arpents de vignes qui après sa mort seront tenus des moines ; il le fait pour le rachat de ses péchés en même temps que pour l’âme de ses parents ; il donne aussi un manse au Plessis-Macé, mais les moines devront demander l’autorisation de ce don à Matthieu .
Sont témoins Stéphane de Gisois, Mainard clerc de Savennières, Griscia son épouse, Roland qui, en recevant le bénéfice du lieu, donne son accord aux moines pour l’amour de Dieu et des saints martyrs, pour tout ce qu’ils tiennent de son fief à Méral.
B - 371- Du milieu du XIIe siècle, Oger de La Possonnière donne aux moines de Saint-Serge, entre autres, une couche de terre à condition que les moines donnent annuellement douze deniers à saint Pierre de Savennières
I - Du 14 juillet 1028, énonce les dons de fondation de l’abbaye du Ronceray, et en particulier la terre arable des Forges par Gui-le-Trésorier ainsi que celle apud fossas villam fiscalem domanus vivarium opime piscatoris et 30 pratum arpentum.
- CCI- Indiquée vers 1130, mais en fait antérieure à 1028, Gui-le-Trésorier vouant sa fille à une virginité perpétuelle donne au Ronceray deux manses de terres arables.
- CCII - Vers 1115, concerne les Fosses sur Loire, possible Fossés Neufs, contestation sur l’eau stagnante entraînée par la construction de pêcheries et inondant les près.
- CCII I- Vers 1115, rappelant la notice CCII.
- CCIV- Vers 1110, dons de terres et de viviers aux Fosses. -
- CXCVIII - avant 1110, Le Ronceray donne la moitié d’une terre aux Forges, à planter en vignes à onze personnes moyennant le paiement du vinage et le revenu d’un quart des terres.
- CXCIX - Vers 1112, don de l’autre moitié de la terre ci-dessus, soit dix arpents, à 9 personnes devant les cultiver en grains et sous réserves du paiement des droits.
- CXCVII - Vers 1112, Haie, épouse de Raoul Chabot, son fils Pierre et ses deux filles vendent la moitié d’un arpent de vignes aux Forges, au Ronceray.
- CC - Vers 1116, contestation du droit de vinage sur deux arpents de vignes aux Forges par Bernard l’Allemand, orfèvre d’Angers, le Ronceray trouve un accommodement, il fournira des objets travaillés en orfèvrerie à un moindre prix et il donne du poisson au Ronceray en remerciement.
- CCLXXVIII- Vers 1050, à Andillé en Savennières, Rainier et Ranulfe donnent un manse de terre au Ronceray et l’abbesse achète à Trédent un manse de terre à Mainard.
- CCLXXX - Vers 1050, plusieurs milites qui possèdent l’église de Savennières veulent enlever au Ronceray les dîmes sur un manse de terre en deçà du ruisseau l’Ebrion (Brionneau), vers Savennières. Le procès est porté devant le comte Geoffroy-Martel qui ordonne un duel auquel les milites refusent de se soumettre, les religieuses récupèrent leurs droits.
- CCLXXIX- Vers 1110, Maurice de Saint-Quentin donne au Ronceray la terre d’Andillé libre de toute coutume sauf la dîme, affranchie du cheval de service et de la chevauchée.
-XXV- Entre 1056-1060, mention de la Pierre-Bécherelle.
-LXXV- Entre 1060-1070, au sujet de la dîme de la paroisse
-XIII- En 1060, (peu après la mort de Geoffroy-Martel) Buhard-le-Breton, miles, donne à Saint-Nicolas deux îles sur la Loire dont la Roche Béhuard et trois bordages de terres sises à la Bigotière (paroisse de Rochefort-sur-Loire). Le comte Geoffroy-le-Barbu autorise cette donation..
-XIV- Entre 1076-1080, Girard Folet, prévôt d’Angers, qui avait sauvé la vie de Foulque-le-Réchin, blessé grièvement à la jambe à la suite d’un accident de cheval au siège de la Flèche et se faisant transporter par eau à Angers, faillit sombrer sur le Loir à Corzé, reçoit en récompense le ductum aquae à la Roche Béhuard et le redonne à Saint-Nicolas moyennant six livres.
- CCLXIII- Entre 1109-1116, Foulque V, alors qu’il avait été blessé et avait échappé à un naufrage sur le Loir, donne à Saint-Nicolas l’eau de la Loire qu’il possède en propre à la Roche Béhuard, pour améliorer le canal de leurs moulins, pour la subsistance des moines et l’amour de Jean, médecin et moine de Saint-Nicolas.
-CCXCV & CCXCVI - (cette dernière serait fausse d’après Y Mailfert) Entre 1118-1136, Isaac de Bécon a reçu de Saint-Nicolas le bénéfice de l’abbaye et 22 deniers et une obole de la taille sur une maison et la terre de Savennières.
-CCXCIX- entre 1080-1096, sainte, fils de Savin de la Savinière, a donné aux moines la moitié de sa terre et tout le bois avec le consentement d’Isaac de Bécon, son seigneur.
-CCCV- de 1135, Geoffroy Plantagenêt, à la prière de l’abbé Jean et pour le repos de son âme et de celle de sa femme, l’impératrice Mathilde et de ses fils, donne à Saint-Nicolas l’eau de la Loire à la Roche Béhuard, sous l’ancienne écluse des moines avec les îles, le droit d’établir une écluse, des moulins, et des pêcheries.
-CCCXVII- Du 9 septembre 1170, Matthieu Garell, miles, donne à Saint-Nicolas une petite île de la Loire sise à la Roche Béhuard près de la chapelle de l’écluse de Saint-Nicolas pour le repos de l’âme de son frère et de son père enterrés dans le cimetière de Saint-Nicolas et pour son salut et celui de sa famille.
Elle énumère les possessions de Saint-Serge, dont ecclesiam sancti Petri et sancti Romani de Saponariis...
-221 G 1- fondation (XVe)
-221 G 2- Impositions (XVe)
Uillam in pago andecavo, no longe ab alveo Ligeris sitam, quae appellatur Iohannis villa, cum ceterisque appendictiis Canciaco et Andilliaco... Andillé et Nimiacus (peut être sur la commune de Sainte Gemmes) et Iohannis villa étant plus difficile à situer.
Ces lieux sont cédés par Charles-Le-Chauve à Saint-Florent
Le 23 juillet 848. Iohannis villa ayant comme dépendance Canciacus Chazé sur Argos.
-Uita Maurillii -, Sept T IV p 75 (copie du XVIIIe siècle) : Vicus Saponaria (au VIIe siècle).
Source =Doyenné de Candé par Michel PECHA
Godard-Faultrier écrivait, en 1839 :
"L'esprit de paroisse, chose remarquable, est organisé dans les cimetières. Primitivement, la tombe a été le point de ralliement de la famille chrétienne. Les chrétiens réunirent leurs morts dans de vastes centres, avant de se réunir eux-mêmes ; ces lieux devinrent sacrés et d'augustes sacrifices s'y célébrèrent. L'autel fut un tombeau et le tombeau le fondement de la paroisse. Au nombre de ces centres primitifs de la famille chrétienne en Anjou, furent, à n'en pas douter, Brissarthe, Gennes, la place du Ralliement à Angers et Savennières, autour duquel il y a tout un peuple de morts, gisant dans des cercueils de pierres coquillères de Doué.
Leur nombre a paru si merveilleux à nos pères qu'il a donné naissance à la tradition suivante, que M. Richard de La Possonnière a bien voulu nous faire connaître. Sur ces magnifiques coteaux étagés en amphithéâtre, où le raisin doré semble sous les feux du soleil distiller du miel, sur ces rives de la Loire où le saule se mire en tremblant dans le cristal des eaux, aurait eu lieu, jadis, un grand combat de Gaulois et de Romains, si tumultueux et si terrible que la plupart des combattants restèrent sur le champ de bataille ; les morts s'amoncelèrent sur les bords d'un ruisseau encore nommé aujourd'hui d'Ecorcherie.
Un cavalier, en passant au milieu des cadavres, en aurait eu jusqu'à la hauteur de selle, le sang coulait à pleins bords dans les ravins du coteau. Romain, guerrier païen, jetant un regard triste sur ces débris de deux armées et les voyant sans sépulture, se prit à dire : Dieu des chrétiens, j'embrasse ta religion, et toi, église sainte de Savennières, je fais voeu de te donner une croix d'or, du poids d'un boisseau de bled, s'il arrive que tous les corps trouvent à l'instant chacun leur cercueil. Le miracle s'opéra ; soudain, on vit les cadavres se redresser, s'entraider à relever leurs restes mutilés, leurs membres épars, puis disparaître comme des ombres dans ces mêmes cercueils où nous découvrons tous les jours des ossements.
Romain accomplit son voeu, donna sa croix d'or, se fit chrétien et, depuis, on éleva une chapelle sous son invocation. Cette tradition nous semble très mal expliquer le grand nombre de cercueils que l'on voit à Savennières ; cependant, si elle est bien authentique, elle s'accorde parfaitement avec la date que nous croyons devoir assigner à l'emploi des cercueils en pierre de Doué, car nous pensons que la plupart ont appartenu aux chrétiens de l'ère gallo-romaine.
N'oublions pas, et cela confirme nos conjectures, qu'ils sont situés autour de la plus vieille église de l'Anjou. Tout le sol où est placé Savennières, nous écrit M. Blordier Langlois, est couvert de ces tombeaux en pierre coquillère. J'en ai vu découvrir et briser quand on creusa pour les fondements de la maison commune ; j'en ai vu à la sortie de Savennières sur la route de La Possonnière, à un endroit marqué d'une croix ; en quelqu'endroit que l'on creuse, je crois que l'on trouvera de ces tombes parfaitement semblables à celles du "cœmeterium d'Angers. "
Sans aucun doute, Savennières fut un cœmeterium, l'un des centres en Anjou de la famille chrétienne, durant l'ère gallo-romaine ; l'un des premiers lieux où naquit l'esprit de paroisse, de la réunion même des morts. L'assemblée religieuse des défunts a fait naître celle des vivants et cela n'a pas lieu d'étonner. Dans les idées chrétiennes, la tombe, comme l'a dit un écrivain célèbre, est une limite placée aux confins des deux mondes. Rien donc ne dut paraître plus naturel aux chrétiens primitifs que le rendez-vous à cette limite.
Quel pont serait plus central dans l'immense univers ?
Les églises avec leurs clochers, bases de la paroisse, rendez-vous qui ont succédé à ceux des cimetières, ne sont encore autre chose que de vastes nefs, armées de mâts, la plupart situées près des cimetières, attachées aux angles de ces tombeaux, c'est-à-dire aux limites des deux mondes et qui n'attendent que la fin des générations pour mettre voile au vent et gagner, avec elles, le céleste port, le monde divin.
Source : histoire des coteaux de Loire et de Maine
Le succès des clercs sur les seigneurs laïcs devient de plus en plus net au fur et à mesure que l’on avance dans le XIIe siècle. Pour D. Pichot, 72 % des bourgs possèdent un prieuré en Anjou. Ce n’est pas tout à fait le cas dans le futur doyenné de Candé. Sur la soixantaine de paroisses implantées au milieu du XIIe siècle, on compte 44 prieurés, soit 66 % dans 66 % des paroisses. Ce décompte ne doit pas cacher que certaines paroisses comme Le-Lion-d’Angers possèdent plusieurs prieurés, ici Saint-Aubin pour le village et le Ronceray pour Chauvon. Certaines paroisses dépourvues de prieuré appartiennent à des abbayes. On l’a déjà noté, au milieu du XIIe siècle, les laïcs ont été dépossédés de toutes leurs possessions paroissiales.
L’abbaye Saint-Serge est la plus présente. On la trouve en bordure de Loire, à Savennières et à La-Possonnière, mais aussi dans la vallée de la Mayenne.
Les actes reflétant la transgression des moines sont bien entendus inexistants tant il est vrai qu’ils n’avaient pas intérêt à se flatter ou à relater de telles actions. Par contre, les faux dénotent une assurance d’impunité assez grande et le souci de se prémunir dans l’avenir d’un changement d’attitude des dominants. Ainsi les chanoines de Saint-Laud, à propos de leurs possessions de Bouchemaine, auraient, d’après Olivier Guillot, fait des ajouts en marge d’une donation de Geoffroy-Martel.
Ces ajouts auraient servi à obtenir de Foulque V et postérieurement d’Henri II des droits plus étendus sur la Loire entre Bouchemaine et Savennières.
L’âpreté des moines se nourrissait à l’évidence d’un sentiment d’impunité que pouvait leur donner une position de dominants incontestée.
Source : Célestin PORT
Le 12 juillet 1790, l'Assemblée constituante adopte la constitution civile du clergé qui abroge le Concordat de 1516 (sur la responsabilité du pape et du roi dans l'administration de l'Église de France).
Les évêques et les curés sont tenus de prêter serment à la constitution en ces termes : « Veiller avec soin aux fidèles, être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, maintenir de tous leur pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le Roi ».
Cette loi a aussi pour objectif de réorganiser l'Église d'une manière démocratique (élection des évêques et curés) et rationnelle (suppression des diocèses, réorganisation paroissiale).
D'autres dispositions législatives seront prises sur la religion au cours des années 1790–1801 : laïcisation de l'état civil, tentative d’'imposer le calendrier républicain, limitation de l'exercice des cultes, etc. Jusqu'au Concordat de 1801 entre Bonaparte, premier consul, et le Pape Pie VII. Bien des aspects de cette loi de 1790 et des durcissements antireligieux qui ont suivi ont donné lieu à des conflits graves : dans notre département notamment, le sort des prêtres réfractaires (la moitié au moins du clergé angevin), les déportations en Espagne, le culte clandestin, les exécutions, etc. Tout cela est bien connu.
En revanche, la réorganisation des paroisses, qui se traduit le plus souvent par des suppressions (au moins 70 sur 413 paroisses dans le département, chiffre sujet à variations), est moins connue. Il est vrai que nombre de ces paroisses supprimées seront rétablies au Concordat. Pourtant, cette opération de réorganisation, entre 1790 et 1791, a suscité une vive émotion dans les populations concernées. Si la fermeture des abbayes n'a, semble-t-il, guère généré de protestations (indice du peu de popularité de ces institutions), la suppression d'une paroisse entraîne une levée de boucliers, preuve de l'attachement du peuple à la pratique religieuse.
Dans le district d'Angers,
Source :Livre Entre Loire et Bocage
La réorganisation se veut une rationalisation sur des critères géographiques. Le motif premier en est une économie de moyens : diminution des charges de personnel ecclésiastique et des dépenses d'entretien des édifices. Théoriquement, le territoire est découpé en unités de 6000 habitants et en arrondissements de 3/4 de lieue de côté (3 km2). Ce découpage est assez aisé en ville. Plus difficile en campagne : les habitants ne doivent pas être éloignés de plus de 3 km d'un lieu de culte. Ce qui conduit d'ailleurs à de nombreuses rectifications des frontières paroissiales : telle frange, tel hameau, appartenant à une paroisse, se voient rattachés à une paroisse plus proche. Il serait trop long et fastidieux de les recenser ici : nous ne retiendrons que les modifications majeures conduisant à une suppression.
Ces aménagements, qui se fondent en principe sur la géographie et la démographie, peuvent répondre aussi, si l'on croit Patricia Lusson (« La vie religieuse des catholiques dans l'Ouest à l'époque révolutionnaire »), à des considérations plus mercantiles : il faut tenir compte de la valeur marchande des bâtiments qui seront vendus (on vendra plus cher une église plus vaste). On prend aussi en considération des données stratégiques : ainsi, il vaut mieux ne pas supprimer une paroisse qui est un lieu de foire.
Y a-t-il eu, comme le suggère aussi P. Lusson, des motifs politiques (ainsi l'attitude du clergé par rapport au serment à la Constitution) ? Elle cite notamment les suppressions des paroisses de Melay et de la Chapelle-Rousselin, tenues par des curés réfractaires. De même, Saint-Sauveur-de-Landemont, Saint-Martin-de-Beaupréau et Châteaupanne dans le district de Saint-Florent, fiefs de non jureurs et d'aristocrates. Pourtant, il faut sans doute nuancer : il n'y a pas toujours corrélation entre l'attitude du prêtre et la suppression des paroisses.
Ainsi, le conflit aigu entre Andard et Brain met en scène deux curés jureurs. Aux Essarts, paroisse totalement supprimée, le curé Guibert a prêté serment ; il sera d'ailleurs nommé curé de Saint-Léger dont il achètera le presbytère, vendu comme bien national. Au Petit-Paris, paroisse supprimée, le curé Rompion, âgé il est vrai, est jureur ; Saint-Martin-du-Fouilloux, paroisse de rattachement, a un curé réfractaire, Gilles Houel, qui sera déporté.
Quelques indications historiques sur le clergé en France et dans notre région, des réflexions sur l'Église en France au cours des âges. Eglises primitives en Anjou, IVe siècle : Défensor est cité comme le premier évêque d'Angers, consacré vers 350, ami de Saint-Martin. Pas de cadre administratif dans cette Église, des chrétiens deviennent ermites ; des gens se groupent autour d'eux ; des groupes de moines pratiquent la vie cénobitique ; des groupes humains s'organisent autour des moines et on a la paroisse, mais encore très primitive.
Le Moyen-Âge : l'ensemble du territoire chrétien s'organise, mais pas de formation systématique pour le clergé qui, souvent, sort des monastères.
Une "plaie" pour l'église. Par suite des acquisitions et des donations, les communautés religieuses (paroisses, monastères) se sont enrichies et comme il n'y a pas de transmission de propriétés, losqu' un ecclésiastique meurt, c'est un autre qui le remplace sans diminution de capital. Au XVe et au XVIe siècles, on nomme comme titulaire d'un poste ecclésiastique quelqu'un qui jouira des titres et des rentes, sans résider les trois quarts du temps, laissant pour assurer le service un malheureux réduit à la portion "congrue" ; l'oncle de Jean Racine a été abbé de Saint-Georges-sur-Loire au titre de la commende.
À titre de comparaison : dans une famille de la noblesse l'aîné, est favorisé héritant du château, du titre et des principales propriétés, les frères et sœurs reçoivent des propriétés secondaires ; il y a donc à chaque décès un affaissement du capital.
Le clergé a d'abord "marché" pour les nouvelles idées, la nouvelle philosophie. Les sociétés de Francs-maçons (qui n'avaient pas de caractère anticlérical à cette époque) comptèrent un certain nombre d'ecclésiastiques, puis la politique et les exaltés de la Révolution allèrent plus avant, en particulier on exigea le serment constitutionnel, ce que beaucoup refusèrent, s'offrirent à la persécution : emprisonnement, l'exil ou la mort (échafaud, fusillade ou noyade). Que firent les membres du Clergé dans notre coin ? Les uns se cachent sur place et continuent pratiquement à desservir la paroisse, d'autres s'éloignent quelque peu, mais là où ils sont, reprennent du service. La paroisse de Savennières, par exemple, bénéficia de plusieurs auxiliaires à cette époque, en 1796 et 1797 : Michel Caillou, curé des Rosiers. René Mesnard, vicaire de Martigné-Briand, le remplace et célèbre aussi dans des paroisses avoisinantes ; un vicaire de Beaucouzé, Pierre Gervais Renou qui se cache aussi dans le coin, dessert la paroisse de Savennières en juillet 1797. Maintenu au Concordat, il meurt en 1832. Il y a aussi ceux qui s'éloignent, ceux qui s'exilent volontairement en Espagne ou en Angleterre, par exemple ; ceux qui subissent et acceptent le martyre ou la déportation.
Il y a la Loire. On la considère d'ordinaire comme une barrière qui séparerait au sud , les Vendéens et au nord des gens plutôt du côté des Bleus (Chalonnes comptait surtout des Républicains).
Rochefort-sur-Loire : le curé refuse le serment avec ses deux chapelains (ou vicaires), il est déporté en Espagne, il reviendra au Concordat, il est remplacé à Rochefort par Moreau de Béhuard.
À la Révolution, le curé René Moreau, installé le 8 juillet 1788, prête le serment et est nommé curé constitutionnel Rochefort. En 1791, un nouveau curé constitutionnel est nommé à Béhuard : Pierre Bouvier.
Epiré : le curé est Guillier de la Touche. Il a prêté serment (dans les registres, il porte le titre de secrétaire-greffier). Puis il est devenu vicaire épiscopal de l'évêque Pelletier. Il a renoncé à la prêtrise, mais est revenu plus tard dans l'Église régulière.
Savennières, la Possonnière, à première vue, semble calme, les agitateurs qui y viennent proviennent de l'extérieur (pillage de la chapelle Saint-Clément et de la chapelle du prieuré à la Possonnière) ; il y a quand même sur Savennières plusieurs martyrs et même un prêtre béatifié. Le curé qui dessert Savennières est René-Louis Bonnet ; il reste en fonction jusqu'au 24 janvier 1794 (il a prêté serment). C'était un personnage curieux : est-ce lui qui a fait venir Coulet-de Beauregard pour peindre les fameuses toiles de son salon (peut-être salon philosophique) ? Il était en fonction comme curé depuis 1771, devint procureur de la commune en l'an 1 (fin 1792), il abdiqua toute fonction ecclésiastique le 5 pluviôse an 2. Lors de la vente des biens nationaux, ce même curé rachète des vignes et près de la cure (11 mai 1791), il rachètera plus tard la cure elle-même le 19 messidor de l'an IV. Le chapelain Dousgue refuse le serment et s'exile ; le chapelain Jean-René Pirault prête serment et est envoyé curé constitutionnel à Saint-Laurent-de-La-Plaine. La Possonnière sera plus tard séparé de Savennières ; la paroisse sera érigée en 1809, le cimetière autorisé en 1814 et la commune fondée en 1851.
Les séminaires ne viendront que tardivement, surtout sous Napoléon ; il y avait une tentative d'organisation par Saint-Vincent-de-Paul. Pendant une partie de l'histoire, les évêques ont été élus, les curés ont été nommés par les évêques. Quant aux chapelains ou vicaires, leur placement se faisait de différentes façons.
Un curé reconnaissait dans sa paroisse un prêtre possible, il s'attachait à compléter son éducation et quand il le jugeait mûr, il l'envoyait à l'évêque ; le postulant demandait l'ordination, après examen, l'évêque l'ordonnait prêtre. Le placement dans les paroisses se faisait par relation : on connaissait ces jeunes prêtres, un curé vous le recommandait, on sollicitait une place dans sa paroisse. Le curé pouvait faire passer un petit examen, répondait d'après sa sympathie et surtout selon les ressources de la paroisse ; le patrimoine des paroisses donnait souvent de grandes possibilités pour avoir plusieurs vicaires (sous Louis XIII, à Beaufort-en-Vallée, on eut jusqu'à vingt vicaires en même temps, sans compter les prêtres " habitués ".
C'est ainsi qu'un jour, le curé de Savennières vit arriver un nouveau chapelain : Vincent Barbedette.
Ou « Le Pape des Halles », décédé le 17/03/1608 à Paris. Ce grand théologien et prédicateur français du XVIe siècle de parents cultivateurs, selon certains auteurs, ou modestes bourgeois, selon d'autres parmi, lesquels Célestin Port. La famille Benoist habitait Les Charonnières sur le plateau, près du moulin de Plussin, et vivait d'élevage et de cultures diverses, dont la vigne. Aussi, dès sa plus tendre enfance, le jeune René garda les oies, les vaches et les moutons, puis il fut placé comme domestique dans une abbaye.
C'est à Saint-Nicolas d'Angers qu'un religieux lui apprit le latin et décela en lui de grandes dispositions pour les études. On rapporte qu'il étudiait « avec une ardeur qui n'est pas imaginable et qu'il allait tous les soirs étudier une heure ou deux à la lumière des lampes de l'église ».
On l'orienta donc vers le collège de la Fromagerie que dirigeaient l'ancien précepteur de Joachim du Bellay, Jacques Michelet, et Jean de Breibrond. René s'intéressa d'abord à la médecine, mais il se sentit vite attiré par la théologie, et, à 27 ans, il était reçu maître des Arts, puis entra dans les ordres à 30 ans et était nommé un an plus tard sous-diacre de la chapelle Saint-Mamert en la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Cette charge lui permit de s'inscrire à l'université. Il est ordonné prêtre par son évêque Gabriel Bouvery le 24 mars 1553 en l'église du Guédéniau près de Bauge, et de suite nommé curé de Saint-Aubin des Ponts-de-Cé. Il le restera jusqu'en 1560. Une bourse lui permet de continuer ses études à Paris, d'abord au collège de Cambrai dans le quartier latin, et ensuite au collège de Navarre, rue de la Montagne Sainte-Geneviève.
La table alphabétique des biens possédés par la famille Benoist nous renseigne sur leur situation sociale. Elle paie le cens (redevance) pour une maison, cour et dépendances, un certain nombre de planches de vigne, 10 boisselées et une prée de terre. Le nom de Benoist est cité 7 fois.
La famille déclare au seigneur de la Guerche posséder des maisons, étables, celier, pressoir, grange, le tout couvert d'ardoises, cour, rues, issues et pastiz et encore closeries, jardin, vivier et vinier, une pièce de terre, un petit jardin, le tout joignant d'un costé le chemin rendant de La Possonnière à Angers, etc. Le nom de Benoist est cité 6 fois, principalement pour des quartiers de vigne, quelques pièces de terre.
Les Charronnières sont desservies par le chemin se rendant à la « mestayerie des Moullins, le chemin de La Possonnière à Angers, le chemin de La Possonnière au moullin Peloussin, le chemin de Savenière à la Forestrie ».
L'analyse du document révèle que les superficies agricoles comportent :
Pour le clos des Grandes Charronnières : 62 parcelles de vigne, 6 de terre, 1 de jardin.
Pour le clos des Petites Charronnières : 60 parcelles de vigne, 9 de terre, 1 jardin, 1 bois-taillis.
À cette époque, la vigne est un produit réputé qui rapporte financièrement davantage que les céréales. Elle s'est donc installée partout dans le Royaume. Tous les coteaux et arrière-coteaux de Savennières devaient être couverts de vigne.
Les Benoist sont des vignerons appartenant à une catégorie particulière qui, le plus souvent, possèdent les terres qu'ils travaillent. La viticulture exigeant un grand nombre d'heures de travail, ils font appel à des journaliers, paysans qui se louent à la journée et ont bien du mal à vivre.
Monique Clavreul
Devient alors fulgurante, car il se fait remarquer dès 1557 par ses prédications ainsi que par la publication de petits opuscules, aujourd'hui pour la plupart perdus. Sa franchise le pousse à redresser les torts et les abus des mœurs de son époque, non seulement dans le public, mais aussi chez les ecclésiastiques. Dans la préface de "FANQFLIÂ" (Paris, Nicolas Chesneau, 1566, in-8), il se dit attiré par les textes des hérétiques, clairs, nets et précis, à l'encontre de ceux des orthodoxes, trop souvent lourds et tristes.
Il obtient une chaire de professeur au collège de Cambrai et publie son « Homélie de la Nativité de Jésus-Christ » le premier, en fait, connu de ses innombrables opuscules sur les luttes religieuses de son époque. En juillet 1558, il est reçu bachelier en théologie puis docteur un an plus tard. Ce titre lui vaut d'être nommé régent du Collège de Navarre.
Il publie à nouveau de nombreux ouvrages à ce sujet et revient prêcher à Angers en juin 1560 à l'église du tertre Saint-Laurent pour combattre le fameux Jean de l'Espine, ancien prieur des Augustins, converti au calvinisme. Il fait également plusieurs sermons en Normandie et trois mois plus tard entre au service de la Reine Marie Stuart dont il devient le confesseur et le prédicateur, sans doute grâce à la protection du cardinal de Lorraine. À ce titre, il accompagne la Reine en Ecosse et y est attaqué à Edimbourg comme tous les catholiques.
Il revient alors en France en 1562 par la Bretagne, regagne le collège de Navarre et publie divers ouvrages polémiques pour la défense du catholicisme, dont les "Stromates" parus en 1564.
Il se consacre également à une traduction de la Bible, parue en 1566 (La Sainte Bible traduite en français selon la version de la Vulgate) avec des notes et des expositions de plusieurs passages objectés par les hérétiques. (Paris, Séb. Nivelle, O. JBruon et Nie. Chesneau 1566, 3 vol. in-folio.) Malheureusement, elle déchaine contre lui toutes les critiques. René Benoist, qui ne connaît ni le grec ni l'hébreu, mais qui, par contre, parle couramment le latin, avoue s'être appuyé sur un texte édité à Genève comportant de légères modifications par rapport aux manuscrits originaux. Il prétend en plus que les imprimeurs ont introduit quelques altérations et obtient contre eux un arrêt du Parlement en date du 21 mai 1566. Mais bien que sa traduction soit parue avec l'approbation du Roi, il est poursuivi et condamné le 15 juillet 1567. Non seulement la Sorbonne le censure, mais le Pape Grégoire XIII lui-même le condamne par la suite et le fait exclure de la faculté le 3 octobre 1575. Ces reproches pèseront lourd sur lui durant le restant de sa vie et ce n'est qu'en 1598, après soumission, qu'il pourra reprendre le titre de doyen. Il est pourtant nommé lecteur en théologie au Collège de France en 1572.
Auparavant, il avait dû permuter sa cure de Saint-Aubin aux Ponts-de-Cé avec celle de Saint-Maurille en la même ville. Jean Breibrond, son ancien précepteur de la Fromagerie, lui avait cédé sa cure de Breteil près de Montfort en Ille-et-Vilaine. Il obtint celle de Saint-Pierre-des-Arcis à Paris vers 1566 et, en 1568, son oncle Jean le Coq lui cède la sienne de Saint-Eustache dans le quartier des Halles. II a aussitôt des démêlés avec le chapitre de Saint-Germain-des-Prés qui possédait autrefois cette cure. Puis il se heurte aux Jésuites à propos de la « Dévotion des Quarante heures ». Mais il gagne par contre rapidement l'estime de ses paroissiens et même du grand public parisien grâce à sa bonhomie, sa franchise, sa hardiesse et aussi grâce à un grand dévouement durant la peste de 1580. Ceci lui vaudra le surnom de « roi ou pape des Halles » qu'il gardera jusqu'à sa mort.
Il affirme son attachement à l'Anjou en mettant au portail de son église une statue de Saint René et en introduisant des chants de son pays natal. Il y revient du reste le plus souvent possible pour prononcer divers sermons et, entre autres, une oraison funèbre à la mémoire de Clément Louet, le 22 août 1575, en l'église Saint-Maurice d'Angers. L'évêque d'Angers le retint alors comme théologal pendant deux ans à ses côtés.
Dans plusieurs ouvrages écrits à cette époque, il s'en prend à la sorcellerie (Traité sur les maléfices, sortilèges et enfanteriez, tant de ligatures et nœuds d'esguillette pour empêcher l'action du mariage » et aux jeux de la Passion, devenus pour lui de véritables mascarades à la porte des églises. Il rédige des vies de Saints publiés par son ami Nicolas Chesneau, imprimeur à Paris et angevin comme lui, ainsi qu'un « catéchisme ou instruction populaire » en 1573. À l'occasion de l'un de ses nombreux voyages en Anjou il accepte d'être le parrain et de baptiser le 9 février 1587 René, le second fils du célèbre médecin Guillaume Ruellan, docteur de la faculté d'Angers.
En cette fin du XVIe tant troublée par les guerres de religions, il cherche une position juste et franche. Politiquement modéré, mais fervent défenseur de l'église et du roi qui le nomme professeur de théologie au Collège de Navarre, il a la Ligue contre lui. Après l'assassinat du duc de Guise en 1588 et de celui d'Henri III en 1589, il tarde à reconnaître Henri IV. Mais ce dernier, appréciant son esprit clair et tolérant, l'appelle auprès de lui avec l'évêque Miron d'Angers, pour qu'ils l'instruisent de la religion catholique à laquelle il entend se convertir. C'est pour cela que, malgré les menaces du pape, il se retrouvera à côté du roi le jour de l'abjuration de celui-ci en la basilique de Saint-Denis le 25 juillet 1593. Les Ligueurs, maîtres de Paris, lui en tiendront rigueur et l'empêcheront de regagner sa paroisse de Saint-Eustache. Il accompagnera donc le roi à Chartres pour le sacre, ouvrant la cérémonie dans la cathédrale célèbre, et il publiera de nombreux pamphlets contre la Ligue. Le roi lui saura gré de cette attitude durant sa vie en faisant de lui son confesseur particulier puis en le nommant évêque de Troyes en 1593, ce que le pape ne voudra jamais entériner par une bulle.
En 1595, il est nommé surintendant du Collège de Navarre, en 1598 conseiller d'État et doyen de la faculté de théologie de Paris. Ce dernier titre lui vaut de prendre une part importante à la réforme de l'université. Mais un nouvel incident lui vaut de nouveaux ennuis en 1601 : un sermon prononcé le jeudi Saint à Orléans devant la Cour. À cette occasion, il soulève un tel enthousiasme contre le pape que le roi lui-même, très embarrassé se doit de paraître offensé pour le garantir des excès de la foule. Il lui demande de remonter en chaire pour « rendre raison de son sermon, mal interprété par la foule ignorante ». Mais Benoist refuse et accepte seulement de l'imprimer après l'avoir « fort raccommodé ». Il aurait bien aimé revenir à Angers à la place de son ami l'évêque Charles Miron, et pour cela, il lui offre en échange sa cure de Saint-Eustache. Mais le pape qui n'avait jamais voulu ratifier sa nomination à Troyes s'y oppose encore. Il devra finalement la résilier au bout de dix ans en faveur de René de Breslay.
I
Il est alors dans sa 87e année et prend froid en prêchant l'Avent dans sa bonne paroisse des Halles. Le Roi vient saluer une dernière fois son ancien confesseur malade. Benoist meurt le 7 mars 1608. Il est enterré dans son église de Saint-Eustache avec des funérailles solennelles après que son corps soit resté exposé trois jours durant. L'oraison funèbre est prononcée par Pierre-Victor Cayet, docteur en théologie, qui n'hésite pas à le comparer à Saint Thomas d'Aquin
Son successeur, le curé Tonnelier, lui fera élever un monument en forme de colonne surmontée de sa statue dans le choeur à droite de l'autel ; malheureusement, ce monument n'existe plus aujourd'hui et il semble qu'il n'y ait eu de lui qu'un seul portrait exécuté de son vivant. Une planche, gravée par Stuerhelt dans le "Féplus" de Ménard, le représente dans un cartouche en surplis, souriant avec une barbe épaisse. Le cuivre original a été déposé au Musée d'Angers. La Revue de l'Anjou en donna un tirage en 1872. René Benoist nous a laissé quelques 150 ouvrages écrits qui sont aujourd'hui très rares. Mais il est resté célèbre surtout, non seulement pour ses sermons de Saint-Eustache et d'Angers, mais aussi pour ceux de Saint-Nicolas-de-Puteaux, du Mont-Valérien, etc.
Une très longue liste de plusieurs pages en a été dressée par Célestin Port dans son dictionnaire historique du Maine-et-Loire auquel on pourra se reporter facilement.
À Savennièresune rue porte son nom ,rappelant le souvenir de cet illustre enfant du pays qui, grâce à des qualités exceptionnelles, mais en même temps caractéristiques de l'esprit angevin, clairvoyant et modéré, franc et charitable, joua un rôle important auprès des grands pour ramener la paix dans notre pays au cours d'une des plus sombres périodes de notre histoire.
Monique Clavreul
Il était le successeur de Jean de Launay, qui avait été curé de Savennières en 1508. Ménard François fut le témoin de la guerre de la Ligue du Bien public, qui opposa le roi de France François Ier à une coalition de grands seigneurs, dont le duc de Bourbon, le connétable de France, qui se révoltèrent contre l'autorité royale. En 1525, le duc de Bourbon envahit l'Anjou, et mit le siège devant Angers, la capitale du duché. Le curé de Savennières dut faire face aux pillages, aux incendies et aux violences des troupes du duc de Bourbon, qui ravagèrent la région.
Ménard François fut également le contemporain de la Réforme protestante, qui commença à se répandre en France à partir des années 1520. Il dut défendre la foi catholique face aux idées nouvelles venues d'Allemagne, de Suisse ou d'Angleterre, qui remettaient en cause l'autorité du pape, le culte des saints, les sacrements, etc. Il fut sans doute confronté à des sympathisants du protestantisme, qui se réunissaient en secret pour lire la Bible traduite en français par Jacques Lefèvre.
La Pouplaudiére de St Martin-du Fouilloux lui appartenant, il la donna à son église en y fondant une chapellenie.
Curé de Savennières ,décédé dans cette commune le 9 février 1782, inhumé dans cette paroisse.
Décédé le 13 mai 1747, âgé de 59 ans
Dans le mois de juin de la présente année 1746 ont été posés et couverts deux balets à l’église de Savennières
Neveu de Joseph Halnault , décédé le 9 octobre 1763, âgé de 61 ans. François Halnault (ou Halnost) était le curé de Savennières en 1751, date à laquelle il a fait construire la partie droite du presbytère, qui est une belle demeure du 18e siècle située à deux pas de l'église. On peut lire son nom près de la lucarne Est de la façade. Le presbytère abrite une collection exceptionnelle de peintures à l'huile sur tentures réalisées dans les années 1770, qui sont inscrites au répertoire des Antiquités et Objets d'art du Maine-et-Loire.
Selon Célestin Port, un culte clandestin est exercé à Savennières en 1796 et 1797 par Michel Caillon, ancien curé insermenté des Rosiers, et René Ménard, vicaire insermenté de Martigné-Briand, qui célèbre également, en cachette, dans les paroisses voisines, notamment à Saint-Martin-du-Fouilloux. Présence clandestine encore de Pierre Renou, vicaire non-jureur de Beaucouzé, qui sera confirmé comme curé concordataire de Savennières jusqu'en 1832
Prêtre réfractaire sous la Révolution. Il exerce dans nos paroisses dans la clandestinité jusqu'au Concordat en 1802. (Fichier des Archives de l’évêché) Né à Angers en 1762, vicaire à Martigné-Briant en 1787. Nommé procureur de la commune, il refuse le serment en 1791. La même année, par suite de l'arrivée de l'intrus, il se réfugie à Angers. Il figure sur la liste de l'arrêté des déportés du 1er février 1792. Évite l'internement au Petit Séminaire du 17 juin 1792. Il se cache pendant un an à Angers et dans les environs. En 1793, il est arrêté à Guinefolle (ancienne commune au N.O. d'Angers), sur une dénonciation. Interrogé et enfermé au château d'Angers. Interrogé de nouveau le 5 juin,il refuse de signer son interrogatoire. Il est remis à la citadelle en attendant la déportation. Le 11 juin 1793, les autorités s'enfuient à cause de l'approche de l'armée Vendéenne. Les prisonniers sont transférés au Mans. En route, René Ménard s'enfuit avec d'autres.
Il se consacre au culte clandestin. On trouve des actes de baptême faits à la Papillaie (village sur Pruniers). Au début de 1800, il célèbre la messe dans l'ancienne abbaye Saint-Nicolas. Le commissaire du Gouvernement près de la Municipalité d'Angers écrivait au général Girardon le 10 juin 1800 : « Les processions dont je vous ai entretenu il y a quelques jours ont été dirigées et conduites par des ecclésiastiques. »
La première a eu lieu le 29 mai sur le pâtis Nicolas ; le prêtre s'appelle Ménard ; cet homme gagne véritablement du terrain ; quand il commença le culte, il me promit la plus grande soumission aux lois. Le cortège était très nombreux . Il baptise à Denée de 1794 à 1798 (A.E. Denée).
Exerce à Savennières du 11 avril 1796 au 26 juin 1797 (A.E. Savennières) et à St-Martin-du-Fouilloux. Un arrêté de déportation fut pris contre lui par le Directoire exécutif le 12 novembre 1797. Exerce le culte à Bouchemaine vers 1800 (registre Meilloc). Il se soumet au Concordat le 15 décembre 1802 et est nommé desservant de cette paroisse le lendemain. Il mourut en fonctions en 1825
Desservant Savennières (chapelle Saint-Clément et Epiré), il dut aussi se cacher dans la région. Né à Azé (Mayenne) en 1760. Vicaire de Beaucouzé de 1785 à 1791. Non assermenté. Élu curé du Coudray (Mayenne) en 1792. Baptise des enfants à Denée à partir du 29 septembre 1798 au 6 juin 1802 (A.E. Denée).
Exerce à Savennières du 30 septembre 1797 au 19 novembre 1797 (A.E. Savennières). Baptise à Saint-Martin-du-Fouilloux pendant la Révolution (A.E. St-Martin-du-F.). Vers 1800, dessert Savennières (registre Meilloc). Se soumet au Concordat le 16 décembre 1802, Mgr Montault le maintient à son poste. Il y mourut en 1832.
Source :Histoire des Coteaux de Loire et Maine
Depuis 1781, le curé est René-Louis Bonnet (1738-1819) qui officie dans la paroisse, comme vicaire, depuis 1766. Julien Gautier est son vicaire. Cette grosse paroisse compte aussi trois chapelains : Joseph Douesgue, Jean Hulin et Jean Pirault. Simon Gruget analyse longuement les choix de ce clergé à travers la Révolution :
« La paroisse de Savennières fournit à elle seule quatre jureurs, qui tous ont été fameux et joué un rôle dans la Révolution, à savoir monsieur-Bonnet, curé de Savennières ; monsieur Gautier, son vicaire ; monsieur Pirault, prêtre habitué à la chapelle du canton (quartier) des Alleus, et un autre chapelain demeurant dans le bourg de Savennières.»
Le curé avait, jusqu'au serment, paru très opposé aux travaux de l’assemblée ; il n'avait pas dissimulé sa façon de penser quand il vit le serment décrété ; il l'avait, comme bien d'autres, regardé comme absolument contraire à la religion ; il s'était même expliqué de manière à faire connaitre qu'il ne le ferait point.
Il n'en était pas de même de Monsieur Gautier, son vicaire : il avait dans tous les temps paru un zélé défenseur des travaux de l'Assemblée. On n’en doit point être surpris si on fait réflexion qu'il était étroitement lié avec Monsieur Guillier de la Touche, curé d'Épiré, son bienfaiteur. En bien des occasions, même son curé lui avait témoigné de l'étonnement où il était de le voir approuver tout ce qui se faisait ; mais son parti était pris, et il se déclara encore plus hautement quand il fut question du serment. Il n'y avait rien, selon lui, que de très bon dans la Constitution Civile du Clergé, et par conséquent du serment : aussi fut-il un des premiers à le faire. Le démon, qui sait tout conduire à ses fins, persuada au curé que, s'il ne le faisait pas, il courait le risque de se voir supplanter par son vicaire ; la tentation était forte pour Monsieur Bonnet, qui était accoutumé à ses aises et à ses commodités. Ses amis s'aperçurent du changement qui était survenu ; ils se doutaient bien qui en était la cause ; ils lui firent les offres les plus gracieuses s'il voulait être fidèle à sa religion. Ces offres lui étaient faites par des personnes dont les sentiments étaient parfaitement connus et dont il ne devait pas se défier. Peut-être les eût-il acceptées s'il avait prévu qu'il n'eût point été exposé aux persécutions qu'il prévoyait bien devoir arriver. Mais comme il aimait être à son aise et qu'il pensait que le serment le mettrait en sûreté, et de ses biens auxquels il était attaché, et de sa vie même qu'il aimait également, il se décida à faire le serment malgré tous les cris de sa conscience qui lui disait qu'il ne le pouvait pas. Heureux encore s'il en fût demeuré là et s'il eût persévéré dans la résolution où il paraissait être de ne point participer au schisme en communiquant avec l'évêque intrus (Hugues Pelletier).
Mais on verra que non seulement il participa au schisme, mais qu'il en devint même un des plus ardents défenseurs. En effet, René Bonnet abandonna toute fonction ecclésiastique et exerça dans la commune des charges publiques : procureur, puis commissaire du Directoire départemental auprès de l'administration municipale. Soucieux de ses intérêts (comme l'a bien souligné Gruget), il acquit, comme « biens nationaux », la cure ainsi que des vignes et des prés qui en dépendaient. Et il n'oublie pas de réclamer en 1795, sa pension d'ancien prêtre. Mais en 1796, il part demeurer à Angers, rue Saint-Gilles, après avoir (bien) vécu à Savennières durant trente années.
Cherche-t-il à être réintégré dans le personnel ecclésiastique au Concordat ? En tout cas, selon une note de Perrin du Rouvray, on estime en 1802 que « sa conduite politique et privée mérite qu'il soit exclu de tout emploi ». Il décède à son domicile le 6 février, « prêtre et pensionné d'État » selon la mention de l'état civil, et sa sépulture est célébrée le lendemain en la cathédrale. En somme, un personnage sans doute cupide et intriguant, mais toujours fidèle à son état ecclésiastique.
Prêtre réfractaire muté pour indiscipline, à la Possonnière où il exerça de 1805 à 1809. Né dans la Manche en 1742, à Saint-Brice-de-Cardelle. Curé du Grand-Luc en 1787. Refuse le serment. Suit l'armée vendéenne. Reste caché dans sa paroisse de St-René-du-Luc. Tient un registre où il mentionne la liste des 564 victimes du 28 février 1794, dont 110 enfants de moins de 7 ans. A laissé à Saint-René-du-Luc un souvenir légendaire (vitraux de l'église).
Un arrêté de déportation fut pris contre lui le 17 nivôse an VI (1798). Refuse le Concordat, est nommé vicaire de Roussay, le 28 avril 1803.
Vicaire à Savennières, il dessert l'oratoire de La Possonnière le 27 octobre 1804. Il y restera jusqu'en 1809. Il est nommé chapelain de l'hospice d'Ernée (Mayenne). Il y décède en 1813.
Gruget note que « les électeurs avaient des obligations à Monsieur Gautier, vicaire à Savennières : c'était à cause que monsieur Bonnet, son curé, avait fait le serment dans la crainte de l'avoir pour successeur.» Ils crurent devoir le récompenser en le nommant à la cure de Denée, qui était dans son voisinage, et qu'il souhaitait avec empressement .
Il y exerce son ministère durant une année (1791-1792) puis, selon Querruau-Lamerie, renonce au sacerdoce, se marie, et devient épicier à Angers, rue Valdemaine.
1792 Pour Jean-René Pirault, suivons encore la chronique sans concession de Simon Gruget : « Prêtre habitué de la chapelle des Alleus, (il) suivit de près son exemple (du curé Bonnet).» C'était un ancien ecclésiastique (?) à qui Monsieur l'Évêque venait d'accorder une pension sur le clergé (?) et qu'il avait promis de placer à la première occasion qui se présenterait. Monsieur Pirault trouvait dans le serment un moyen d'avoir une place. Voilà ce qui l'y détermina, ainsi qu'un autre chapelain demeurant dans le bourg de Savennières.
Ils furent effectivement, d'après leur serment, placés l'un et l'autre, chacun dans une paroisse ». Pirault fut en effet élu curé « intrus » de Saint-Laurent-de-la-Plaine, où il doit être installé « par la force publique » et malgré l'opposition de la population qui le chasse de sa messe à coups de bâton. Il signe son dernier acte le 13 février 1792 et décède le 23 avril. Son inhumation au cimetière est entourée de ses voisins prêtres constitutionnels : Lebreton, curé de la Pommeraye ; Piou, curé de Montjean ; Renou, curé de Saint-Maurille de Chalonnes ; Brideau, curé de Notre-Dame de Chalonnes ; et son ancien confrère de Savennières, Hulin, curé de Sainte-Christine.
Sur ce dernier, Jean Hulin, curé « intrus » de Sainte Christine, Célestin Port mentionne qu'il servit comme canonnier dans l'artillerie « bleue » à Nantes, contre les Vendéens, en 1793 (un autre curé jureur, Marin Buisson, l'avait remplacé à Sainte Christine).
Un seul des prêtres de Savennières refusa le serment : François Joseph Douesgue, originaire de Sancerre, dans la Nièvre. Détenu à Angers, puis déporté en Espagne sur le vaisseau « la Didon », il en revint. Au Concordat, il fut nommé desservant de Saint-Augustin-des-Bois, puis du Plessis-Macé en 1808, où il décède en 1812, âgé de 77 ans.
On ne peut omettre, non plus, la présence clandestine dans la campagne de Savennières de François Pelletier, né dans la paroisse en 1727, curé de Sceaux depuis 1786.
Ayant refusé le serment, il fut arrêté en 1792, emprisonné au séminaire puis libéré par les Vendéens lors de la prise d'Angers en 1793. Arrêté à Savennières, accusé de servir l'insurrection vendéenne, il refuse de nommer ceux qui l'ont hébergé pour ne pas les compromettre.
Il est condamné à mort et guillotiné place du Ralliement le 5 janvier 1794.
Source : Livre Entre Loire et Bocage
Fait rare, pendant plus de 80 ans, de 1848 à 1930, le curé de la Possonnière s'appela Joncheray. En fait, ils furent deux du même nom, l'oncle puis le neveu, le premier René éxerça du 9 septembre 1848 au 25 mai 1883, le second Jacques Joncheray du 17 juin 1883 à juillet 1930. C'est ce dernier qui marqua le plus notre commune et sa paroisse, de sa très forte personnalité.
Jacques était le second enfant d'une famille nombreuse qui en comptait 10, originaire de la Chapelle-sur-Oudon. Son oncle le prit avec lui à La Possonnière dès 1855 pour lui enseigner le latin et l'envoya au collège de Combrée, où il resta 7 ans avant d'entrer en 1863 au séminaire, d'où il sortit 4 ans plus tard. On l'affecta d'abord vicaire à Jallais, puis précepteur d'une famille vendéenne, et enfin vicaire de la Possonnière à côté de son oncle à qui il succéda en 1883. Il y exerça son ministère 47 ans avant quelques années de retraite à Savennières, où il finit ses jours. Son élévation au canonicat de Saint Maurice ne lui fut sensible que par la joie qu'en éprouvèrent ses paroissiens et la marque d'estime que lui portaient ses supérieurs hiérarchiques. On le voyait sans cesse arpentant la campagne ou priant dans son église qu'il n'avait cessé d'embellir : dallages, statues, boiseries etc. L'école de filles Jeanne-d'Arc qu'il fonda en 1912 avec ses deniers était sa fierté.
Sa bonté et sa charité sont restées légendaires. Il connaissait chaque famille, chaque enfant, chaque malade, chaque vieillard. Une vie sociale intense régnait alors avant 1914 fortement concurrencée par la vie religieuse qu'il animait. Chaque dimanche était l'occasion d'une fête qu'il orchestrait. Curieux et perspicace, il s'intéressait à l'histoire de sa paroisse et nous laissa un bulletin paroissial très documenté. Il avait connu Mgr du Chilleau et le Colonel Félix de Romain officier royaliste durant la Révolution, dont il écrivit l'histoire. Mais sa plume restait acerbe contre tout anticléricalisme primaire.
Il est parti, nous a rapporté Mlle Yvonne de Romain, dans une petite charrette avec quelques bagages, quelques meubles, deux ou trois poules et-un sac de pommes de terre sans oublier les œuvres de Bossuet, son auteur favori. Il n'oubliait pas pour autant sa paroisse tant aimée, mais sentait son heure dernière arriver. Il reçut les derniers sacrements le jour du 15 août, son agonie devait durer une semaine encore pendant laquelle son neveu et successeur, l'abbé Dersoir, le veilla jour et nuit. Sa mort survenue le 20/08/1933, jeta une grande émotion dans tout le canton. Une foule considérable l'accompagna de Savennières jusqu'au cimetière de la Possonnière, où il repose en paix à côté de son oncle René (1818-1883) et de sa sœur Eugénie (1823-1895). Devant le portail du château, le drapeau des mutilés de guerre salua le cortège. Le curé-doyen de Saint-Georges prononça l'éloge du défunt dans l'église regorgeant de fidèles, suivi encore au cimetière par les discours du maire M. Ménard et de M. de Romain. On dit que ses dernières paroles auraient été : « Je te bénis chère Possonnière.»
Sans descendant, sa tombe n'a jamais fait l'objet d'une concession et le monument d'importance penche désormais dangereusement. L'HCLM a remis au maire de la Possonnière un rapport détaillé et illustré visant à la protection de quelques monuments anciens pour leur valeur patrimoniale dans l'histoire de la commune. Parmi eux figure la tombe du curé Joncheray qui mérite d'être protégée et redressée par un spécialiste. Mais des fonds sont nécessaires pour cela. Une souscription pourrait être lancée par l'I-ICLM en liaison avec la paroisse Notre Dame de l'Ile et des Coteaux.
J.M. Les Portes.
Le R. P. Jacques d'Ambrières naquit le 22 avril 1874 au château de la Foresterie, commune de Savennières (Maine-et-Loire). Il commençe ses études à l'Externat Saint-Maurille et les termina au collège de Sainte-Croix du Mans. C'est là qu'il fit la connaissance du regretté Père Gondard dont l'influence devait avoir de si heureux effets sur son avenir. Avec une volonté opiniâtre, il lutta et réussit à surmonter tin caractère naturellement difficile, en même temps qu'il travaillait avec ardeur à ses études. Après avoir passé brillamment ses baccalauréats ès lettres et ès sciences, il entra, à l'âge de 18 ans, au noviciat des Pères Jésuites en Angleterre, où son frère cadet, le Père Michel, devait bientôt le rejoindre. Dès lors, le P. d'Ambrières commença une vie ardue d'études et de professorat à l'étranger qui dura plus de 20 ans et pendant laquelle il ne fit que de courtes apparitions en France.
En 1895, il vint faire une année de service utilitaire à Angers. Il subit avec bonne humeur ce changement d'habitudes un peu radical et en profita pour faire du bien autour de lui, en pratiquant l'exemple d'une discipline impeccable, librement consentie bien que parfois très pénible à son esprit d'indépendance. Son zèle lui valut rapidement les galons de caporal; mais la pratique des devoirs religieux, accomplis au grand jour à une époque de délation, lui interdit les galons de sous-officier.
Il revint plus tard en Anjou pour une période de grandes manœuvres et parut goûter cette vie active, dans laquelle il sut faire preuve d'initiative mais aussi d'esprit critique néfaste à son avancement. Le P. Jacques était trop franc pour arriver dans le monde.
Entre temps, il poursuivait en Angleterre ses études ecclésiastiques, période de maturité religieuse autant que de labeur intellectuel, longue préparation au sacerdoce. Il avait de l'immense responsabilité, autant que de la faveur qui l'attendait, un sentiment très vif, allant parfois jusqu'à la crainte. Mais une loyauté de conscience, aussi naturelle chez lui que la franchise de parole, lui faisait trouver la paix dans les conseils de directeurs prudents.
Le 24 août 1904, il fut ordonné prêtre à Cantorbéry. Désormais, il devait se consacrer à une vie de dévouement. Le jugeant plus apte à l'enseignement qu'au ministère des âmes, ses supérieurs l'envoyèrent au collège de Marneffe. L'esprit précis et concret du professeur l'avait porté avec prédilection vers l'étude des sciences physiques, où il avait acquis une sérieuse compétence. Le Père les enseigna pendant huit ans et eut le bonheur, grâce à sa grande expérience des examens, de contribuer chaque année au succès de nombreux élèves. Il leur était d'ailleurs entièrement dévoué, s'ingéniant avec humour à trouver tous les moyens imaginables pour fixer dans leur tête la science des X ou les formules de réactions plus ou moins alambiquées. Les récréations le retrouvaient mêlé à leurs jeux. Sa mauvaise santé lui donnant des repos forcés, il les employait encore pour ses élèves en travaux photographiques, destinés à leur laisser des souvenirs artistiques de leur séjour en Belgique. Il fut un professeur gai, aimé malgré sa vivacité, estimé parce que consciencieux, homme de devoir, fidèle à ses exercices de vie religieuse.
 la déclaration de guerre, il quitta Marneffe et rejoignit le 6 août à Angers le 71e territorial. Versé à la 15e Compagnie, il fut bientôt libéré avec la classe 94. Mais, 2 mois après, il était rappelé, envoyé à Morlaix et versé à la 17e Compagnie de dépôt du 12e régiment territorial. Huit jours après, il partait avec un détachement destiné à renforcer le 272e d'infanterie qui se battait en Argonne. Envoyé de suite en première ligue, il inaugurait l'année 1915 en recevant le baptême du feu dans le bois de la Grurie. Vie pénible des tranchées du début, non aménagées, sous les pluies torrentielles et par un froid glacial. Veilles continuelles de jour et de nuit, travaux contre les éboulements, enlisements, régime de la viande froide et du pain trempé de pluie, coucher dans la boue, tout cela n'était pas fait pour sa santé peu robuste et il ne tarda pas à en ressentir les effets désastreux. Les soi-disant repos passés à l'arrière, dans des villages à moitié détruits, nus dans des gourbis souterrains peuplés de petits indésirables, n'étaient d'ailleurs pas beaucoup plus reposants. Mais il y eut le grand réconfort de pouvoir assister quelquefois à la messe.
Son escouade se composait de vieux soldats picards dont tous les biens avaient été dévastés par l'ennemi ; ils s'en prenaient parfois à la Providence de leurs malheurs et le caporal d'Ambrières avait bien de la peine à remonter leur moral. L'affirmation de ses sentiments religieux, un simple entretien avec un aumônier de rencontre lui valaient des réflexions désobligeantes ; et ce complet isolement moral lui était encore plus sensible que les souffrances physiques.
En mars 1915, les Boches se rapprochèrent des lignes françaises et se mirent à attaquer tous les jours. Les effectifs étant restreints, la veille devint très pénible, elle durait trois jours entiers de suite. La semaine de Pâques se passa sans fermer l'œil, toujours sous une pluie incessante, les hommes dormaient littéralement debout.
En avril, le P. d'Ambrières eut le bonheur de pouvoir dire la messe pour la première fois depuis son entrée en campagne : c'était à la Harasée ; et ce fut la dernière, seule étape de ce douloureux calvaire.Il revenait aussitôt en ligne dans une vie d'enfer, les attaques des boches se faisant de plus en plus pressantes. Les canons de tranchées faisaient de rapides progrès chez l'ennemi et d'énormes bombes explosaient sans interruption au-dessus de nos troupes. La forêt était déchiquetée, les arbres tombaient avec fracas au milieu du renouveau printemps, les oiseaux affairés cherchaient en vain un abri pour construire leurs nids. Les Français sentimentaux se moquaient de la prudence des Boches et montaient sur les parapets pour cueillir des fleurs, peut-être aussi pour détourner un instant les regards des débris humains qui jonchaient leurs tranchées, des cadavres en putréfaction qui s'entassaient sans sépulture possible entre les lignes ennemies.
Et l'artillerie tonnait toujours sans répit. C'est ainsi que se passa tout l'été. Le P. d'Ambrières attendait fiévreusement son tour de permission : hélas ! il ne vint jamais, la faiblesse des effectifs ne le permettant pas. Les vieux picards trouvaient bien lourds les sacrifices qu'on leur demandait, et cependant, le courrier destiné à la famille, qu'ils dictaient souvent à leur caporal, marquait invariablement : « Vie facile, secteur calme ». Sublime délicatesse envers ceux qu'ils avaient laissés derrière eux. Alors que leur régiment remplaçait toute une brigade et qu'ils restaient 15 jours de suite en ligne !
En septembre, les corvées de l'arrière se compliquèrent de marches fort longues, en ligne. Les ravitaillements n'arrivaient plus régulièrement , les rations furent réduites et, le manque de sommeil aidant, le P. d'Ambrières se sentait fort épuisé. Le 1er octobre, il passa à la 15e compagnie et, changeant de secteur, vint en Champagne aux environs de Tahure. Le 4 octobre, sa dernière lettre indiquait un bombardement intense avec des obus à gaz asphyxiants. Il se préparait à une attaque à la baïonnette, mais elle ne put avoir lieu. Le bombardement annoncé dura sans répit jusqu’au 8 octobre, nivelant les tranchées françaises. À peine quelques hommes de la 13e purent-ils échapper au massacre en rejoignant les unités voisines. Le P. d'Ambrières fut porté disparu et présumé mort, comme presque tous les hommes de sa compagnie. Les tranchées abandonnées ne furent pas occupées par les Allemands, mais pendant 3 ans le terrain fut labouré par les obus ennemis et, de la compagnie décimée, volatilisée, il ne resta, hélas, aucun débris permettant une identification quelconque.
La famille du P. d'Ambrières fut terriblement éprouvée pendant la guerre. Sur six cousins germains portant son nom, le père est le 3e qui donna sa vie , pour la France ;deux autres , officiers d’artillerie et d’infanterie, étaient aussi glorieusement tombés avant lui à Ypres et à Loos. Et sur huit autres cousins, six payèrent de leur sang la dette à la patrie.
Source :Livre d’or de l’externat St Maurille
Décédé en mars 1924, l'ancien curé de Savennières, au diocèse d'Angers, n'avait pas huit ans et déjà il était pensionnaire au collège de Beaupréau. Pauvre petit! inassoupli encore aux exigences de la vie en société, dont les servitudes devaient toujours lui sembler étranges, bien que son esprit pratique et délié ait su par la suite composer avec elles, il souffrit un peu de ce premier apprentissage de la vie.
Une anecdote le peint à cette date. Comme le poète Malherbe, qui revêtait volontiers l'une sur l'autre toutes les paires de chausses que son valet laissait à portée de sa main, le petit collégien crut d'abord que tous les vêtements déposés près de son lit ne pouvaient avoir d'autre destination que de revêtir simultanément sa petite personne. Il les enfila donc tous à la fois, veste sur veste, culotte sur culotte, caleçon sur caleçon.
Quand sa mère vint le faire sortir dans la soirée du lendemain, elle eut peine à reconnaître son enfant dans ce petit Esquimau matelassé, capitonné comme pour passer l'hiver dans les glaces de l'Alaska-Mackensie.
Source : le Sanctuaire du 21/09/1924 page 25
Curé de Savennières décédé en 1937
Né le 18 novembre 1939 à Savennières (Maine-et-Loire), et mort le 14 novembre 2014 à Caluire-et-Cuire (Rhône) est un évêque français, religieux chez les Chanoines réguliers de Saint Augustin et évêque du Puy de 1988 à sa mort.
Henri Brincard est issu d'une famille titrée sous la Restauration : Joseph-Antoine Brincard (1777-1823) est créé baron héréditaire en 1818. Ce titre a été relevé par réversion par une branche cadette en 1866. À cette famille appartient également le baron Georges Brincard (1871-1953), président du Crédit Lyonnais de 1922 à 1945. Petit-fils du baron Georges Brincard, il est le fils de Charles-Henri Brincard (1899-1970) et de Marie-Béatrice de Liedekerke (1912-1996), le neveu de Geneviève Brincard et de Melchior de Vogüé (1893-1965), et le cousin germain d'Antoine de Vogüé (1923-1998) et du P. Adalbert de Vogüé (1924-2011), bénédictin.
Après des études secondaires à l'École des Roches, collège de Normandie à Clères, de 1952 à 1958, Henri Brincard obtient le diplôme de l'École nationale des chartes en 1965, puis il entre au séminaire des Carmes à Paris et poursuit sa formation à l'université catholique de Fribourg en Suisse où il obtient des licences en philosophie et en théologie.
Après avoir fait sa profession religieuse chez les chanoines réguliers de Saint Augustin, il est ordonné prêtre le 23 août 1975.
Il exerce essentiellement son ministère sacerdotal dans la formation, enseignant à l'abbaye Saint-Pierre à Champagne-sur-Rhône, à la communauté Saint Jean à Rimont et à la Grande Chartreuse. Nommé évêque du Puy-en-Velay le 8 août 1988, il est consacré le 2 octobre 1988. Pendant les 27 années de son épiscopat, il marque la cathédrale Notre-Dame du Puy par son action de restauration du bâtiment et du mobilier liturgique, tout en accompagnant l'essor du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Il est élu membre du bureau d'études doctrinales de la conférence des évêques de France en 1933.
Au sein de la conférence des évêques de France, après avoir été membre de la commission de la famille, il fut membre du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes et chargé des questions concernant les archives de l'Église de France. Il fut par ailleurs évêque accompagnateur de l'association des œuvres mariales et évêque accompagnateur de l'aumônerie des Français de l'étranger.
En mai 2008, il donne une conférence à Radio Vatican pour expliquer ce que signifie le terme co-rédemptrice. Il est nommé ensuite délégué pontifical pour régler le problème de la branche contemplative des Sœurs de Saint-Jean concernant le refus de la majorité des religieuses d'entériner le choix par Philippe Barbarin d'une nouvelle prieure à la tête de la communauté. Finalement, cela n'empêche pas l'éclatement de la communauté et la fondation d'une nouvelle famille religieuse, Maria Stella Matutina, regroupant la plupart des sœurs, recueillies à Bergara dans le Pays basque espagnol par l'évêque de Saint-Sébastien.
Malade depuis un an, il meurt à Caluire le 14 novembre 2014. Ses obsèques sont célébrées le 19 novembre par le cardinal Barbarin en la cathédrale Notre-Dame du Puy, où il est inhumé.
À propos du Téléthon :
Le 5 octobre 2007, Henri Brincard organise une rencontre dans son diocèse du Puy avec des responsables nationaux et locaux de l'Association française contre les myopathies (AFM), apportant ainsi sa pierre au débat sous le signe du dialogue. Cela a été pour lui l'occasion de rappeler, au-delà des positions légales, les enjeux éthiques de la question de la recherche sur l'embryon humain. Il conclut par le souhait « que le Téléthon concilie toujours mieux le respect de la dignité humaine et une recherche médicale qui ne peut, sous prétexte d’une fallacieuse efficacité, oublier cette dignité.»
En 2002, il prend clairement position sur la franc-maçonnerie, réaffirmant que l'on ne peut à la fois se dire catholique et franc-maçon, rappelant l'opposition d'une culture fondée sur l'Évangile à celle fondée sur la tradition historique d'un humanisme républicain anti-chrétien.
En janvier 2008, il affirme que « l'avortement porte atteinte à la cohésion sociale ». Il explique qu'au-delà de la volonté de banalisation de la société, l'avortement n'est jamais un acte banal, mais une atteinte violente à la dignité du corps de la femme.
À propos de la pièce « Sur le concept du visage du Fils de Dieu » de Castellucci Dans un communiqué publié le 17 novembre 2011, il « estime que la pièce de Castellucci est violente, pénible et inutilement provocante ».
Le 14 juillet 2005, il est promu officier de la Légion d'honneur.
Jeanne Martineau, veuve de Jacques Constantin, fonda, le 3 février 1670, par acte passé devant Charlet, notaire royal à Angers, « en l'églize de Saveniere, les litanies de la Vierge pour les causes portées par led. acte. » Le même jour, elle fondait la chapelle seigneuriale avec obligation de résidence pour le titulaire.
La dame Constantin mourut à Varennes le 30 décembre .
«Deux acquitz, l'un du 15 mars 1669 signé : Aucent, curé dud. Saveniere, 1684. (Dicl. hisl. de M.-el-L., t. III, p. 659) , de la somme de 15 l. à luy payée par led. sieur de Varennes, pour lesd. litannies, chantées en l'eglize dud. lieu, et l'autre pareille somme de quinze livres aussy payée par led. sieur de Varennes et lad. dame Martinneau le 5 febvrier.
Source : Une Famille de Grands Prévosts par Joubert
Une solennité touchante a eu lieu le 14 septembre 1851 à Savennières. C’était la fête de l'Exaltation de la Vraie Croix, dont l’antique église de cette commune possède quelques fragments.
Les feuilles révolutionnaires ont beau dire que la foi s’éteint et que les vieilles croyances tombent de plus en plus dans l’oubli, il est facile de se convaincre que l’esprit religieux de nos pères vit toujours au milieu de nous. À la surface, je le sais, il peut y avoir légèreté, indifférence, mais la vive étincelle ne s’en retrouve pas moins au fond du coeur. Nous faisons parfois les superbes avec le ciel ; nous jouons à la révolte, nous essayons de nous passer de lui, mais après quelques efforts d'orgueil, nous nous sentons si faibles qu’il nous faut céder, qu’il nous faut revenir comme des enfants qui ont fait l’école buissonnière. L’éternel besoin de l’âme humaine, c’est de croire, c’est d’espérer, c’est d’aimer. C’est un besoin pour nous tous ; c’est une nécessité pour ceux qui souffrent. Les philosophes démocrates qui veulent supprimer la religion devraient commencer d’abord par supprimer les larmes.
Ces réflexions viennent tout naturellement sous ma plume, en songeant à l’empressement et au zèle déployés par les habitants de Savennières, pour célébrer dignement la fête dont je viens de parler. Un grand nombre d’ouvriers nomades, employés aux travaux du chemin de fer, résident dans cette commune ; et sauf médisance, on sait qu’ils sont peu disposés d’habitude au respect des choses saintes, et quelques-uns, hélas ! font profession de redouter beaucoup moins le bon Dieu que la police. Or, il n’y avait point de police à Savennières, et durant toute la cérémonie, un ordre admirable, un silence religieux , et je dirai même un véritable recueillement, des fronts découverts et inclinés, pas un mot, pas un geste équivoque, voilà ce qu’il a été donné à tous de voir et d’admirer. Depuis plusieurs jours, un mouvement inaccoutumé se faisait remarquer dans les rues de Savennières. Les femmes tressaient les guirlandes et façonnaient de gracieux ouvrages en plumes non moins beaux, non moins parfaits d'exécution que ceux que nous pouvons remarquer chaque année à Angers, même aux grandes solennités de la Fête-Dieu. Les hommes élevaient les échafaudages et les charpentes qui devaient représenter, les uns, des arcs de triomphe et l’autel d’où le pasteur donnerait la bénédiction à la foule ; les autres, la montagne sainte qui devait dépasser en élévation les plus hautes maisons du bourg.
Ce dernier travail était vraiment surprenant, d’audace et de légèreté. Des mousses, des bruyères recouvraient entièrement le Calvaire depuis la base jusqu’au sommet, et formaient une admirable masse de verdure. Une vieille tradition veut qu’il pleuve toujours le jour de la célébration de l’Exaltation de la Vraie Croix.
En dépit du soleil et du hâle, la tradition fut respectée, car au grand ébahissement de la foule, qui n’apercevait au ciel aucun nuage, on vit s’élever une gerbe d’eau qui, partant du point le plus élevé du Calvaire, retombait en pluie sur les flancs de la montagne.
Dans toutes les rues que la procession devait parcourir, les maisons disparaissaient littéralement sous les branches d’arbres et sous les fleurs qui de toutes parts tapissaient les murailles, et d’une fenêtre à l’autre, de chaque côté des rues, s’élançaient des guirlandes, ou flottaient d’innombrables banderoles.
M. le maire de Savennières assistait à la cérémonie et la Garde nationale, son commandant en tête, avait voulu faire partie du cortège. Outre la population de Savennières qui s’y trouvait toute entière, on remarquait encore une multitude d’habitants des communes environnantes. Nous le répétons, on reconnaissait chez un grand nombre les élans d’une piété sincère, et chez tous, les marques de ce respect que la religion doit inspirer à ceux-là même qui n’ont pas le courage de suivre ses préceptes. Des journées comme celle du 14 septembre sont bien consolantes au milieu des tristesses de l’heure présente ; elles laissent de précieux souvenirs, et permettent d’espérer.
Source : Journal : l’Ami du Peuple ,septembre 1851, par Athur DE CUMON
Les fêtes religieuses, telles que Pâques, les Rogations, et la Fête-Dieu, donnaient lieu à des manifestations et animations particulières. À Pâques, du Vendredi saint au samedi, à midi, les enfants de choeur parcouraient les rues en agitant des clochettes pour imiter les cloches «parties à Rome ».
Au moment des Rogations, au printemps, les lundi, mardi et mercredi précédant l'Ascension, tôt le matin, de nombreuses personnes et des élèves de l'école privée parcouraient la campagne avec le prêtre afin d'obtenir de bonnes récoltes. Retour vers midi pour aller à l'école. Un itinéraire par jour : Lundi vers la Bizolière ; mardi dans les vignes, mercredi à la Forestrie où il était offert un petit déjeuner avec chocolat et brioches.
(soixante jours après Pâques, un dimanche de mai ou de juin) était la manifestation religieuse la plus spectaculaire de l'année, avec décoration des rues par lesquelles devait passer la procession du dimanche (tentures accrochées aux façades des maisons, pétales de fleurs et fougères répandus sur le sol, tapis de sciure colorée). On habillait les enfants en anges ou en représentation de scènes bibliques ou de saints tels que Saint Jean-Baptiste et son mouton.
La messe de minuit se célébrait en musique avec la chorale.
Source : Revue la vie à Savennières vers 1950
Le registre de catholicité de la paroisse de Saint-Martin-du-Fouilloux mentionne, à la date du 4 septembre 1855, une cérémonie d'abjuration : un évènement, non par son éclat (il fut, au contraire, très discret, et nous verrons pourquoi), mais par sa rareté et son contexte.
Il est consigné en ces termes : « Valérie Rousseau de la Brosse, de la paroisse de Savennières, 23 ans, a reconnu que sans la vraie église il n'y a point de salut et, de sa propre volonté et sans aucune contrainte, après sa profession de foi catholique, apostolique et romaine, à abdiqué l'hérésie de Luther, entre mes mains, de laquelle je lui ai donné publiquement l'absolution, en vertu du pouvoir que monseigneur l'évêque d'Angers m'a donné à cet effet, par le chanoine honoraire d'Angers, résidant à Paris ». Suivent les signatures de l'abjurante, du chanoine Stanislas Fourré, du curé Auguste Raimbault et des témoins : François-Claude Fourmont-Desmazières, Charles Charbonnier de la Guesnerie, et d'autres notables amis. Elle est aussitôt baptisée avec comme parrain Charles Barthélémy de Las Cases et marraine Marie-Adélaïde de Chemellier, femme de Charles Charbonnier de la Guesnerie.
Savennières est riche d'une histoire et d'un patrimoine prestigieux, notamment son église romane et de nombreux châteaux. Parmi ceux-là, le château de Varennes. Son histoire a été minutieusement établie par François Roussier. Ce domaine, dont il reste des constructions du XVIe siècle, est situé au bord de la Loire, à l'est du village, en direction d'Épiré. Il a connu des évolutions architecturales jusqu'à aujourd'hui. Si son état actuel ne remonte qu'à 1910, sa reconstruction (suite à un incendie) est largement fidèle à l'oeuvre de l'architecte angevin Auguste Beignet qui donna à son ouvrage une touche écossaise en rapport avec la nationalité du propriétaire d'alors, Gordon Pirie.
Quittant les bords du fleuve, à travers des coteaux plantés de crus célèbres (Roche-aux-Moines et Coulée-de-Serrant), on parvient au plateau bocager, parsemé de nombreux massifs boisés souvent désignés par le toponyme de « fouilloux », jusqu'au village du même nom (Saint-Martin-du-Fouilloux), bien modeste à cette époque, et à sa minuscule église romane (à peine plus grande que la chapelle du château de Varennes).
La famille Gordon Pirie se situe au terme d'une succession d'occupants dont la chronologie a été détaillée par François Roussier : les Tillon au XVIe siècle, les Constantin au XVIIe, les La Tuylaye au XVIIIe, enfin les Rousseau de la Brosse au XIXe.
À l'origine de cette lignée, des bourgeois. Si Pierre Rousseau (1688-1745) est désigné comme maître chirurgien à Angers (Saint-Michel-du-Tertre), son fils Pierre , (2eme 1692-1729), puis son petit-fils Pierre (3ème, 1729-1758) sont « bourgeois marchands de drap » à Saint-Maurille. La famille s'anoblit en s'enrichissant à travers un commerce de plus grande ampleur : Joseph-Vincent de la Brosse (1753-1796) est négociant armateur à Nantes lorsqu'il y épouse une jeune fille suisse, Anne Favre (1773-1830), dont les ancêtres français, huguenots, s'étaient réfugiés en Suisse après la révocation de l'édit de Nantes (1685).
Il acquiert, le 10 juin 1794, le domaine de Varennes, vendu comme bien national suite à l'émigration de son propriétaire, Robert de La Tuylaye. Du mariage de Joseph-Vincent Rousseau de la Brosse et Anne Favre naissent deux enfants, dont Lucien, né à Nantes le 10 mai 1796 alors que son père combat dans l'armée vendéenne (« écuyer » selon l'acte d'état-civil), y trouvant la mort le 22 juin 1798.
Ainsi, très tôt orphelin, il s'engage dans l'armée napoléonienne en 1813. Il a 17 ans lorsqu'il entre à l'école de cavalerie. Les changements de régime politique n'affectent pas sa promotion : sous-lieutenant sous Louis XVIII, il poursuit sa carrière avec Napoléon revenu et participe à la bataille de Waterloo. Affecté d'une blessure reçue en duel, il est, cette fois, licencié de l'armée vaincue. Le voici en demi-solde et disponible pour le mariage : en effet, âgé de 22 ans, il épouse à Angers le 14 janvier 1818 Sophie Tyrell, fille d'un officier de marine britannique, suivant ainsi l'exemple paternel d'un mariage avec une étrangère protestante.
En 1825, au terme d'une procédure d'héritage complexe et tourmentée, Lucien Rousseau de La Brosse devient propriétaire du château de Varennes où il va vivre, gérant et agrandissant son domaine, discrètement présent dans la vie locale, entretenant des relations proches avec les maires successifs de Savennières. Il affiche des opinions libérales : partisan de Louis-Philippe en 1830, il sera nommé commandant de la Garde nationale du canton de Saint-Georges-sur-Loire en 1852.
Du couple Rousseau-Tyrell naîtront six enfants vivants. Les premiers à Nantes ; les trois plus jeunes à Savennières : Valentine (1829), Léontine-Valérie (1831), Lionel-James (1842). Mais ils n'apparaissent pas sur le registre de catholicité de la paroisse : ils n'ont donc pas été baptisés catholiques et seront éduqués dans la religion protestante.
D'ailleurs, deux filles Rousseau de la Brosse se marieront à la mairie de Savennières sans passer à l'église : Mathilde avec Charles Amstrong de Mealiffe le 20 juin 1848 ; Valentine avec Gordon Pirie le 20 février 1856, les deux époux étant protestants.
Il est célébré à la mairie de Savennières le 2 octobre 1855. Le mari est le comte Joseph de Kergariou (1818-1883), propriétaire du château de Lannuguy, à Saint-Martin-des-Champs (Finistère). Plus âgé que son épouse, il est veuf depuis un an. Le maire, qui officie, est Charles Charbonnier de la Guesnerie ; les témoins Charles-Barthélémy et Félix de Las Cases, Charles Amstrong (Anglais résidant en Irlande, beau-frère de l'épouse), Charles-Rousseau de la Brosse, receveur des finances, de Rochefort-sur-Loire.
Le même jour, en l'église de Savennières, a lieu le mariage religieux, célébré par Stanislas Fourré, prêtre de l'Oratoire, avec les mêmes témoins. Mais les choses ne sont pas si simples : Léonie-Valentine n'a pas été baptisée catholique. Or son époux, Joseph de Kergariou, de bonne aristocratie bretonne, tient sans doute à un mariage catholique. Il faut donc en passer par l'abjuration de l'épouse. Mais ceci doit se faire discrètement : le mariage a bien lieu, avec toutes les pompes nuptiales, dans la prestigieuse église de Savennières ; l'abjuration, elle, s'est déroulée discrètement, quatre semaines plus tôt, dans la minuscule église de Saint-Martin-du-Fouilloux.
Les abjurations du protestantisme pour la conversion au catholicisme sont fréquentes depuis les hérésies de Luther (1517) et Calvin (1536). La plus célèbre est celle du roi Henri IV (« Paris vaut bien une messe », selon la formule qui lui est prêtée, sans doute à tort). Elle a été prononcée, selon le cérémonial convenu, à l'abbatiale Saint-Denis le 25 juillet 1593 devant l'archevêque de Bourges ; elle sera confirmée par une absolution du pape Clément VII.
La conversion du Roi ne le rend pas pour autant intolérant : l'édit de Nantes, du 30 avril 1598, accorde aux protestants les mêmes droits qu'aux catholiques. Mais ces droits furent progressivement réduits par Louis XIV à travers l'édit d'Alès de 1629 jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes, à Fontainebleau, le 18 octobre 1685, interdisant la pratique de la religion des « huguenots ». Les protestants n'ont plus d'autre choix que l'exil ou l'abjuration.
Celles-ci furent nombreuses, souvent sous la contrainte et même la violence (les « dragonnades » en 1678). Elles étaient prononcées selon un rituel précis qui mériterait d'être rapporté. Tout y est prévu : les vêtements du prêtre, les gestes du célébrant et de l'abjurant, l'exhortation à la conversion, la récitation du Credo prolongée par une approbation très explicite des points de divergence entre catholiques et protestants (la soumission à la tradition, l'adhésion au concile de Trente, les sept sacrements, la présence réelle dans l'Eucharistie, le Purgatoire, etc.), le tout scandé par des oraisons en latin « Veni Creator Spiritus ».
Notons que l'abjuration a pu se pratiquer dans les deux sens. En Angleterre, elle fut instaurée à l'occasion de la guerre civile (1642-1661) : un serment était imposé aux catholiques, pour les faire passer au protestantisme anglais. La formule d'abjuration était exactement l'inverse de celle imposée par les catholiques : négations de la présence réelle dans le pain et le vin consacrés, du purgatoire, du culte des images pieuses et de l'autorité du Pape.
En Anjou, ces abjurations touchèrent particulièrement les communautés protestantes du Saumurois et d'Angers. Un article de « L'Anjou historique » (années 1909-1910) rapporte le déroulement d'une abjuration remarquable, reçue le 6 juin 1683 par l'évêque Henri Arnauld, de notables protestants de Baugé, Angers, Sorges, préfiguration de la démolition du temple de Sorges en 1685. Il faudra attendre l'édit de tolérance de 1787, aboutissement du siècle des Lumières, pour que les protestants retrouvent toutes leurs libertés. Au cours du XIXe siècle, les abjurations sont librement consenties : fruit d'une authentique évolution spirituelle ou, plus souvent, motivées par un mariage avec un conjoint catholique. Elles sont assez nombreuses dans les régions comportant de fortes communautés protestantes. On les trouve consignées dans les registres de catholicité des paroisses, parmi les actes de baptêmes, de mariages, de sépultures. Devenues assez rares en Anjou, on en trouve néanmoins : à Fontevraud et à Saumur, à Saint-Laud et à la cathédrale d'Angers où Pierre Lerchy, originaire de Suisse, pâtissier-chocolatier rue Saint-Julien, abjure et reçoit le baptême le 14 mars 1879 avant d'épouser Juliette Cadosh. Il s'agit en effet, dans la plupart des cas, de permettre un mariage entre conjoints de confessions différentes. Néanmoins, il peut y avoir d'autres motifs et il n'est jamais trop tard pour se convertir : à Fontevraud, le 12 juin 1886, René Redourtier, menuisier à Saumur, né à Lunel (Hérault), reçoit « à son domicile, pour raison d'âge et de santé », l'absolution pour son abjuration, puis le baptême catholique. Il a 86 ans et sa mort est sans doute proche. Bien sûr, l'œcuménisme va s'affirmer au cours du XXe siècle, surtout avec le concile Vatican II (1962) et, aujourd'hui, l'idée d'abjuration n'a plus guère de sens. Au point même qu'on a vu un évêque catholique suédois dissuader de cette démarche des protestants qui souhaitaient devenir catholiques.
La mention de l'acte d'abjuration de Léontine-Valérie Rousseau de La Brosse ne précise pas la formulation qu'elle a dû prononcer. A-t-elle été allégée par rapport à celle de l'époque d'Henri IV où étaient précisés tous les points de divergence doctrinale ? La convertie s'y est-elle préparée à travers une instruction « catéchétique » ? Comment l'a-t-elle vécue? Quelle importance y attachait-elle ? Questions sans réponses. On ne connaît en effet que la rédaction par le prêtre de la réception d'abjuration en l'église de Saint-Martin-du-Fouilloux.
L'essentiel est que cette démarche lui aura permis le mariage avec Joseph de Kergariou dont elle aura douze enfants et donc une nombreuse descendance bretonne.
Source : Livre Entre Loire et Bocage
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