HISTOIRE DE LA POSSONNIERE

Histoire

La Possonnière ne devient commune qu’en 1851

Carte de Cassini

La commune de La Possonnière est une des plus jeunes communes du département. Elle n'acquiert ce statut qu'en 1851. C'est une énigme que nous allons essayer de résoudre en allant nous informer dans les pages de son histoire. Il nous faut trouver les raisons qui sont à l'origine de son indépendance.

C'est en 1789, en effet, tout au début de la Révolution, que l'Assemblée nationale constituante impose de nouvelles institutions, pour effacer les traces de l'Ancien Régime, La loi du 4 décembre 1789 crée les communes.

  • Depuis le Moyen Âge, La Possonnière fait partie de la paroisse de Savennières. En 1789, son territoire devient approximativement territoire de la commune nouvelle, donc La Possonnière reste, comme auparavant, section de Savennières et personne, dans cette époque troublée, ne trouve à redire. Les droits des seigneuries sont abolis, remplacés par les «Droits de l'Homme et du Citoyen », sous la protection de la « Souveraineté de la Nation ». On comprend qu'il ait fallu, pour les personnes et les administrations, un temps d'adaptation.
  • En effet, La Possonnière est un site richement doté, et par la nature, et par l'histoire. Après la Révolution, forts de ces atouts ; également, forts de l'appui de leurs élus et des propriétaires les plus imposés, les habitants des sections de La Possonnière, de l'Alleud, de La Rousselière, plus les écarts environnants seront déterminés à se séparer de Savennières...

La Possonnière dans Savennières du XIIe jusqu’à la fin du XVIIIe Siècle

 Paroisse bicéphale.
Durant tout le IX siècle, c'est pour se protéger des envahisseurs normands que les populations se regroupent et aménagent des châteaux forts avec douves et murailles pour s'y réfugier en cas de danger. C'est ainsi que la paroisse de Savennières devient bicéphale avec un bourg autour de l'église paroissiale Saint-Pierre, un prieuré Saint-Romain et le château de la Guerche et, à La Possonnière, un bourg jumeau avec le prieuré Saint-Jacques dépendant de la même abbaye Saint-Serge d'Angers et un château fort. Le premier seigneur connu de notre lieu, Raoul de La Possonnière, est prévôt et premier juge d'Angers, en 1105 (Personnage important).


Les diverses seigneuries laïques et religieuses implantées sur le territoire de la paroisse de Savennières. Michel Pécha les cite dans son article « La paroisse de Savennières au XIIe siècle » :
D'une part, des seigneuries religieuses dont on trouve des traces dans les textes :

  • L'abbaye Saint-Serge pour les prieurés de Savennières et de La Possonnière.
  • Le Ronceray qui est implanté sur les Forges et possède l'ancienne exploitation de forge des Fosses.
  • Saint-Aubin semble également posséder des droits de seigneurie aux « Forges » mais de faible importance, en revanche, leurs biens sont plus importants sur Epiré.  Quant à Saint-Nicolas, fort de l'appui du comte d'Anjou, il est essentiellement intéressé par l'exploitation seigneuriale de la Loire, eaux, moulins, viviers, écluses et sans doute péages associés. Il acquiert, vers 1060, les droits sur l'île de Béhuard.


- D'autre part, une seule seigneurie laïque :
« La seule seigneurie laïque importante semble être celle des seigneurs de La Possonnière aux alentours de son enceinte et de sa motte. L'Alleud est une terre allodiale c'est-à-dire sans seigneur, mais cela ne veut pas dire sans propriétaire. Nous n'avons pas de texte à ce sujet ; c'est peut-être une preuve de sa relative indépendance
Il est difficile d'aller plus loin dans les précisions géographiques tant les notices sont imprécises. »

Ville Constituée

 

XIIe siècle, une « ville constituée ».


Célestin Port, célèbre archiviste départemental, note que La Possonnière est déjà un municipium c'est-à-dire une « ville constituée » (à l'endroit du vieux bourg), avec l'enceinte du château fort, aujourd'hui appelé château de La Possonnière ou de Romain, protégée par des douves et un pont-levis ; avec également l'enceinte du prieuré ; les deux enceintes, fortifiées de murailles. En cas de péril, les habitants du bourg courent se réfugier dans le château avec leurs animaux. Deux frères, Geoffroy et Oger, sont successivement dominus (seigneur).

Michel Pécha pense que leur nom témoigne d'une aisance certaine, ce qui suppose un fief (domaine noble qu'un vassal tenait d'un seigneur). Il ajoute que le premier château fort fut sans doute construit sur une motte féodale ; son existence est signalée par un texte du cartulaire de Saint-Serge.

Château

L'abbaye Saint-Serge d'Angers, propriétaire de notre prieuré fait construire une taverne. Ce qui prouve qu'alors le site est déjà connu et reconnu comme lieu de passage et d'hospitalité.

Un texte de jugement de 1328, fait entre le seigneur Hardouin de La Possonnière et le prieur du prieuré Saint-Jacques, confirme l'autorisation, pour les moines, à continuer à ouvrir taverne. Située au centre du vieux bourg, en face du prieuré et de la chapelle Saint-Jacques, face au port, « le prieur, raconte Jean Savant, dirigeait la taverne et ses gens servaient à boire, à manger, préparaient les lits. ». Les pèlerins, voyageurs, errants, qui circulaient sur la voie d'Angers à Chalonnes passant au bas du village, pouvaient y trouver refuge. Il est ordinaire, au Moyen Âge, pour le voyageur, d'établir son itinéraire sous l'aspect d'une liste des monastères où il faisait étape. Les religieux de passage ne payent pas mais s'engagent à dire trois messes à l'intention des personnes qui les avaient servis. Tous les passagers couchent dans la grande chambre et même dans l'unique grand lit. Plus tard, le comte de Serrant y offre tous les ans, un repas aux religieux. La taverne du Prieuré existe encore, place du Pilori, malheureusement fortement transformée. C'est pourtant l'une des plus vieilles auberges d'Anjou.

La Taverne

 

La vigne. Les possonnières. Les mesures de « vinage».


1623. Jean Bouchard. Procédure pour fraude.


  • Jean Bouchard, prieur du prieuré Saint-Jacques de La Possonnière est pris en flagrant délit d'utiliser des « fausses mesures de vinage ». Les experts déclarent que sa chopine (un jallais) est «fausse et abusive ». Elle ne porte aucune marque royale qui peut faire croire que ce soit la mesure dudit lieu de La Possonnière. Le texte d'archives de référence ajoute que le jallais saisi est vraiment faux, contenant 12 pintes au lieu de 10, ordinairement en usage dans la province d'Anjou.
  • Les endroits, où l'on regroupe et mesure les quantités de liquides et avant tout les vins, s'appelaient « des possonnières » et notre Possonnière est reconnue pour avoir sa propre mesure. Le nom de notre village pourrait venir de « posso »mais aucun texte pour l’instant ne le certifie.


    Les Grands Evénements avant la Révolution


1214. Jean sans Terre et « les escarmouches » de la Roche-aux-Moines à Savennières.

En 1214, le château fort de La Possonnière joue un rôle important à côté de celui de la Roche-aux-Moines de Savennières où se déroule une rencontre décisive pour l'histoire de la France, mettant face à face l'armée du prince Louis, fils de Philippe Auguste et celle des Anglais de Jean sans Terre. Le siège dure 8 semaines pendant lesquelles des escarmouches se succèdent. Jean sans Terre se sentant menacé préfère fuir en traversant la Loire avec ses barons. Cela a lieu quelques jours seulement avant la victoire de Bouvines, dans le nord de la France, gagnée par Philippe Auguste

Plan des Châteaux

 

XIVe-XVe siècle. Guerre de Cent ans

Notre château fort est détruit pendant la guerre de Cent Ans. Jeanne de Coulaines qui le conserve durant cette guerre, obtient du roi René, en 1435, l'autorisation de le reconstruire avec « murs, tours et fossés ». Georges de la Trémouille, seigneur de Serrant, l'achète en 1457. Il le conserve durant toutes les guerres de religion jusqu'à sa destruction définitive en 1592.


XVIe siècle. Guerres de religion.


Pendant les guerres de Religion, le château de La Possonnière joue, là encore, un rôle important pour la défense d'Angers contre les incursions des envahisseurs par la voie fluviale. Une garnison royale l'occupe en 1591. Le 14 octobre, elle tient tête aux Ligueurs (de la « Ligue catholique »), mais doit se rendre le 25 décembre devant les 4 pièces de canon amenées par le duc de Mercoeur. « Toute la population, femmes, enfants, avec les meubles et les bestiaux, se sont réfugiés à Angers. 6.000 ligueurs dont 4 000 espagnols se présentent de nouveau le 28 décembre et démolissent la place forte ». Extraits tirés du journal de Louvet, « journaliste-chroniqueur » de l'époque.

En 1592, le château est ruiné, en même temps que La Roche-aux-Moines à Savennières et Saint-Offange à Rochefort. On le rebâtit au XVIIe. Du château fort, aujourd'hui, il ne reste plus que le donjon, encore haut d'une vingtaine de mètres, qui disparaît dans les frondaisons du parc

 

Fin XVIIIe siècle. La Révolution

Chapelle du Château

Quant à La Révolution, elle passe sans laisser de traces d'atrocités comparables à celles subies par bon nombre de paroisses voisines. Les biens des nobles et des émigrés sont séquestrés et ceux du clergé vendus comme biens nationaux : tels le seront les lieudits du Papegault et de la Richeraie, propriétés de l'abbaye de Saint-Georges-sur-Loire, également la chapelle Saint-Jacques du prieuré de l'abbaye Saint-Serge.

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Les Propriétaires -Fief et Seigneurie de la Possonnière.

 

Château aujourd’hui

  • Renaud de Semur, chevalier, 1239
  • Jean de Coulaines, époux d'Isabeau du Bellay. Fin XIVe.
  • Guillaume de Courserieult. 1413.
  • Jeanne de Coulaines, qui fit reconstruire le château en 1435.
  • René Chandrier, sieur de Niort près de Taillebourg à qui le château revient par alliance. 1457.
  • Georges de La Trémoille, seigneur de Serrant. 1457.
  • Jean de La Trémoille. 1495/1503.
  • Louis de La Trémoille. 1514/1546.
  • Philippe de Levis, mari de Louise de La Trémoille. 1551.
  • Jean de Lévis, maréchal de la Foi 1599/1603
  • Henri de Bourbon-Condé, par acquêt de la comtesse de la Trémoille, princesse d'Orange. 1612.
  • Louis d'Allongny ou Aloigny, grand chambellan du prince de Condé ; surintendant des bâtiments, arts et manufactures de France., baron de Rochefort et de La Possonnière. 1620.
  • Jacques Lecoigneux, président du parlement de Paris, mari de Marie d'Allongny. 1661.
  • Madame de Laval, veuve d'Henri-Louis d'Allongny, capitaine des gardes, maréchal de France, dit le marquis de Craon. 1693.
  • Charles Roye de la Rochefoucault, mari de Marie-Antoinette d'Allongny. 1695.
  • François Rousselet de la Gravolle. 1699.
  • Marguerite Rousselet de la Gravolle, femme de René Cesbron de la Vilette, vends en 1737 à René Romain.
  • René Romain du Perray né en 1691, écuyer, avocat au Parlement, échevin perpétuel d'Angers.
  • René-Marie de Romain (1727/1812), lieutenant au régiment d'Anjou qui a combattu sous Louis XV en Italie.

La Révolution, en 1789, établit les principes « de Liberté, d'Égalité et de Sûreté » (Fraternité n'apparaîtra qu'en 1848). Une nouvelle société se met en place où fiefs et seigneuries disparaissent de la vie quotidienne.

Source: Monique Clavreul

 

La Possonnière était une section de la paroisse de Savennières

 

Plan du Canton

Ceci depuis le Moyen Age. En 1789, à la création des communes, son statut est conservé et reste ainsi section de Savennières, comme auparavant ; dans cette époque particulièrement troublée, personne ne trouve à redire...
Savennières eut sa première municipalité en 1788. Outre le comte de Serrant, seigneur du lieu et le curé Bonnet (membres de droit), celle-ci était constituée de plusieurs membres appartenant à la fabrique, également de notables, de laboureurs et métayers (paysans aisés), de marchands, vignerons et tonneliers, meuniers, artisans-commerçants. Le procès-verbal de l'assemblée électorale est signé de 18 noms parmi lesquels ceux d'habitants de La Possonnière : Joseph Vieilville et son gendre Jacques Esnault (tenanciers de l'auberge du Prieuré) ; André et Joseph Palisse (entrepreneurs) ; Jacques Ledoyen (ancien procureur de fabrique), Louis Perrault, Pierre Ménard ((vigneron) Germain Miot, Pierre Ciret (voiturier par eau), Jacques Rabineau, Louis Mahot, Pierre Tardif (entrepreneur), Jean Chauviré...


En 1789, la population est chiffrée à 482 feux (familles) ; en 1793, elle compte 2460 hab. (C. Port. Dict. de M. et L.). Une enquête communale interne (Arch. dép. de M et L. C 193) fait un portrait global de la paroisse de Savennières à cette époque. En est seigneur le comte Walsh de Serrant. Les privilégiés sont au nombre de 15, tant ecclésiastiques, nobles et autres, qui en raison de leurs charges  , leur confèrent des privilèges qu'ils ne font point valoir, seulement leurs vignes, et quelques prés. Il y a une brigade d'employés de 8 hommes (garde nationale) au village de La Possonnière qui ont pour paie 2830 livres. La paroisse, bien que riche, fourmille de pauvres (135 familles), d'après ce qu'en dit le curé Bonnet - pauvres auxquels il fait les aumônes ! Il y a sur le territoire beaucoup de vignes, ce qui ne fait travailler que , seulement en saison , beaucoup de journaliers ne touchent que dix ou douze sols par jour.
(Arch. dép. de M. et L. C 193). Une note donne quelques informations concernant les ressources agricoles de la paroisse de Savennières : «Bons fonds, 1/3 à froment et à seigle, quelques avoines et lins ni orge, ni chanvre, ni blé noir. 1/3 en vignes d'un excellent cru, 1/3 en bois. Il y a des prairies ».

Création des Communes

(Loi du 4 décembre 1789).
L'Assemblée nationale constituante crée de nouvelles divisons administratives. Elle divise la France en 83 départements ; le département en districts ; le district en cantons ; le canton en communes. La formation des municipalités s'est faite, dit-on, en bon ordre, conformément aux ordonnances (toutefois, une brigade de la garde nationale est accordée par le préfet quand c'est nécessaire ; Savennières en possède une de 8 hommes à la Possonnière comme dit précédemment).
Le territoire de la nouvelle commune de Savennières, est divisé en 4 sections : Epiré et Roche-aux-Moines ; Savennières ; La Possonnière ; L'Alleud, La Rousselliére, Le Port-Girault, lesquels cantons s'étirent le long de la Loire, d' Epiré au Port-Girault (limite avec Saint-Georges-sur-Loire) soit à peu près sur 8 Km.

 

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